Qualité de l’air : 2020, une année « hors norme » pour Airparif

Selon Santé Publique France, plus de 48 000 personnes décèdent chaque année de la pollution de l’air, ce qui représente 9% de la mortalité en France.

Publié le 25/05/2021

6 min

Publié le 25/05/2021

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 Airparif a publié le 20 mai le bilan 2020 de la qualité de l’air en région francilienne. Une qualité de l’air qui s’est sensiblement améliorée en 2020, avec une baisse conséquente des niveaux de pollution pour le dioxyde d’azote (NO2) mais beaucoup plus mesurée en revanche pour les particules (PM10 et PM2,5). Les concentrations d’ozone (O3) ont de leur côté continué à augmenter, indique Airparif, un phénomène principalement lié à des températures très élevées dans l’hémisphère Nord et particulièrement en Europe. Cette amélioration globale est en réalité la conjoncture de plusieurs facteurs : l’impact des politiques publiques menées ces dernières années, les conditions météorologiques « plutôt dispersives » et les épisodes de confinements liés à la crise sanitaire de la Covid-19. Malgré cela, de nombreux Franciliens restent exposés à des concentrations de polluants qui dépassent régulièrement les seuils fixés par l’Organisation mondiale de la santé, alerte Airparif.

Par Laura Icart

 

L’observatoire indépendant de la qualité de l’air en Île-de-France n’hésite pas à qualifier l’année 2020 d’année « hors norme » en ce qui concerne les émissions de polluants de l’air. En effet, si la plupart – à l’exception de l’ozone, en augmentation – poursuivent une trajectoire de baisse « tendancielle », la crise de la Covid et plus particulièrement les confinements ont eu un fort impact sur la concentration de polluants de l’air, à commencer par celle de dioxyde d’azote qui a diminué de 20 à 30 % en Île-de-France par rapport à la même période en 2019.

Les Franciliens moins exposés aux NO2 en 2020…

En avril 2020, dans une étude publiée après le premier confinement, la fédération Atmo France mettait en évidence une baisse globale des concentrations d’oxydes d’azotes (NOx) de l’ordre de 30 à 75 % suivant les villes sur tout le territoire français métropolitain et outre-mer. La région francilienne, et plus particulièrement la petite couronne parisienne et Paris intra-muros où se concentre un fort trafic routier, affichait même une baisse de plus de 70 %. Les chiffres détaillés par Airparif dans son bilan annuel évoquent « une forte baisse » des concentrations en dioxyde d’azote (NO2) de – 20 % en petite couronne à – 30 % à Paris. Une baisse qui a permis « de réduire considérablement le nombre de personnes potentiellement exposées au dépassement de la valeur limite réglementaire, qui est passé de près de 500 000 habitants en 2019 contre plusieurs dizaines de milliers en 2020 » indique Airparif. Pour l’observatoire, qui a effectué un exercice de simulation en reconstituant à conditions météorologiques identiques la qualité de l’air en Île-de-France l’année dernière sans les mesures de restriction d’activité liée à la crise pandémique, « deux tiers de cette baisse s’expliquent à Paris par les mesures de restriction d’activité et environ la moitié en petite couronne », alors que la grande couronne n’a pas connu de baisse significative, moins concernée par la densité du trafic routier. Cependant et malgré cette amélioration, la valeur limite réglementaire pour le NO2 reste « toujours largement dépassée à proximité du trafic routier, en particulier dans le cœur dense de l’agglomération parisienne » précise l’association agréée de surveillance de la qualité de l’air francilienne. La France a d’ailleurs été mise en demeure par la Commission européenne et fait l’objet d’un contentieux du Conseil d’État pour des dépassements répétés des seuils de concentration pour le NO2. À ce titre, la mise en place de zones à faibles émissions mobilités (ZFE) instaurées dans la loi d’orientation des mobilités et renforcées dans la loi climat et résilience devrait permettre d’améliorer la qualité de l’air dans ces zones surexposées au trafic routier.

… mais restent surexposés pour les PM10 , PM2,5 et pour l’ozone

Deuxième constat pour Airparif : la baisse de concentration des particules réglementées que sont les PM10 et les PM2.5  est « moins marquée » que pour le NO2 en 2020. Les restrictions sanitaires ont eu moins d’impact sur les concentrations moyennes en particules, particulièrement parce qu’elles sont issues d’une plus grande diversité de sources et plus sensibles aux facteurs météorologiques. En Île-de-France, les recommandations de l’OMS en matière de qualité de l’air concernant les particules PM2.5 au niveau journalier ont été très largement dépassées l’année dernière puisque 95 % des Franciliens sont considérés comme surexposés à ce polluant. Pour les PM10, un Francilien sur deux serait surexposé. A contrario, la proportion de la population exposée à un dépassement de la recommandation annuelle de l’OMS en PM10 continue de son côté de diminuer. Elle est passée de 30 % en 2019 à 10 % en 2020. Une baisse de l’ordre de 20 % qui est liée selon Airparif pour « 15 % à une évolution tendancielle et pour 5 % en lien avec les mesures de restriction ». Concrètement, cela signifie qu’en 2020, environ 500 000 personnes n’ont pas été exposées à ce dépassement de PM10. Pour l’ozone (O3), « polluant secondaire qui se forme dans l’atmosphère à partir d’autres polluants de l’air et en présence d’un fort ensoleillement » précise l’observatoire, les concentrations ont continué d’augmenter en 2020, confirmant plusieurs années de hausse continue dans la région et dans tout l’hémisphère Nord. En Île-de-France, les 12 millions de Franciliens sont tous surexposés à des concentrations d’O3 qui dépassent largement les valeurs limites réglementaires européennes et le seuil fixé par l’OMS. Polluant principalement estival, les restrictions sanitaires ayant été principalement levées l’année dernière à cette période, elles n’ont eu a priori « aucun effet sur les concentrations moyennes en ozone » souligne Airparif.