Baisse significative de la pollution « automobile » en France

Publié le 22/04/2020

6 min

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Dans une étude publiée hier matin, la fédération Atmo France, avec l’appui des Associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (AASQA), a analysé l’évolution des concentrations moyennes journalières en oxydes d’azote (NOx) sur le mois de mars, avant et après le confinement. Il en résulte une baisse globale des concentrations de NOx sur tout le territoire français métropolitain et outre-mer. Ce constat est loin d’être une surprise pour un polluant réglementé qui trouve principalement sa source dans le trafic routier à énergie fossile. Focus.

Par Laura Icart

 

La qualité de l’air est aujourd’hui un enjeu environnemental et de santé publique majeur. Durant cette crisé sanitaire, Atmo France poursuit avec les Associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (AASQA) qu’elle fédère, ses missions réglementaires de mesure, de surveillance et d’information du public sur la qualité de l’air. Elle a diffusé ce 21 avril l’évolution des concentrations moyennes journalières en NOx du 1er au 31 mars 2020 « sur des stations représentatives de l’exposition à la pollution due au trafic [routier, NDLR] dans les principales agglomérations françaises », souligne le communique d’Atmo France, une modélisation région par région des agglomérations de plus de 500 000 habitants. « Nous avons publié cette analyse focalisée sur les NOx pour faire suite aux nombreuses questions qui nous sont parvenues sur ce sujet », précise à Gaz d’aujourd’hui Charlotte Lepitre, responsable projets et partenariats chez Atmo France.

En Europe, le secteur des transports est responsable de près de 30 % des émissions totales de CO₂, dont plus de 70 % proviennent du transport routier, également à l’origine de la formation d’ozone, des deux tiers des émissions d’oxydes d’azote (NOx) et du quart des particules fines. Dans notre pays, en 2017, le poids du transport routier dans les émissions primaires de chaque polluant était évalué à plus de 60 % pour les NOx.

Une baisse de 30 à 75 % d’expositions au NOx pour les riverains

« Les émissions de NOx étant globalement en lien avec le trafic routier [pour les deux tiers, NDLR], les données de la station de référence à l’exposition du trafic ont été utilisées et ce pour toutes les préfectures de région ainsi que pour les agglomérations de plus de 500 000 habitants », indique-t-on chez Atmo quant à la méthodologie utilisée. Le premier constat est la baisse significative des concentrations moyennes journalière de NOx à proximité des principaux axes routiers depuis la mise en place du confinement le 17 mars, diminuant ainsi l’exposition des riverains. L’exposition de la population à la pollution due au trafic affiche une différence « avant/pendant » le confinement de l’ordre de 30 à 75 % de moins, suivant les villes. Ainsi on observe-t-on sur ce mois de mars une baisse des concentrations moyennes journalières en NOx proches des axes routiers de 50 % à Bordeaux, 70 % à Toulouse, 67 % à Fort-de-France, 69 % à Dijon, 62 % à Rennes et 69 % à Marseille. « Ce qui est très intéressant, c’est de constater que cette baisse de concentration en NOx n’impacte pas uniquement les habitants qui vivent en hyper centre-ville mais l’ensemble des habitants de l’agglomération », note Charlotte Lepitre. Il est vrai que l’impact de la baisse du trafic routier est également visible sur les concentrations de NOx dans les grandes agglomérations ou l’on observe les mêmes tendances à la baisse que pour les grandes villes. Dans l’agglomération parisienne, on observe une baisse de 73 %, constat à peu près identique dans l’agglomération grenobloise (- 72 %) et dans l’agglomération niçoise (- 69 %). L’agglomération lilloise (- 30 %) et l’ensemble de la région Hauts-de-France affichent une baisse moins significative mais qui s’explique par un territoire industriel où les gens ont poursuivi leurs activités avec à la clé une baisse du trafic moins importante que sur d’autres territoires. « Les spécificités régionales ainsi que les conditions météorologiques locales sont autant de facteurs qui jouent un rôle crucial sur la qualité de l’air et expliquent pourquoi elle diffère d’une région à l’autre », note Charlotte Lepitre. Un constat qui se vérifie également sur les variations entre le mois de mars 2019 et le mois de mars 2020 pour chaque agglomération où l’on observe l’impact très net du confinement sur la circulation et donc sur la concentration  journalière en NOx, toujours à corréler avec les conditions météorologiques locales qui favorisent ou pas la dispersion des polluants.

« Nous travaillons également sur l’impact de cette crise sur les particules fines, en lien bien sûr avec tous les facteurs pouvant expliquer les variations et en particulier le facteur météorologique qui est déterminant alors que nous sommes dans un début de printemps particulièrement clément », souligne Charlotte Lepitre.

L’air à la rencontre de mobilités « plus propres et plus actives »

Cette baisse significative des concentrations NOx, corrélée en partie à un ensemble de facteurs (météo, relief, activité locale…) et non au seul effet du confinement, montre l’intérêt d’aller vers une mobilité plus propre, l’un des principaux objectifs de la transition énergétique et l’une des clés pour limiter les impacts des émissions de polluants atmosphériques (NOx, particules fines…) et de CO₂ qui ont un impact avéré sur notre santé, notre environnement et notre climat. À ce titre, différentes mesures inscrites dans la loi d’orientation des mobilités promulguée fin 2019, comme la mise en place de zones à faibles émissions mobilité dont on mesure déjà les effets sur certains territoires, ou la fin progressive des véhicules à énergie fossile (d’ici à 2040) devraient permettre aux carburations alternatives de se développer, à l’image du bioGNV.

Une crise sanitaire et de nombreuses questions en suspens

S’il a beaucoup été question des éventuelles interactions entre pollution de l’air et Covid-19 ces dernières semaines, il s’avère à ce stade « qu’aucun lien de cause à effet n’a été démontré entre pollution de l’air et propagation du virus » estime dans une note publiée le 11 avril Jean-Luc Fugit, président du Conseil national de l’air, qui souligne toutefois que « l’impact sanitaire avéré de la pollution de l’air de proximité », particulièrement dans les zones densément peuplées, peut faire « penser qu’une corrélation puisse être mise en évidence entre la pollution de l’air et une fragilisation du système respiratoire face au Covid-19. »