La croissance de la demande électrique sera « l’une des plus élevées depuis 20 ans » selon l’AIE

La production mondiale d'électricité d'origine solaire photovoltaïque et éolienne devrait dépasser celle d'origine hydraulique en 2024 selon l'AIE. Cette évolution fait suite à une augmentation massive de 33 % en glissement annuel de la production solaire photovoltaïque et à une croissance soutenue de 10 % de la production éolienne. ©Shutterstock

Publié le 23/07/2024

6 min

Publié le 23/07/2024

Temps de lecture : 6 min 6 min

La demande mondiale d'électricité devrait augmenter d'environ 4 % en 2024, contre 2,5 % en 2023 souligne, le 19 juillet, l’Agence internationale de l’énergie. L'énergie solaire photovoltaïque devant à elle seule répondre à la moitié de l'augmentation. Quatre points à retenir. Par Laura Icart   La croissance de 4 % attendue pour 2024 est la plus élevée depuis 2007, à l'exception des fortes remontées de 2010 après la crise financière mondiale et de 2021 et l'effondrement de la demande induit par le Covid. « La croissance de la demande mondiale d'électricité cette année et l'année prochaine devrait être l'une des plus rapides des deux dernières décennies, soulignant le rôle croissant de l'électricité dans nos économies ainsi que les impacts des vagues de chaleur intenses », souligne Keisuke Sadamori, directeur des marchés de l'énergie et de la sécurité de l'AIE. + 4 % en 2024 et 2025 En 2024, cette croissance (+ 4 %) est due à une forte demande d'électricité dans plusieurs régions et pays, en particulier en Chine, en Inde et aux États-Unis. Une même dynamique est également prévue pour 2025. « En 2024 comme en 2025, l'augmentation de la consommation mondiale d'électricité devrait être nettement supérieure à la croissance du PIB mondial, qui est de 3,2 % » confirme l’AIE, contrairement aux années 2022 et 2023. 35 % du mix électrique sera renouvelable en 2025 Les sources d'électricité renouvelables devraient également se développer rapidement cette année et l'année prochaine, leur part dans l'approvisionnement mondial en électricité devant passer de 30 % en 2023 à 35 % en 2025. La quantité d'électricité produite par les énergies renouvelables dans le monde en 2025 « devrait éclipser pour la première fois la quantité d'électricité produite par le charbon » estime l’AIE. L'énergie solaire photovoltaïque devrait à elle seule répondre à environ la moitié de la croissance de la demande mondiale d'électricité en 2024 et 2025, tandis que l'énergie solaire et l'énergie éolienne combinées devraient répondre aux trois quarts de cette croissance. Dans l'Union européenne par exemple, la production d'énergie éolienne et solaire photovoltaïque devrait dépasser la production d'énergie fossile en 2024. La part combinée de l'éolien et du solaire photovoltaïque dans l'approvisionnement total en électricité devrait passer de 26 % en 2023 à 30 % en 2024, puis à 33 % en 2025. Cependant, la production mondiale d'électricité à partir de charbon « ne devrait pas diminuer cette année en raison de la forte croissance de la demande », en particulier en Chine et en Inde. En conséquence, les émissions de dioxyde de carbone (CO₂) du secteur mondial de l'électricité « atteignent un plateau », avec une légère augmentation en 2024 suivie d'une baisse en 2025. La grande inconnue soulevée par l’AIE dans le niveau de la production hydroélectrique chinoise, particulièrement haute au cours du premier semestre 2024, pourrait freiner la production d'électricité à partir du charbon et entraîner une légère baisse des émissions mondiales du secteur de l'électricité en 2024. « Il est encourageant de voir que la part des énergies propres dans le mix électrique continue d'augmenter, mais cela doit se faire à un rythme beaucoup plus rapide pour atteindre les objectifs internationaux en matière d'énergie et de climat » indique Keisuke Sadamori. Une demande en hausse particulièrement marquée en Asie Certaines des principales économies mondiales enregistrent des augmentations particulièrement fortes de la consommation d'électricité. En Inde, la demande devrait bondir de 8 % cette année, sous l'effet d'une activité économique soutenue et de fortes vagues de chaleur. La Chine devrait également connaître une croissance significative de la demande, de plus de 6 %, en raison d'une activité soutenue dans les industries de services et divers secteurs industriels, y compris une augmentation rapide de l'énergie solaire photovoltaïque, de la production de véhicules électriques (VE) et de batteries, ainsi que le traitement à forte intensité d'électricité des matériaux connexes. « L'expansion continue des réseaux 5G et des centres de données, ainsi que la forte adoption des VE sur le marché intérieur, sont également des facteurs contributifs » précise le rapport. Au cours des trois dernières années, la Chine a augmenté sa demande d'électricité d'un montant équivalent à celui de l'Allemagne chaque année, en moyenne, et cette tendance devrait se poursuivre jusqu'en 2025, avec une croissance prévue de 6,2 %. Après avoir baissé en 2023 en raison d'une météo clémente, la demande d'électricité aux États-Unis devrait rebondir cette année de 3 % grâce à une croissance économique stable, à une demande croissante de refroidissement et à l'expansion du secteur des centres de données. En revanche, l'Union européenne connaîtra une reprise plus modeste de la demande d'électricité, avec une croissance prévue de 1,7 %, après deux années consécutives de contraction dues aux conséquences de la crise énergétique. Des signes de reprise de la demande d'électricité dans l'UE « sont apparus à partir du quatrième trimestre 2023 ». La croissance s'est accélérée au cours du premier semestre 2024, avec la stabilisation des prix de l'énergie et le redémarrage de diverses industries qui avaient réduit leurs activités. Néanmoins, bien qu'ils aient baissé par rapport aux sommets précédents, les prix de l'énergie en Europe restent élevés par rapport aux niveaux d'avant la crise de Covid. Cette situation, combinée à des perspectives macroéconomiques "modérément moroses"  note l'Agence, continue de peser sur certaines industries et soulève des incertitudes quant au rythme de la reprise de la demande. Les vagues de chaleur mettent sous pression les réseaux électriques De nombreuses régions ont été confrontées à d'intenses vagues de chaleur au cours du premier semestre 2024, ce qui a fait grimper la demande d'électricité et « mis à rude épreuve » les réseaux électriques. Mai 2024 a été le mois le plus chaud depuis le début des relevés mondiaux et le douzième mois consécutif de températures records. L'Inde, le Mexique, le Pakistan, les États-Unis, le Vietnam et de nombreux autres pays ont connu de graves vagues de chaleur et des pics de consommation élevés en raison des besoins accrus de climatisation. Comme de plus en plus de ménages commencent à acheter des climatiseurs, l'impact augmentera considérablement, en particulier dans les économies émergentes où la proportion de ménages équipés de climatiseurs est actuellement beaucoup plus faible que dans les économies avancées ayant des climats comparables. « La mise en œuvre de normes d'efficacité plus élevées pour les climatiseurs sera cruciale pour atténuer l'impact de l'augmentation de la demande de refroidissement sur les systèmes électriques. » L'expansion et le renforcement des réseaux électriques seront également très importants pour garantir la fiabilité. « Il est crucial d'étendre et de renforcer les réseaux pour fournir aux citoyens un approvisionnement en électricité sûr et fiable - et de mettre en œuvre des normes d'efficacité énergétique plus élevées pour réduire les impacts de l'augmentation de la demande de refroidissement sur les systèmes électriques » rappelle Keisuke Sadamori.

Cet article est réservé aux abonnés de Gaz d'aujourd'hui, abonnez-vous si vous souhaitez lire la totalité de cet article.

Je m'abonne