Un nouvel indice pour mesurer la qualité de l’air

Publié le 05/01/2021

6 min

Publié le 05/01/2021

Temps de lecture : 6 min 6 min

En France, les associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (AASQA) calculent et publient quotidiennement un indice de la qualité de l’air ambiant appelé indice ATMO. Cet indice, qui n’avait pas évolué depuis 26 ans, a fait l’objet d’une révision pour être « plus représentatif de la qualité de l’air actuelle et mieux la décrire » indique ATMO France. Depuis le 1er janvier, ce nouvel indice intègre les particules fines de moins de 2,5 microns (PM2,5) et abaisse les seuils de concentrations dans l’air de quatre polluants réglementés: le dioxyde de soufre (SO₂), le dioxyde d’azote (NO2),l’ozone (O3) et les particules de diamètre inférieur à 10 micromètres (PM10), en cohérence avec l’indice de l’Agence européenne pour l’environnement (AEE), et qualifie l’air selon six classes matérialisées par un code couleur et une nouvelle dénomination.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

La pollution de l’air est la troisième cause de mortalité, derrière le tabac et l’alcool, dans notre pays. Elle serait responsable de près de 48 000 décès prématurés chaque année selon l’Organisation mondiale de la santé (2016). Pourtant, en France comme en Europe la qualité de l’air tend à s’améliorer depuis 20 ans. Selon le dernier rapport de l’AEE intitulé « Air quality in Europe » (2020), les émissions des principaux polluants atmosphériques, notamment les oxydes d’azote (NOx) issus du transport, ont considérablement diminué depuis les années 2000, malgré la demande croissante en matière de mobilité et l’augmentation connexe des émissions de gaz à effet de serre dans ce secteur.  » Par rapport à 2009, en 2018, la meilleure qualité de l’air a permis d’éviter le décès prématuré dû à la pollution par les particules fines de 60 000 personnes environ » indique l’AEE. Cependant notre pays reste confronté à des dépassements de seuils réglementaires pour certains polluants, particulièrement dans nos villes où se concentrent les activités humaines et où vit près de 70 % de la population, mais aussi dans des territoires pourtant couverts par un plan de protection de l’atmosphère (PPA). La France vient d’ailleurs d’être mise en demeure par la Commission européenne et fait l’objet d’un contentieux du Conseil d’État pour des dépassement répétés des seuils de concentration pour le dioxyde d’azote (NO2). Ce nouvel indice, qui se veut selon Atmo France avant tout  » un indice  simplifié de communication »  plus en phase avec les attentes des citoyens, n’a pas vocation  » à être un outil de gestion des pics de pollution «  ni de  » dégager des tendances d’évolution «  mais bien, via une méthode de calcul renforcée à une maille géographique plus petite, à donner quotidiennement à chaque citoyen l’état de la qualité de l’air à côté de chez lui.

Les principales évolutions

C’est donc une nouvelle manière de mesurer et de qualifier le niveau des polluants de proximité qui est entrée en vigueur ce 1er janvier. Fruit d’une concertation et de travaux menés par Atmo France avec le ministère de la Transition écologique, en collaboration avec le Conseil national de l’air présidé par le député (LREM) du Rhône Jean-Luc Fugit, ce nouvel indice a été officialisé par un arrêté publié au Journal officiel le 10 juillet 2020. Quelles sont les principales évolutions ? D’abord, il intègre un nouveau polluant réglementé : les particules fines PM2,5, aux effets sanitaires avérés, qui porte au nombre de cinq les polluants réglementés (PM10, PM2,5, SO₂, NO2, O3,) pris en compte dans le calcul. Désormais l’indice correspondra au plus dégradé des sous-indices calculés pour chacun de ces polluants. Ensuite, l’indice qualité de l’air a été aligné sur les seuils européens, qui eux-mêmes suivent un certain nombre de recommandations formulées par l’Organisation mondiale de la santé. Le précédent indice concernait uniquement les agglomérations de plus de 100 000 habitants, le nouveau concerne désormais l’ensemble du territoire avec une prévision calculée à l’échelle de chaque établissement public de coopération intercommunale (EPCI) ou d’une commune selon les régions, y compris outre-mer. L’échelle évolue également avec de nouvelles dénominations : le niveau  » très bon  » disparaît, et le niveau « extrêmement mauvais  » fait son apparition. L’état de l’air sera donc qualifié selon six classes : bon, moyen, dégradé, mauvais, très mauvais, extrêmement mauvais, et sera calculé quotidiennement par chaque AASQA sur le territoire dont il a la charge. Un nouveau code couleur fait également son apparition allant du bleu (bon) au magenta (extrêmement mauvais).

Un indice plus complet

L’introduction du sous-indice PM 2,5 et de l’alignement des seuils de l’ozone et du NO2 sur ceux de l’indice européen auront pour principales conséquences une augmentation  » notable  » du nombre de jours pour lesquels l’indice est « mauvais » ou  » extrêmement mauvais  » indique déjà Atmo France. Par exemple, selon ses prévisions, avec l’indice actuel la ville de Grenoble affiche pour la période 2015-2017 en moyenne six jours par an où la qualité de l’air est globalement mauvaise. Avec le nouvel indice elle passera à 109. Idem à Bordeaux qui multipliera par 10 son nombre de jours d’air de « mauvaise qualité » pour arriver à 60. Nice passera d’une journée à près de 46 et Paris verra sa moyenne annuelle grimper à 83 contre 10 actuellement. Rennes, seule grande agglomération qui n’enregistrait a priori aucun jour avec un air « mauvais » pourrait passer à 19 avec le nouvel indice. Toutefois cette augmentation de journées avec une qualité de l’air moyenne, dégradée, mauvaise ou très mauvaise ne signifie pas selon Atmo France une dégradation de la qualité l’air dans notre pays mais « découle du changement de la méthode de calcul, de l’intégration des PM2,5 et de nouveaux seuils ». Pour la fédération qui fédère l’ensemble des AASQA françaises, il s’agit bien d’établir un indice plus complet, plus transparent et adapté aux réalités et à la typologie de nos territoires.

© DR.