GRDF appelle le gouvernement à s’appuyer sur les gaz renouvelables, gage d’indépendance énergétique

Publié le 30/03/2022

6 min

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Lors de sa conférence de presse annuelle, le principal distributeur de gaz en France GRDF est revenu sur l’importance de donner dès aujourd’hui à la filière des gaz renouvelables les moyens d’accélérer alors que la France et l’Europe multiplient les initiatives depuis plusieurs semaines pour assurer la sécurité d’approvisionnement en gaz l’hiver prochain, dans un contexte de tension extrême avec la Russie.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

« Un mix énergétique équilibré et sûr est un mix diversifié » souligne d’emblée la directrice générale de GRDF, Laurence Poirier-Dietz, qui rappelle que les solutions gaz répondent à la fois à une logique « d’efficacité » mais permettent également de « préserver le pouvoir d’achat ». Et de pouvoir d’achat, il en a été beaucoup question ce matin, alors que les factures énergétiques pourraient, malgré les mesures gouvernementales, fortement affecter le pouvoir d’achat des Français dans les prochains mois, dans un marché tendu où il est bien difficile de présager de ce que sera demain.

Aller vers davantage de sobriété énergétique

Pour la directrice de GRDF, chaque Français doit dès aujourd’hui s’engager dans une logique de sobriété et de maîtrise de sa consommation d’énergie. Elle évoque des gestes simples, comme « réduire la température de son logement ou privilégier une douche à un bain ». Un appel qui fait écho à celui lancé hier par le président de la Commission de régulation de l’énergie, Jean-François Carenco. Elle précise également que le compteur communicant gaz que le distributeur gazier a déjà installé chez 9,5 millions de clients – les 11 millions de clients seront équipés à la fin de l’année prochaine – est un « outil essentiel » sur lequel les consommateurs peuvent s’appuyer « pour faire des économies d’énergie ». Ce matin, dans un entretien accordé aux Échos, le gouvernement et GRDF ont effectivement évoqué « de possibles coupures ciblées de gaz chez d’importants consommateurs pour faire face à une éventuelle interruption de l’approvisionnement russe l’hiver prochain ». Une mesure inédite en France qui ne touchera pas les particuliers et pour laquelle un décret est en préparation. Ce projet de décret prévoit selon le gouvernement « un délestage en priorité des consommateurs les plus importants (des industriels ou des centres commerciaux par exemple), consommant plus de 5 GWh par an ». Cela concernerait environ 1 650 clients. Les modalités ne sont pas encore connues mais l’idée pour le gouvernement est de pouvoir anticiper et organiser en amont ce délestage « s’il devait avoir lieu ».

« N’écarter aucune solution »

La place du gaz dans le bâtiment est de plus en plus mise à mal par les pouvoirs publics. Si la réglementation environnementale donne peu de perspectives aux solutions utilisant exclusivement le gaz dans le bâtiment individuel et collectif neuf malgré les demandes répétées de la filière pour reconnaître l’usage du biométhane, GRDF et derrière elle un grand nombre d’acteurs du monde de la chaleur, du bâtiment et de l’efficacité énergétique estiment pourtant que l’atteinte de la neutralité carbone à « un coût acceptable » pour les consommateurs ne pourra pas se faire sans « maintenir une diversité de solutions». Parmi elles, la chaudière à très haute performance énergétique (THPE). Une solution qui permet de réduire de « 30 % sa consommation d’énergie », entraînant de facto une baisse des émissions de gaz à effet de serre et une baisse de la facture. Elle doit selon GRDF être « généralisée » dans les logements existants. Il y a quelques jours, le gouvernement a annoncé dans son plan de résilience que les primes octroyées dans le cadre de Ma prime rénov’ seraient maintenues jusqu’au 1er janvier 2023. « C’est la solution la plus pertinente et la plus économique » pour le logement collectif rappelle Laurence Poirier-Dietz qui souligne également l’intérêt de la PAC hybride (gaz et électricité) pour les logements individuels déjà raccordés au gaz et dans les bâtiments neufs situés à proximité des réseaux de gaz. La PAC hybride est aussi « efficace » que la PAC électrique insiste-t-elle. Elle doit être « considérée avec le même potentiel de décarbonation » souligne l’entreprise.

Miser sur le potentiel des gaz renouvelables

La filière l’avait déjà souligné lors de la présentation de son panorama des gaz renouvelable, le 17 mars : le potentiel mobilisable, à savoir 420 TWh, permettrait très largement de couvrir la demande gazière en France à horizon 2050, estimée entre 300 et 350 TWh. C’est ce qu’a rappelé ce matin la directrice de GRDF, qui a souligné la forte dynamique de la filière dans notre pays. Plusieurs mesures à court terme pourraient permettre à cette filière, qui représente déjà 9 000 emplois directs et indirects (+ 1 700 sur l’année 2021), de prendre une autre dimension : déplafonner les limites du Cmax pour permettre aux producteurs de biométhane qui en ont la capacité de produire davantage. Également demandé: une extension de 24 mois accordé aux producteurs entre le moment où ils signent un contrat d’achat et la mise en service de leurs unités de méthanisation, une mesure qui permettrait de libérer plus de 8 TWh.  La filière attend également les décrets qui viendront formaliser les certificats de production de biogaz, dispositif inscrit dans la loi climat et résilience. Autre demande, celle d’un mécanisme d’appel d’offres pour les installations de plus de 25 GWh par an : « Environ 1,5 TWh de projets inscrits dans le registre de capacités pourraient y être éligibles » indique GRDF. En 2030, différents scénarios prospectifs estiment que le potentiel mobilisable de production de gaz renouvelable est de 70 TWh, soit 20 % de notre consommation actuelle de gaz. À cela il faudra ajouter le potentiel de l’hydrogène, avec des projets qui se développent rapidement.

© Frédéric Berthet, GRDF.