Le président de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), Jean-François Carenco, a appelé dans un entretien accordé au quotidien Les Échos lundi 28 mars l’ensemble des Français à faire dès maintenant des économies d’énergie, au risque de faire face à des tensions d’approvisionnement l’hiver prochain. Il a aussi évoqué la nécessité de développer de nouvelles capacités de gaz naturel liquéfié (GNL) et d’accélérer sur les énergies renouvelables.

Par la rédaction, avec AFP

Dans un entretien au quotidien Les Échos, le patron du régulateur de l’énergie juge que les difficultés d’approvisionnement de gaz provoquées par la guerre en Ukraine et la baisse inédite de la production d’électricité nucléaire d’EDF vont nécessairement entraîner des difficultés à l’hiver 2022 si rien n’est fait. « Il faut économiser du gaz et de l’électricité en France dès maintenant sinon cela pourrait mal se passer l’hiver prochain », a insisté M. Carenco, invitant chacun à faire des efforts : « Les industriels, le tertiaire, les bâtiments publics mais aussi chacun d’entre nous, que ce soit en baissant le chauffage, la climatisation, les lumières. » « Il y a urgence et chacun doit s’y mettre« , a-t-il ajouté.

« Il y a urgence à accélérer »

« Nous vivons actuellement une crise historique, très proche du choc pétrolier des années 1970. L’explosion du prix du gaz sur les marchés mondiaux liée à la reprise économique post-Covid a contaminé les prix de l’électricité qui ont atteint des niveaux records en Europe » soulignait, il a quelques semaines, le président de la CRE lors des 22^e Rencontres de l’énergie. « Alors que durant des années nous nous payions le luxe de débattre comment passer la pointe, les indisponibilités du parc nucléaire et les pénuries de gaz nous interrogent maintenant sur la manière dont nous allons passer l’hiver » rappelait-il. « Nous ne sommes pas sûrs, au rythme actuel, de disposer de suffisamment de moyens de production pour passer la décennie 2040. Trop de chantiers sont en retard » insistait-il, alors que la France a déjà pris beaucoup trop de retard dans la production de renouvelable. Pour rappel, elle est le seul pays européen à ne pas avoir atteint ses objectifs cibles en 2020.

Développer de nouvelles capacités de GNL

Le président de la CRE appelle par ailleurs à lever les obstacles administratifs afin d’accélérer le déploiement d’un terminal flottant gaz naturel liquéfié au Havre ainsi que de simplifier les démarches administratives et contentieuses concernant les projets d’énergies renouvelables. « Il y a urgence à accélérer. La crise que nous traversons doit permettre de comprendre que l’intérêt collectif prime sur l’intérêt individuel. » La guerre en Ukraine a provoqué un renchérissement important du prix des hydrocarbures et pose la question de la dépendance du continent européen au gaz naturel provenant de Russie. Les États-Unis ont annoncé la semaine dernière soutenir l’Europe en livrant davantage de GNL. Le projet d’un terminal flottant de regazéification dans le port du Havre, plus connu sous l’appellation anglaise « floating storage regasification unit » (FSRU), est actuellement à l’étude. Ce sont des navires pouvant recevoir du gaz naturel liquéfié transbordé des méthaniers, et le regazéifier. Moins chères, plus flexibles (elles peuvent-être déplacées en fonction des besoins) et plus rapides à construire qu’un terminal méthanier, ces unités pourraient se multiplier en Europe ces prochaines années pour réduire l’importation de gaz, principalement par gazoduc, en provenance de Russie. En France, ce sera la première infrastructure de ce type alors que notre pays possède quatre terminaux méthaniers terrestres. 

Dans l’Hexagone, la production d’énergie est affectée par la mise à l’arrêt de plusieurs réacteurs nucléaires après la découverte de fissures de corrosion sur des systèmes de sécurité. En conséquence, la production de l’électricité nucléaire a atteint des niveaux équivalents à la production de 1991 estime la CRE, qui étaient particulièrement bas.