Massifier l’usage du biométhane dans les transports en Europe

Publié le 16/06/2020

4 min

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L’association européenne du biogaz (EBA) et l’association européenne du gaz naturel pour véhicules NGVA Europe ont souligné le 15 juin dans une publication commune l’intérêt économique et environnemental de massifier l’usage du biométhane dans le secteur des transports en Europe.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

En France comme en Europe, le gaz naturel véhicule (GNV) s’appuie sur la dynamique autour du développement des gaz renouvelables et notamment l’essor de la méthanisation pour produire de plus en plus de bioGNV. La NGVA l’annonçait il y a un mois : plus d’un quart de ses stations distribuent du bioGNV aux usagers européens, ce qui équivaut à 17 % de la consommation totale de gaz utilisé comme carburant en 2019, soit l’équivalent de 23,4 TWh. Les deux associations indiquent que ce taux d’incorporation de biométhane dans le GNV a permis « une réduction de 35 % des émissions par rapport aux carburants conventionnels ». L’introduction progressive de bioGNV pour décarboniser le secteur des transports est un enjeu majeur pour l’Europe puisqu’il représente un tiers des émissions globales de CO2 en Europe et est la principale cause de pollution de l’air (NOx, particules fines…) dans les zones urbaines. « La promotion des véhicules électriques et des infrastructures connexes est cruciale, mais nous savons déjà que cela ne suffira pas pour atteindre l’objectif de réduire les émissions des transports de l’UE [60 % jusqu’en 2050 par rapport aux niveaux de 1990, NDLR] de manière rapide et rentable » déclare Susanna Pflüger, secrétaire générale de l’Association européenne du biogaz, qui ajoute que « le déploiement du bioGNC (gaz comprimé) et du bioGNL est déjà une réalité et conduit à un potentiel de décarbonisation élevé ».

Quelles perspectives pour les années à venir ?

Selon les estimations de l’EBA et de NGVA Europe, 117 TWh de gaz renouvelables pourraient être distribués comme carburant sous forme de bioGNC et de bioGNL d’ici 2030. La consommation en bioGNV représenterait alors 40 % de la consommation globale de carburant de la flotte de GNV, estimée à plus de 13 millions de véhicules en 2030. Une utilisation accrue du bioGNC et du bioGNL dans le secteur entraînera « une réduction globale des émissions de GES de 55 % » estime les deux associations, et permettra de créer « jusqu’à un million d’emplois pour garantir la mise à l’échelle du biométhane ». Cette nécessité d’incorporer plus de bioGNV dans le GNV doit aller de pair avec celle d’accélérer le déploiement des infrastructures d’avitaillement en Europe, un appel déjà lancé en février avec l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA). Elles sont actuellement 4 120 en Europe ( 3 840 stations-service GNC et 280 GNL). La NGVA et l’EBA estiment « qu’il faudrait 12 000 stations en 2030 pour répondre à ces estimations ». Elles ajoutent qu’un parc de 13 millions de véhicules GNV en 2030 « entraînerait une économie annuelle de carburant de plus de 4,5 milliards d’euros ». Enfin, les deux association soulignent que le bioGNV produit à partir de biodéchets représente « une opportunité pour les villes de participer à une économie circulaire tout en réduisant la pollution atmosphérique ». Une affirmation qu’elles illustrent avec la ville de Bruxelles : la capitale belge, avec 1,2 million d’habitants, produit environ 210 kilo tonnes de biodéchets par an qui peuvent être utilisés pour produire 14 kt de gaz renouvelable. S’il est distribué en bioGNV à hauteur de 40 %, « cela éviterait le rejet de 85 kt de CO2 dans l’atmosphère » notent la NGVA et l’EBA.

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