Le biogaz représente 17 % du gaz consommé par le secteur du transport routier en Europe

Publié le 19/05/2020

5 min

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L’association européenne du gaz naturel pour véhicules NGVA Europe a publié la semaine dernière une série de données chiffrées qui mettent en avant la part croissante que prend le biométhane dans la mobilité gaz en Europe.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

En Europe, entre 2014 et 2017, la consommation d’énergie dans les transports routiers a augmenté de 5,6 %, entraînant des émissions de gaz à effet de serre (GES) toujours plus conséquentes alors même que l’Union européenne s’est engagée à atteindre la neutralité carbone en 2050. Dans cette course à la décarbonation du secteur des transports, le biométhane semble avoir une belle carte à jouer et les nouveaux chiffres publiés par la NGVA vont dans ce sens, notamment parce que le biométhane et son écosystème associé (déchets, agriculture, agroalimentaire…) semble être un véritable chaînon pour construire cette économie circulaire, principal pilier du Green Deal que l’UE appelle de ses vœux. « La capacité de production de gaz renouvelable de l’Europe est éprouvée et les critères de durabilité en place sont pleinement respectés » insiste Andréa Guerini, secrétaire général de l’association européenne de la mobilité gaz, qui voit en l’essor de la filière biométhane un booster pour soutenir le développement d’une mobilité plus durable économiquement viable.

Un taux d’incorporation de biométhane disparate

Aujourd’hui, notre Vieux Continent compte 4 120 stations de ravitaillement en gaz naturel comprimé (GNC) et en gaz naturel liquéfié (GNL), principalement situées en Allemagne et en Italie. Plus d’un quart de ces stations distribuent du bioGNV aux usagers européens, ce qui équivaut à 17 % de la consommation totale de gaz utilisé comme carburant l’année dernière, soit l’équivalent de 23,4 TWh. Un taux moyen qui permet au bioGNV de « réduire d’environ 40 % [véhicule segment C, NDLR] les émissions de CO2 par rapport à l’essence, quand le GNV permet de son côté une réduction de 25 % » indique la NGVA dans un communiqué.

Le bioGNV produit à partir de déchets organiques issus de l’industrie agro-alimentaire, de biodéchets ou d’exploitations agricoles, d’ordures ménagères ou de boues de stations d’épuration, s’installe progressivement comme un carburant incontournable en Europe, mais pas au même rythme et avec une forte disparité d’un pays à l’autre. Si la France est un marché particulièrement dynamique (plus de 20 000 véhicules en circulation et 145 points d’avitaillement), son taux d’incorporation de biométhane dans le GNV, identique à la moyenne européenne (17 %) reste très loin derrière les pays du nord de l’Europe qui affichent 100 % de biogaz pour le Danemark et l’Islande, et à peine un peu moins pour la Suède (94 %). A contrario l’Italie, plus gros marché européen du GNV avec plus d’un million de véhicules en circulation et un réseau de plus 1 300 stations, affiche un très timide 9 %. L’Allemagne, pays où la méthanisation est particulièrement développée, incorpore près de 50 % de biométhane dans le GNV, distribué dans ses 800 stations, pour alimenter un parc de plus de 100 000 véhicules. Dans les pays qui ont des dynamiques de marchés relativement similaires à la France en termes d’immatriculations et de points d’avitaillement, les Pays-Bas se détachent nettement avec un taux d’incorporation de biométhane estimé à 90 %, suivis par la Suisse avec 20 %. La Belgique fait figure de Petit Poucet avec son 1 %.

Favoriser l’essor du bioGNL

Dans le secteur des poids lourds, le GNL est « un acteur à croissance rapide » note la NGVA, et représente aujourd’hui une alternative concrète au diesel. En 2019, les immatriculations de nouveaux véhicules GNL ont plus que doublé par rapport à 2018. Si, aujourd’hui, la flotte européenne compte 10 000 camions roulant au GNL, la production de bioLNG reste quant à elle à « un stade précoce » mais demeure « une réalité croissante ».  C’est dans le nord de l’Europe que les premiers projets de bioGNL ont vu le jour, comme à Skogn en Norvège où le bioGNL, produit à partir d’une usine qui traite quotidiennement 100 tonnes de résidus des industries de la pêche, permet d’alimenter une flotte de 300 camions. En Italie, « il y a plus de 20 projets de nouvelles usines de bioGNL qui seront en mesure de répondre localement aux besoins en GNL » note la NGVA. Dans d’autres pays comme l’Espagne et l’Allemagne, le bioGNL est également appelé à rapidement se développer, tout comme en France où le il constitue une filière de valorisation intéressante, à l’image du projet BioGNVal mené par un ensemble de partenaires dont Engie et ses deux filiales spécialisées dans le GNL, GNVert et LNGénération. Lancé en mars 2015, le projet BioGNVal consistait à transformer les boues d’épuration de la station de Valenton (Val-de-Marne) en biométhane liquide, utilisable comme carburant pour camions. Un projet auquel était associée Cryo Pur, jeune société francilienne qui valorise du biométhane en bioGNL.