Gaz d'aujourd'hui a demandé à Susanna Pfluger, secrétaire générale de l'association européenne du biogaz (EBA) de faire un point sur le développement du biogaz et particulièrement du biométhane en Europe. Propos recueillis par L.I La production de biométhane et de biogaz ne cesse d'augmenter en Europe. Comment l'expliquez-vous? Quels sont les pays les plus dynamiques ? Le biogaz représente une source d'énergie renouvelable très flexible, la seule d’ailleurs capable de remplacer le gaz naturel et de faire ainsi bon usage du réseau de gaz existant. Directement applicable dans de nombreux secteurs tels que la production d'électricité et de chaleur, le transport ou même l'industrie chimique, c’est un système complet qui en plus de pouvoir utiliser une grande variété de substrat peut fournir de l'énergie toute l'année sans intermittence et servir de base pour le développement ultérieur d'autres énergies renouvelables telles que le solaire ou l'éolien. C’est aussi une solution miracle pour réduire les émissions de méthane dans l'agriculture, le deuxième gaz à effet de serre le plus nocif après le CO2. Le biogaz - et particulièrement le biométhane - est un atout clé pour que l’Europe réussisse sa transition énergétique. Les pays les plus dynamiques sont désormais la France et l'Italie avec leurs ambitions nationales élevées, notamment pour le biométhane. La France en particulier vise une production de 90 TWh d'ici 2030. Une récente étude de l'Ademe a même démontré la capacité du pays à couvrir tous ses besoins en gaz avec un substitut 100 % renouvelable d'ici 2050. Le Parlement européen et le Conseil sont parvenus à un accord sur les énergies renouvelables : Bruxelles veut 32 % d'énergies renouvelables dans le mix énergétique en Europe en 2030. Quelles sont les perspectives de développement du secteur du biogaz en Europe ? Le biogaz et le biométhane complèteront d'autres sources d'énergie durable. L'accent sera mis sur le biométhane pour verdir le réseau de gaz et faciliter la transition du gaz fossile au gaz renouvelable. Il sera consommé dans les secteurs où il est le plus rentable ou utile : le transport lourd, le secteur maritime et dans les industries où le gaz est traditionnellement utilisé comme carburant ou matière première. La production d'électricité à partir du biogaz sera fournie pour fournir la charge de pointe et la charge de base lorsque les sources d'énergies renouvelables intermittentes ne sont pas en mesure de répondre à la demande. En plus des objectifs de l'UE, de nombreux États membres ont fixé des objectifs nationaux, en particulier pour les gaz renouvelables : la France aura 10 % de gaz renouvelable dans son réseau de gaz d'ici 2030 et le Danemark même 50 %. Certains autres États membres ont fixé des objectifs de volume, mais tous sont ambitieux, ce qui indique des niveaux beaucoup plus élevés de production et de consommation de biogaz en 2030. Parlez-nous du registre européen des gaz renouvelables, registre des garanties d'origine pour le biométhane, piloté par l’Autorité bancaire européenne ? Où en est-il ? Quelles sont les attentes en ce domaine ? Le registre européen des gaz renouvelables (ERGaR) a été fondé en 2016 par un consortium de registres nationaux de gaz renouvelables dans le but principal de permettre le commerce transfrontalier européen des certificats de biométhane entre les registres nationaux. Les garanties d'origine actuellement en vigueur pour l'électricité renouvelable devraient être étendues aux gaz renouvelables. ERGaR met en place un système de documentation indépendant, transparent et fiable pour l'équilibrage en masse du biométhane et d'autres gaz renouvelables distribués le long du réseau gazier européen. Fin 2017, ERGaR a soumis son programme volontaire « ERGaR RED » à la Commission européenne pour obtenir sa reconnaissance. Depuis sa création récente, l'association ERGaR, piloté par Biogaz Europe s'est considérablement développée et a accueilli plusieurs nouveaux membres. Le développement du secteur du biogaz vers la production de biométhane, la volonté du secteur du gaz naturel de verdir et la reconnaissance de l'importance de l'infrastructure gazière pour contribuer à la transition énergétique montrent une nette tendance vers un marché du gaz renouvelable amélioré.