Mobilité : l’AAMF souhaite ouvrir plus de 200 stations bioGNV d’ici quatre ans

Publié le 11/03/2021

4 min

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L’Association des agriculteurs méthaniseurs de France (AAMF) a annoncé ce matin son ambition d’ouvrir d’ici 2025 plus de 200 stations-service distribuant du biométhane (bioGNV) directement à la ferme ou via des projets co-construits avec des collectivités et des transporteurs. L’AAMF souhaite à son échelle contribuer au développement des infrastructures de distribution de bioGNV en France.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

L’Association française du gaz (AFG), l’AAMF et l’Association française du gaz naturel pour véhicules (AFGNV) ont rappelé ce matin lors d’une conférence de presse commune « la place prépondérante que joue le biogaz dans la transition énergétique » et notamment pour des usages mobilité. Si les arbitrages de la RE 2020, bien que légèrement remaniés, ont été reçus comme une déception par les gaziers. Ceux-ci espèrent cependant que le gouvernement poursuivra le dialogue et concrétisera son soutien, notamment à travers la mise en place d’un mécanisme extra-budgétaire pour le biométhane injecté. Une disposition « indispensable » selon eux pour atteindre l’objectif ambitieux fixé par la loi LTECV, à savoir que 10 % du gaz consommé en France en 2030 soit d’origine renouvelable. La filière, dont le cadre réglementaire est en train d’évoluer, attend encore d’être fixée sur plusieurs dispositions importantes à sa pérennisation (tarifs définitifs, Cive, traçabilité des intrants…). « Il faut que les mots deviennent des actes » souligne Jean-François Delaître, président de l’AAMF.

Montrer l’exemple

En France, la filière méthanisation repose en majorité sur le monde agricole, représentant plus de 74 % des méthaniseurs actuellement en fonction. Pour le député LREM du Rhône Jean-Luc Fugit, co-auteur d’un rapport sur le potentiel de la production d’énergie dans le monde agricole, cette filière représente « une solution durable et apporte une véritable valeur ajoutée sur nos territoires, notamment ruraux ». L’AAMF, qui représente près de 300 agriculteurs méthaniseurs et accompagne le développement de la méthanisation agricole dans l’Hexagone, souhaite « montrer l’exemple » et contribuer au maillage des stations bioGNV en France. « Plus de 200 agriculteurs nous ont déjà fait part de leur intérêt pour développer un projet de station » indique à Gaz d’aujourd’hui le président de l’AAMF. Les premières stations seront développées à la ferme avec du biométhane directement distribué depuis le méthaniseur, sur le modèle de celle mise en service en octobre dernier en Haute-Marne par Philippe Collin, gérant de la société Eurek’Alias. À moyen terme, l’ambition de l’AAMF est également de pouvoir développer des projets territoriaux de stations-service avec des transporteurs et des collectivités. « La distribution d’un carburant produit directement sur nos exploitation, qui alimentera également nos équipements agricoles, fait totalement sens pour nous » précise Jean-François Delaître. Cette année, une expérimentation sera menée chez plusieurs agriculteurs de l’AAMF pour tester l’usage quotidien de tracteurs de l’équipementier New Holland circulant au bioGNV. 

L’analyse en cycle de vie : le cheval de bataille

Avec l’approche actuelle tank to wheel de l’Union européenne, les gains apportés par les carburants d’origine renouvelable comme le bioGNV ne sont pas pris en compte. « Un non sens » pour les acteurs de la filière qui demandent de raisonner en analyse du cycle de vie (ACV) avec « une réglementation qui donne aux carburants renouvelables leur juste place, en prenant en compte l’ensemble des émissions de CO2 sur tout le cycle de vie des véhicules ». Un avis partagé par Jean-Luc Fugit qui a d’ailleurs indiqué avoir déposé un amendement pour une prise en compte de la démarche ACV au titre de l’article 25 (« se déplacer ») du projet de loi « climat et résilience » actuellement débattu en commission spéciale et dont l’examen dans l’hémicycle est prévu à partir du 29 mars.