Les voies de la décarbonisation du gaz d’ici 2050 en Europe

Publié le 24/04/2020

4 min

Publié le 24/04/2020

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Le consortium « Gas for Climate » a publié hier une nouvelle étude, « Gas Decarbonisation Pathway 2020-2050 », qui explicite les différentes voies de décarbonisation du secteur gazier pour aller vers un système climatiquement neutre et économiquement viable d’ici 2050. Une décarbonation qui passe selon les auteurs de l’étude par une plus grande place donnée au biométhane et à l’hydrogène dans les politiques climatiques et énergétiques européennes.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

Comment procéder à la transition du système énergétique actuel vers un système à émissions nettes nulles en 2050 ? Quelles sont les différentes voies de décarbonisation du secteur gazier et quelles implications pour les infrastructures gazières à des coûts compétitifs ? Autant de questions auxquelles ont essayé de répondre les industriels adhérents du collectif « Gas for Climate » qui regroupe une dizaine d’entreprises de transport de gaz, dont les français Teréga et GRTgaz et deux associations qui promeuvent le biogaz, l’Association européenne du biogaz (EBA) et le Consortium italien du biogaz.

Accélérer la décarbonisation du secteur gazier

Alors qu’une crise sanitaire d’une ampleur inédite frappe l’ensemble de la planète et met à mal l’économie mondiale, les plans de relance européens et nationaux doivent « être considérés comme une triple opportunité pour l’Europe » note le collectif « Gas for Climate » qui ajoute qu’il est nécessaire, « au-delà de la création de croissance économique, de faire avancer la transition énergétique et de créer des emplois durables ». « L’atténuation du changement climatique et la reprise économique doivent aller de pair », soulignent les 12 PDG membres de l’initiative. Cette étude met en évidence selon ses auteurs « une voie vers une intégration rentable et résiliente des systèmes énergétiques », un système énergétique « entièrement renouvelable » dans lequel le biométhane et l’hydrogène vert sont appelés à « jouer un rôle majeur dans une combinaison intelligente avec l’électricité renouvelable et les infrastructures gazières existantes en Europe ».

Le biométhane et l’hydrogène : les indispensables vecteurs

Si les gaz renouvelables et l’hydrogène constituent une opportunité pour l’Europe de répondre à ses objectifs climatiques, les mesures réglementaires actuelles ne facilitent pas un accès au marché, et ce malgré un gros potentiel de production, comme l’évoquait récemment un rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) qui estime que « le niveau de production actuel du biogaz est très faible par rapport à son potentiel » qu’elle qualifie volontiers d’« énorme » et qui pourrait représenter jusqu’à 20 % de la consommation mondiale de gaz. En Europe, la dynamique est importante, tout comme elle l’est en France où la capacité de production de biométhane a augmenté de plus de 60 % en un an. 

Le collectif émet une série de recommandations à destination de la Commission européenne. Parmi elles, l’adaptation du cadre réglementaire de l’UE pour rendre l’infrastructure gazière plus résiliente dans un système énergétique intégré « où la production à grande échelle de biométhane et d’hydrogène  transporté, stocké et distribué via les infrastructures gazières existantes » serait un vecteur important pour arriver à une baisse des émissions de 55 % d’ici 2030 « dans une combinaison intelligente avec de l’électricité renouvelable »tout comme le serait « le couplage des secteurs de l’électricité, du gaz et de la chaleur – en reliant leurs marchés et leurs infrastructures respectives de manière mieux coordonnée . Stimuler la production de biométhane et d’hydrogène « est esssentielle » selon les auteurs. Le « green deal », note l’étude, « peut accélérer la transition en rendant obligatoire la fourniture de 10 % de gaz provenant de sources renouvelables d’ici 2030 », en permettant le commerce et le transport de biométhane et d’hydrogène à l’échelle transfrontalière et en renforçant le système communautaire d’échange de quotas d’émissions (SCEQE), plus communément appelé système ETS (« Emission Trading Scheme »).