Méthaniser à l’échelle de la ferme

Publié le 23/07/2020

5 min

Publié le 23/07/2020

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La micro-méthanisation, en somme une production de biogaz à petite échelle, n’est pas une idée nouvelle mais elle a fait son chemin ces dernières années et plusieurs projets sont en cours d’expérimentation dans nos fermes où cette technologie fait sens. Parmi eux, le projet de R&D Mcube qui s’est déroulé de 2015 à 2019 en Occitanie. Son objectif : concevoir et développer une solution standardisée de micro-méthanisation fiable, rentable et adaptée à l’échelle et à la typologie des exploitations agricoles de notre territoire. Une solution en phase d’industrialisation qui devrait être commercialisée d’ici la fin de l’année. Par Laura Icart   Avec la micro-méthanisation, c’est-à-dire selon l’Ademe des unités de moins de 70 kWé, c’est un autre modèle énergétique qui est proposé à nos agriculteurs. Plus petites, rapidement opérationnelles, nécessitant peu d’investissement matériel et financier, ces petites unités fonctionnant en cogénération séduisent, particulièrement chez les agriculteurs. Ils y voient là une opportunité de valoriser l’ensemble des bio-déchets disponibles sur l’exploitation. Pour autant, la principale difficulté des unités de micro-méthanisation n’est pas d’ordre technologique, mais bien financière. C’est un modèle qui peine à trouver une rentabilité.  Mcube : un consortium cosmopolite et plusieurs brevets déposés Financé par le fonds européen de développement régional (Feder), la région Occitanie et l’Ademe, le projet Mcube a débuté en 2015. Il s’appuie sur deux structures de recherche : l’établissement d’enseignement et de recherche spécialisé dans les études agronomiques et technico-économiques pour l’agriculture et l’agroalimentaire (INP Toulouse-Purpan) et l’Insa Toulouse qui apporte son expertise dans la conception et le dimensionnement de procédés de méthanisation et les activités biologiques s’y rattachant. L’ambition du projet Mcube est de « proposer un kit de méthanisation clé en main qui s’adapte à la configuration des exploitations agricoles et qui intègre à la fois les contraintes inhérentes au secteur agricole et les contraintes d’industrialisation de la micro-méthanisation ». Trois entreprises du territoire ont également été associées à Mcube, et en premier lieu Ovalie Innovation, filiale R&D des groupes coopératifs Maïsadour et Vivadour, porteuse du projet, en partenariat avec deux sociétés d’ingénierie, les Ateliers des Graves qui a assuré les principales étapes de la conception et du développement de l’unité de micro-méthanisation, et Sirea, société spécialisée dans la conception et la fabrication de machines spéciales industrielles. La solution Mcube, késako ? La solution d’unité de micro-méthanisation développée par Mcube est composée d'une bâche flottante adaptable aux fosses existantes permettant de récupérer le biogaz produit, d'un « cube méthanisation » contenant les éléments techniques (automate de contrôle, outils de pompage, de brassage, de chauffage, d’épuration) et d'un moteur de cogénération qui transforme le biométhane contenu dans le biogaz en électricité et en chaleur. Une expérimentation grandeur nature avec plusieurs scénarii Créer de la valeur à partir de différents types d’effluents, les travaux de R&D menés dans le cadre de Mcube ont amené à l’étude de plusieurs scénarii possibles sur deux sites pilotes. Fin 2018, « une unité de méthanisation pilote de 36 kWé » précise Clément Soulier, responsable développement chez Ovalie Innovation, a été installée à Barcelone-sur-Gers, dans l’élevage de canards d’Aurélien Loumagne. « C’est un concept totalement modulable qui ne nécessite aucun changement structurel » souligne l’éleveur gersois qui précise que cette unité ne constitue pas pour lui « une charge de travail supplémentaire » et qu’elle répond également « à des attentes sociétales en termes d’énergies renouvelables ». Une valorisation en biogaz qui se fait principalement à partir de lisier de canard. Début 2019, une seconde unité pilote a vu le jour au sein de l’exploitation de vaches laitières de la ferme expérimentale de Lamothe de l'École d'ingénieurs de Purpan, sur un scénario effluent bovin cette fois. Pour chacune des unités sont associés aux effluents « des déchets verts fermentescibles provenant de coopératives agricoles et des cultures intermédiaires, en faible proportion », indique Ovalie Innovation. Des sites qui vont d’ailleurs rester en activité malgré la fin de l’expérimentation puisque Ovalie Innovation compte poursuivre avec ses partenaires ses travaux de R&D sur les voies de valorisation du biogaz, notamment via la chaleur générée par le moteur ou des débouchés mobilités. Une commercialisation imminente « Le lancement commercial est prévu en fin d’année » déclare Clément Soulier. « Nous avons bâti autour de cette technologie un business model unique et particulièrement innovant » ajoute-t-il, précisant qu’une cinquantaine d’agriculteurs ont déjà manifesté leur intérêt pour leur offre. Crédit : Ovalie Innovation.

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