Donner un avenir à nos déchets !

Publié le 23/07/2020

4 min

Publié le 23/07/2020

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Pour répondre aux enjeux de la transition énergétique, de nombreux territoires se mobilisent à travers des projets de valorisation énergétique des déchets. En mai 2019, un consortium d’acteurs représentatifs de la filière a signé un accord pour développer Plainénergie, un projet de recherche dédié à la pyrogazéification et à la méthanation biologique des déchets résiduels sur la communauté de communes de la Plaine de l’Ain. Objectif : produire du biométhane injectable dans le réseau gazier et favoriser l’émergence d’une filière complémentaire à la méthanisation et au recyclage.

Par Laura Icart

 

Le projet Plainénergie, qui vise à développer une première installation industrielle expérimentale de traitement et de conversion énergétique d’une large gamme de déchets résiduels, regroupe un ensemble de partenaires publics et privés : la communauté de communes de la Plaine de l’Ain (CCPA), le Syndicat mixte du parc industriel de la Plaine de l’Ain (SMPIPA), GRTgaz, Séché environnement, Enosis et les laboratoires DEEP et LISBP des INSA Lyon et Toulouse. Provademse, la plateforme technologique d’Insavalor, coordonne le projet et met à disposition ses équipements et son savoir-faire en matière de caractérisation et de valorisation des déchets, en particulier par pyrogazéification.

Un projet innovant : une première en Europe

Ce projet combine deux technologies-clés pour la valorisation des déchets : la pyrogazéification, couplée pour la première fois à un procédé de méthanation biologique, soit une transformation en méthane de synthèse faite par des bactéries. Une technologie innovante développée par la PME toulousaine Enosis. À ce stade, Plainénergie serait « le seul projet à finalité industrielle de création d’une filière complète en Europe », selon Insavalor. Un projet qui intègre la gestion territoriale d’un mix de déchets non ou mal valorisés, en partenariat avec les collectivités jusqu’à l’obtention d’un méthane de récupération injectable avec toutes les briques technologiques de préparation, de gazéification, d’épuration du syngaz, de biométhanation et de valorisation des résidus de la gazéification. In fine, ce méthane de synthèse est substituable au gaz naturel dans l’ensemble de ses usages : résidentiels, industriels, carburant.

Valoriser une large gamme de déchets résiduels

C’est un fait : la gestion des déchets coûte aux collectivités de plus en plus cher. La nécessité d’avoir une approche plus intégrée favorisant l’économie circulaire apparait d’autant plus importante au regard des nouvelles réglementations mais aussi pour le dynamisme et l’attractivité de nos territoires. La spécificité de ce projet est d’intégrer une large gamme de déchets hétérogènes qui sont produits ou gérés par les collectivités, en particulier les déchets collectés par les déchèteries. « Des déchets qui ne sont pas biodégradables mais que l’on peut gazéifier », précise Jacques Méhu, directeur scientifique de Provademse. Les principaux gisements ciblés par le projet sont les boues de station d’épuration de la CCPA et du PIPA, les déchets d’encombrants et de bois B issus des déchèteries de la CCPA et certains déchets d’activités économiques du PIPA. Ces cinq gisements ont été retenus « dans la première phase du projet, à l’issue d’un diagnostic territorial et d’une analyse multicritères menée pour évaluer la pertinence des gisements à sélectionner », nous indique-t-on du côté d’Insavalor.

Évaluer le potentiel énergétique du territoire

Établir un diagnostic territorial des déchets et identifier les gisements les plus pertinents (notamment les plus mal valorisés) fut la première étape du projet Plainénergie. Après une campagne d’échantillonnage et une analyse des gisements, elle est aujourd’hui terminée. Si la gazéification des premiers cocktails sur la plateforme de Provademse a été réalisée en février 2020, une étude préliminaire visant l’élaboration des mélanges de déchets à partir des gisements sélectionnés est en cours de finalisation. « Parallèlement, des études sur un pilote de méthanation biologique ont été lancées pour lever les verrous liés à la méthanation biologique, avec des résultats prometteurs », précise Insavalor. La seconde phase du projet, qui vise à valider le couplage de la gazéification et de la méthanation biologique à l’échelle pilote, vient donc débuter. Selon les performances constatées, il sera décidé, dans une troisième phase, d’implanter un démonstrateur industriel sur le site du parc industriel de la Plaine de l’Ain.

Conçue dans une logique de circuit court, cette installation sera une brique supplémentaire dans le développement de la filière pyrogazéification. Une technologie qui, selon une étude de l’Ademe, pourrait produire plus de 100 TWh de gaz d’ici 2050.

Crédit : GRTgaz.