La demande de gaz en UE a diminué de 19 % en janvier 2023

En janvier 2023, la consommation de gaz de l'UE a diminué de 19 % en glissement annuel pour atteindre 40 milliards de m3. ©Shutterstock

Publié le 16/02/2023

6 min

Publié le 16/02/2023

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La consommation de gaz a fortement reculé en janvier dans plusieurs régions du monde, notamment dans l’Union européenne (- 19 %) et au Royaume-Uni (- 16 %) indique le 15 février un rapport publié par le Forum des pays exportateurs de gaz (GECF). L’Union européenne, qui a diminué sa consommation de gaz de 20,1 % sur le dernier semestre 2022, tient donc son objectif réduction temporaire de 15 % de la consommation de gaz demandé par la Commission en juillet, portée par une météo particulièrement clémente. Dans le même temps, les importations de gaz naturel liquéfié (GNL) continuent d’augmenter en Europe et la Norvège est devenue le principal fournisseur de gaz par gazoduc du Vieux Continent.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

Le Forum des pays exportateurs de gaz, qui réunit 19 pays et représente 72 % des réserves mondiales prouvées de gaz, 44 % de la production commercialisée, 56 % des exportations par gazoduc et 52 % sous forme de GNL, a publié un rapport mensuel sur marché gazier mondial. La géopolitique mondiale a particulièrement affecté le marché gazier depuis un an et a accéléré une rétractation de la demande, notamment en Union européenne où le risque de pénurie associé à des coûts prohibitifs de l’énergie ont convaincu la plupart des États membres de mettre en place des politiques de sobriété.

Une consommation en baisse de 19 % dans l’UE

En décembre, Eurostat annonçait que la consommation de gaz naturel de l’UE avait diminué de 20,1 % au cours de la période août-novembre 2022, par rapport à la consommation moyenne de gaz pour les mêmes mois (août-novembre) entre 2017 et 2021. En janvier 2023, l’UE a donc poursuivi cette baisse de la demande, avec 19 % en glissement annuel pour atteindre 40 milliards de m3 en janvier 2023. Deux facteurs principaux expliquent cette baisse : des températures supérieures à la normale et très concrètement une baisse des consommations de chauffage dans le secteur résidentiel et bien sûr le règlement européen de juillet qui demandait à chaque État une baisse coordonnée de la demande de gaz de 15 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Les efforts d’économies d’énergie ont aussi freiné la consommation de gaz dans l’UE, les industriels se limitant pour leur part « en raison des prix élevés sur le marché européen« . Au sein de l’Union européenne, le gaz utilisé dans des centrales électriques a baissé de 13 % en janvier sur un an, au profit du charbon (+ 24 %) et de l’hydraulique (+ 8 %). Même constat  au Royaume-Uni, avec les mêmes indicateurs de consommation en baisse de 16 % à 7,4 milliards de mètres cubes, un hiver doux, des prix élevés et davantage de production d’électricité hydraulique (+ 32 % en janvier sur un an), éolienne (+ 30 %) et solaire (+ 3 %). La consommation de gaz aux États-Unis a diminué de 8,8 % en glissement annuel (92 milliards de m3) en raison de températures plus élevées et d’un ralentissement de l’activité industrielle.

La consommation française en baisse de 17 %

La consommation de gaz a baissé de 9 % en moyenne sur l’année 2022 indiquait la semaine dernière GRTgaz lors d’une conférence de presse. En janvier 2023, la consommation de gaz de la France a diminué « de 17 % en glissement annuel pour atteindre 4,8 Gm3, sous l’effet de températures supérieures à la normale, qui ont affecté la demande du secteur résidentiel » précise le rapport. La consommation de gaz dans le secteur industriel a enregistré une baisse de 19 % par rapport à l’année précédente. Les prix élevés ont contraint certaines industries a diminuer leur production. La production d’électricité à partir du gaz, qui avait augmenté de 30 % en moyenne sur l’année 2022, a diminué de 20 % au cours du mois de janvier, tandis que la production totale d’électricité en France a diminué de 6 % par rapport à l’année précédente, pour atteindre 30 TWh. « Une augmentation de la production éolienne (86 % en glissement annuel), solaire (4 %) et hydraulique (7 %) » a été enregistrée au cours du mois, tandis que la production d’électricité à partir du nucléaire est en baisse de 13 %.

Les importations de GNL dominantes en Europe

Sans surprise, les importations de gaz naturel par gazoduc au sein de l’UE ont poursuivi la tendance à la baisse – une baisse de 35 % en glissement annuel -, pour atteindre 12,7 milliards de m3 en janvier 2023. En 2020, la Russie fournissait près de 40 % de la consommation européenne de gaz, soit environ 200 milliards de m3. Le gaz russe représentait plus de 65 % des importations allemandes et 46 % des importations italiennes. Aujourd’hui, si la Russie ne distribue plus de gaz par gazoduc à l’UE, elle continue tout de même de fournir du GNL (17 % des importations de l’UE au troisième trimestre 2022). En janvier, si les importations mondiales de GNL ont diminué de 1,4 % en glissement annuel pour atteindre 36,7 mégatonnes (Mt), une première depuis février 2021, les importations de GNL de l’Europe ont augmenté de 6 % en glissement annuel pour atteindre 12,2 Mt, compensant ainsi la baisse d’importation par gazoduc de Russie. Les importations de GNL continuent de baisser en Asie (- 2 %), notamment en Chine, pour atteindre 23,8 Mt. Si, selon de nombreux experts, le marché du GNL devrait rester tendu jusqu’en 2025, notamment en raison de la demande européenne, les prix spot du gaz et du GNL en Europe et en Asie ont fortement baissé en janvier et « ont connu une volatilité relativement plus faible par rapport aux mois précédents », avec des prix spot du GNL de la TTF et de la NEA en moyenne de 19,9 dollars/MMBtu et de 20,7 dllars/MMBtu, « soit des baisses respectives de 44 % et 32 % en glissement annuel » précise le rapport, évoquant encore une fois la météo comme principale explication mais aussi le bon niveau des stockages de gaz et une offre suffisante.