Gaz : la France propose que les 27 décident d’un plafonnement du prix d’achat aux fournisseurs

Selon Bercy, au cours des dernières semaines, le prix du pétrole a doublé par rapport à 2019, celui du gaz a été multiplié par 15 avant de redescendre plus récemment et celui de l’électricité par 10.

Publié le 18/03/2022

4 min

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La France a proposé aux autres membres de l’Union européenne de mettre en place un « plafonnement à 27 des prix du gaz » afin de lutter contre l’augmentation massive des prix de cette énergie que l’UE importe à 40 % de Russie, a affirmé vendredi le ministre français de l’Économie Bruno Le Maire. Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’UE et la France multiplient les annonces pour sortir de leurs dépendances aux hydrocarbures russes.

Par la rédaction, avec AFP

 

« Nous ne produisons pas de gaz, donc la seule chose que nous pourrions envisager, que nous avons proposée et que j’ai défendue auprès de mes homologues européens, c’est l’idée d’avoir un plafonnement à 27 des prix du gaz », a déclaré Bruno Le Maire lors d’une audition devant les commissions des finances et des affaires économiques de l’Assemblée nationale.  « Ce qui fait qu’on pourrait négocier avec nos trois principaux fournisseurs – la Russie, la Norvège et l’Algérie – un prix à 27 qui soit un prix plafonné« , a-t-il estimé, ajoutant qu' »on imposerait du coup un maximum de prix aux compagnies qui sont des compagnies productrices », citant notamment la russe Gazprom et l’algérienne Sonatrach. Si l’Algérie a déjà annoncé qu’elle serait en mesure de fournir à court terme mais surtout à moyen plus de gaz à l’UE, la Norvège a annoncé il y a deux jours qu’elle maintiendrait sa production de gaz à un niveau maximum pour continuer à livrer l’UE.

Réduire des deux tiers les importations énergétiques russes 

Pour rappel, l’UE importe 90 % de sa consommation de gaz, dont 45 % environ depuis la Russie, à des niveaux variables d’un État membre à l’autre. La Russie représente également quelque 25 % des importations de pétrole et 45 % des importations de charbon. La Commission européenne travaille sur un plan, « REPowerEU », dont elle a présenté une ébauche le 8 mars, qui cherchera à diversifier l’approvisionnement en gaz, à accélérer le déploiement des gaz renouvelables et à remplacer le gaz utilisé pour le chauffage et la production d’électricité. Si les annonces sont attendues en mai, la Commission a déjà évoqué son souhait de réduire des deux tiers ses importations gazières en provenant de Russie dès la fin de cette année. Une annonce qui ne fait pas consensus au sein des États membres qui n’ont pas tous le même degré de dépendance aux hydrocarbures russes. L’Allemagne cherche de son côté par tous les moyens à s’affranchir des hydrocarbures russes ainsi que de nouvelles voies de diversification.

Une solution collective qui ne fait pas consensus 

Bruno Le Maire a toutefois reconnu qu’à ce stade la proposition d’un plafonnement à 27 des prix du gaz n’avait pas reçu un accueil positif unanime de la part des autres pays membres de l’UE. « Ce serait une intervention sur le marché qui heurte certains de nos partenaires européens », a-t-il expliqué. Début mars, le ministre avait déjà plaidé pour une « solution collective européenne« , évoquant « des achats groupés, en commun pour faire bloc et obtenir des tarifs moins élevés« . Les discussions doivent se poursuivre, avec en ligne de mire le prochain sommet européen des 24 et 25 mars. Depuis l’automne 2021, la France a gelé le prix du gaz vendu aux ménages français en compensant ce gel aux fournisseurs qui continuent de s’approvisionner sur les marchés où les cours du gaz se sont envolés depuis plusieurs mois. Cette mesure devait initialement coûter 1,2 milliard d’euros à l’État mais désormais Bruno Le Maire évalue son coût à 6,4 milliards d’euros. Ailleurs en Europe, la Belgique et les Pays-Bas ont décidé d’abaisser leur TVA sur l’énergie, tandis que la Pologne l’a purement et simplement supprimée pour le gaz. L’Allemagne a notamment fait le choix de déployer des aides publiques au chauffage.

Source : Alexandros Michailidis / Shutterstock.com.