France gaz appelle à inscrire l’objectif 20 % de gaz renouvelable dans la PPE

En France, plus de 1400 sites de méthanisation sont en service dont 514 injectent dans les réseaux gaziers pour une puissance maximum installée estimée à 9 TWh.

Publié le 13/01/2023

5 min

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Ce 12 janvier, l’Association française du gaz est devenue France gaz. Une nouvelle identité « plus en adéquation » avec les enjeux d’aujourd’hui mais affichant une même volonté : celle d’inscrire les gaz renouvelables dans le mix énergétique français. Pour cela, France gaz appelle dès aujourd’hui les pouvoirs publics à doubler l’objectif de consommation de gaz renouvelable et bas carbone prévu pour 2030 dans la prochaine stratégie française énergie climat (Sfec) pour atteindre 20 % de la consommation totale de gaz.

Par Laura Icart

 

« Une nouvelle identité pour illustrer la diversité et la pluralité de l’énergie gaz, vecteur de souveraineté, de résilience, de sécurité énergétique et d’innovations au service des Français et des territoires » souligne le président de France gaz, Jean-Marc Leroy. Le syndicat gazier, qui représente la filière depuis bientôt 150 ans, mise aujourd’hui sur « deux piliers » : la protection des Français d’une part, « avec un écosystème gazier particulièrement résilient » insiste Jean-Marc Leroy, alors que l’Europe connaît une crise énergétique inédite, marquée par une insécurité sur l’approvisionnement et une grande vulnérabilité des prix ; et l’innovation d’autre part, fer de lance de toute une nouvelle génération de technologies de production de gaz renouvelables, portée majoritairement par un tissu industriel français. France gaz « sera plus représentatif, avec des acteurs du monde agricole et du monde des déchets qui vont nous rejoindre » indique Thierry Chapuis, délégué général de France gaz.

Miser sur le potentiel des gaz renouvelables

Le 17 mars, lors de la présentation de son panorama des gaz renouvelables, la filière gazière estimait que le potentiel mobilisable, à savoir 420 TWh, permettrait très largement de couvrir la demande gazière en France à horizon 2050, estimée entre 300 et 350 TWh. En 2030, selon différents scénarios prospectifs établis par divers acteurs de la filière en lien avec les scénarios de l’Ademe, Solagro ou négaWatt, France gaz estime que le potentiel « réaliste » de production de gaz renouvelable est de 70 TWh (contre 9 TWh au 10 janvier 2023), soit 20 % de notre consommation actuelle de gaz (contre 2 % actuellement). Un potentiel porté principalement par le biométhane injecté (entre 47 et 50 TWh par an) issu de la méthanisation, le restant étant issu de la cogénération (entre 10 et 13 TWh par an) et environ 11 TWh de production de gaz renouvelables par les filières innovantes pour injection (pyrogazéification, gazéification hydrothermale, power to gas). À cela il faudra ajouter le potentiel de l’hydrogène, avec des projets qui se développent rapidement, et du biopropane. Les gestionnaires de réseaux gaziers estiment pour le biométhane injecté qu’une capacité de production additionnelle de plus de 15 TWh par an pourrait être ajoutée dans les deux prochaines années, alors que le nombre de projets inscrits dans le registre de capacités est estimé aujourd’hui autour à 16 TWh. De quoi très largement dépasser les ambitions, même hautes, fixées dans la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), à savoir 28 TWh en 2028. Alors que les objectifs d’injection de biométhane prévus dans l’actuelle PPE pour fin 2023, à savoir 6 TWh, ont été dépassés en fin d’année 2022, France gaz estime que les pouvoirs publics doivent aller plus loin sur la question des gaz renouvelables, la seule filière EnR à avoir atteint ses objectifs, et soutenir une trajectoire de consommation plus ambitieuse que la PPE (7 %) et que la loi de transition écologique pour une croissance verte (LTECV). Un souhait qui semble être aussi celui de 1 000 Français interrogés dans le cadre d’un sondage Ifop réalisé pour le compte de France gaz, puisque 84 % d’entre eux considèrent que les pouvoirs publics doivent aller plus loin pour encourager le développement de la production de gaz renouvelables. La dimension souveraine de cette production énergétique n’est certainement pas étrangère à cette réponse, dans un contexte géopolitique qui nous rappelle que notre dépendance aux ressources extérieures et fossiles participe à notre vulnérabilité économique. «Reconstruire notre puissance énergétique, c’est s’appuyer sur une production décarbonée et souveraine sur nos territoires» indique le président de France gaz.

Quels sont les leviers à actionner selon France gaz ?

L’inscription de l’objectif de 20 % de consommation de gaz renouvelables et bas carbone en 2030 dans la loi est «une priorité» pour France gaz qui compte notamment sur le débat parlementaire sur la PPE pour convaincre les parlementaires. Mais d’ici là, le syndicat gazier espère que plusieurs mesures comme l’intégration du biogaz dans le fonds de garantie prévue par la loi d’accélération des énergies renouvelables, l’instauration de contrat direct du type PPA appliqué au biométhane, ou encore le réajustement des tarifs d’achat pour tenir compte des effets de la crise dans un contexte fortement inflationniste seront mis en place. France gaz insiste également sur le dispositif des certificat de production de biogaz (CPB), introduit par la loi climat et résilience, qui doit permettre de massifier la production sans impacter les finances publiques. Si ce dispositif fortement poussé par la filière gazière suscite encore quelques craintes, notamment du monde agricole, quant à son fonctionnement, pour les acteurs gaziers il s’agit bien de «redynamiser la filière et de rester compétitif » avec une année 2022 où peu de nouveaux projets ont été déposés, faute de compétitivité. Ils ont notamment proposé, dans un courrier adressé à la ministre de la Transition énergétique en décembre, une trajectoire de lancement du dispositif avec des volumes allant de 1 TWh en 2026 pour de 3 à 5 TWh en 2028.

Crédit : Frédéric Berthet, GRDF