Énergie : l’UE refuse de céder à Moscou sur le paiement des contrats en roubles

Publié le 02/05/2022

6 min

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Les ministres européens de l’Énergie, convoqués en urgence lundi à Bruxelles à la demande la présidence française, ont cherché une parade à la décision de Gazprom – qui vient d’annoncer une forte baisse de ses livraisons en Europe – de couper le gaz à Pologne et la Bulgarie et ont évoqué un arrêt progressif de leurs achats de pétrole dans le cadre d’un sixième paquet de sanctions contre Moscou.

Par la rédaction, avec AFP

 

« Nous continuerons de payer les contrats passés en euros » a affirmé la ministre française de la Transition écologique Barbara Pompili. « Idem pour ceux en dollars » a-t-elle ajouté quelques minutes avant le début de ce conseil extraordinaire de l’énergie, qui fait suite à une semaine particulièrement tendue entre Moscou et Bruxelles alors que le groupe Gazprom décidait brutalement de couper le gaz à la Pologne et à la Bulgarie. Barbara Pompili a également rappelé que l’objet de ce conseil était faire un point sur les principales mesures visant à réduire la vulnérabilité énergétique de l’UE, notamment l’obligation de remplissage à 80 % et les achats groupés de gaz. 

La Pologne et la Bulgarie privées de gaz russe

« Nous avons refusé de payer le gaz russe en roubles et la Russie nous a coupé l’approvisionnement, mais nous sommes à l’abri », a assuré la ministre polonaise Anna Moskwa à son arrivée pour la réunion. « Nous plaidons pour un embargo immédiat sur le pétrole et le gaz. L’heure est venue pour le pétrole, puis ensuite viendra le gaz. L’Europe doit se débarrasser de la dépendance aux énergies fossiles russes », a-t-elle soutenu. Les réserves polonaises de gaz « seront à 100 % de leurs capacités pour cet hiver ». Du gaz naturel liquéfié américain « a commencé à arriver par la Lituanie et nous allons nous fournir en gaz de Norvège par le Danemark« , a-t-elle expliqué. 

L’UE est alignée : « Pas de paiement en roubles » 

La Russie a répondu aux sanctions européennes contre sa banque centrale en imposant l’obligation d’ouvrir un compte en roubles pour les transactions sur le gaz. Or, les contrats conclus par les compagnies européennes sont libellés en euros ou en dollars et la Commission européenne considère que le mécanisme de conversion imposé par Moscou permet de contourner les sanctions européennes. La Pologne et la Bulgarie ont réglé leurs achats dans la devise prévue dans leurs contrats avec Gazprom et ont refusé d’ouvrir un second compte en roubles. La compagnie gazière russe a en rétorsion suspendu ses livraisons, considérant que le règlement n’avait pas été effectué. Les ministres de l’Énergie doivent examiner dans quelle mesure l’ouverture d’un second compte pour permettre la conversion en roubles pose problème au regard des sanctions, dès lors que Gazprom livre le gaz, une fois reçu le versement en euros ou en dollars, a-t-on expliqué de source européenne. «Aucune compagnie et aucun pays n’a l’intention d’ouvrir un compte en roubles« , a assuré la commissaire à l’Énergie Kadri Simson à son arrivée pour la réunion. Mais la question va être débattue au cours de la réunion.

Réduire la dépendance : une priorité pour Bruxelles

Les ministres doivent par ailleurs se concerter sur un arrêt progressif des achats de pétrole et de produits pétroliers russes afin de tarir les financements européens pour la guerre menée par le Kremlin en Ukraine. Mais aucune décision n’est attendue à l’issue de leur réunion, a précisé la ministre française Barbara Pompili, présidente de la réunion. « Un nouveau paquet de sanctions est en préparation, mais ce ne sera pas l’objet de ce conseil de l’Énergie. Il viendra dans les jours qui viennent« , a-t-elle expliqué. « Nous travaillons sur un nouveau paquet de sanctions », a confirmé la commissaire Simson. « Une réunion du collège va se tenir mardi à Strasbourg (en marge de la session du Parlement) et la présidente Ursula von der Leyen précisera ce qui a été décidé », a-t-elle indiqué. La proposition est finalisée et sera adoptée mardi par la Commission, selon une source européenne. « La question des sanctions n’est pas de la compétence des ministres de l’Énergie, mais relève des Affaires étrangères« , a rappelé la ministre espagnole Teresa Ribera. Pour réduire la dépendance des Européens aux énergies fossiles « le plus rapidement possible« , la ministre espagnole a insisté sur la nécessité de doter l’UE d’interconnexions pour l’acheminement de l’électricité et du gaz. « Nous avons considérablement réduit notre dépendance vis-à-vis du pétrole russe et nous avons créé les conditions nécessaires pour pouvoir également soutenir un embargo« , a assuré son homologue allemand Robert Habeck. En 2021, la Russie a fourni 30 % du brut et 15 % des produits pétroliers achetés par l’UE. « Nous ne demandons pas un embargo immédiat sur toutes les importations de combustibles fossiles, parce que (nous savons) que nous ne pourrions pas tenir un seul mois », a expliqué lundi à Berlin la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock.

Crédit : Union européenne.