Le plan de sauvetage de l’industrie automobile au cœur de la relance

Publié le 26/05/2020

6 min

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Emmanuel Macron a annoncé le 26 mai un plan à plus de 8 milliards d’euros pour soutenir l’industrie automobile française fortement impactée par la crise du coronavirus et qui emploie près de 400 000 personnes dans notre pays.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

C’est depuis l’usine de l’équipementier Valeo, dans le Pas-de-Calais, que le chef de l’État a présenté les grandes lignes de son « plan de soutien à l’automobile pour une industrie verte et compétitive ». Un plan en trois directions qui ambitionne de renouveler le parc automobile français en faveur des véhicules propres avec des incitations financières importantes, d’investir massivement dans l’innovation et la production de véhicules propres sur le territoire national et enfin accompagner et soutenir les entreprises du secteur qui connaissent de grosses difficultés – et notamment protéger l’emploi.

« Rester une grande nation de l’automobile »

C’est l’ambition affichée par le président de la République et le gouvernement avec à la clé un investissement de près de 8 milliards d’euros pour soutenir l’industrie automobile française. Un secteur qui représente, selon le ministère de la Transition écologique et solidaire (MTES) « 18 % du chiffre d’affaires de l’industrie française » et qui a connu en avril une baisse moyenne d’activité de plus 80 %, à laquelle s’ajoute dans un ordre de grandeur similaire la chute des ventes d’automobiles. « La reprise sera longue : les prévisions actuelles du marché automobile font état d’une baisse du marché en 2020 d’au moins 20 % au plan mondial et potentiellement de 30 % en Europe » souligne le MTES dans un communiqué.

Inciter à l’achat de véhicules moins polluants

Pour inciter les Français « même les plus modestes » et les entreprises à investir dans des véhicules propres, Emmanuel Macron a annoncé une augmentation massive du bonus écologique pour l’achat des véhicules électriques, avec une enveloppe pouvant aller jusqu’à 7 000 euros pour les particuliers et 5 000 euros pour les entreprises. Pour les hybrides rechargeables, elle est fixée à 2 000 euros. La prime à la conversion des véhicules sera également revalorisée à hauteur de 3 000 euros pour l’achat d’un véhicule moins polluant ( Crit’air 1 à 3), une prime qui pourra même être revalorisée jusqu’à 5 000 euros pour l’achat d’une véhicule électrique mais sous condition de revenus. Le dispositif sera mis en place dès le 1er juin.

Autre annonce : l’accélération du déploiement des bornes électriques pour atteindre dès l’année prochaine l’objectif de 100 000 points de recharge, initialement fixé en 2022. Selon Avere France, notre pays compte 29 600 points de recharge ouverts au public et plus de 305 000 véhicules électrifiés en circulation (100 % électriques ou hybrides rechargeables).

Relocaliser la production et innover

« La valeur ajoutée des véhicules propres doit être générée en France » a souligné le chef de l’État. Il faut dire qu’au-delà des enjeux liés à la transition écologique et à la nécessité de verdir nos routes, la filière automobile française représente près de 400 000 emplois et 4 000 entreprises industrielles qui ont produit en 2019 2,2 millions de véhicules sur notre territoire. Pour permettre à la filière d’inventer et de produire la voiture de demain, le gouvernement a annoncé des investissements à hauteur de 1,5 milliard d’euros, pour moderniser des chaînes de production, pour la robotisation ou encore l’innovation écologique avec trois domaines d’intervention : 200 millions d’euros pour accompagner les entreprises sous-traitantes dans de nouveaux process de production, 600 millions d’euros « pour intervenir en fonds propres et favoriser le développement et les consolidations des entreprises de la filière » et 150 millions d’euros dès cette année pour soutenir la R&D et l’innovation du secteur avec en ligne de mire tout le travail engagé sur les batteries et bien sûr développer la mobilité hydrogène à grande échelle.

La mobilité gaz oubliée ?

Ce plan ne fait  pas référence aux autres carburant alternatifs actuellement disponibles sur le marché que sont le gaz naturel véhicule et son pendant renouvelable le bioGNV , ni au GPL ou bioGPL. . Bien entendu , ces véhicules étant classés en vignette Crit’air 1, les français qui voudraient en faire l’acquisition pourront le faire par le biais de la prime et du bonus bonifiés. 

Dans ses propositions à un plan de relance de l’économie française, publiée ce lundi 25 mai, l’Association Française du gaz ( AFG) a pourtant fait de la mobilité et de la décarbonation du monde des transports un axe prioritaire. « Il faut proposer des solutions alternatives aux français . La mobilité gaz comportent de nombreux avantages économiques et écologiques en servant la souveraineté industrielle de notre pays et en participant à l’attractivité de nos territoires ». Le GPL est actuellement le carburant alternatif le plus utilisé au monde pour les véhicules légers, le GNV et  le bioGNV connaissent une dynamique importante en France, porté notamment par l’essor de la filière méthanisation qui offre de nombreux débouchés sur les territoires. « Nous somme surpris qu’aucune référence n’est été faite sur la mobilité gaz par le président de la République,d’autant plus que Renault est leader européen sur le marché du GPL avec une gamme de voitures parmi les plus importantes du marché »  souligne Joël Pedessac, directeur général du Comité français du  butane propane.  

 

Légende : PARIS, FRANCE – OCTOBER 15, 2016 : Emmanuel Macron inside a Renault Espace (Renault Nissan group )at the Paris Motor Show 2016.