Safran veut décarboner son usine francilienne grâce à la géothermie

Publié le 05/02/2025

5 min

Publié le 05/02/2025

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Le groupe Safran a annoncé ce 5 février un partenariat avec le groupement Dalkia – Arverne Group, pour se doter d’une centrale géothermique, afin de réduire les émissions de CO2 de son usine d’assemblage de moteurs d’avions de Villaroche  en Seine-et-Marne. Pour l’Agence internationale de l’énergie ( AIE), la géothermie représente « une opportunité majeure » pour contribuer à la décarbonation de nos usages.

 

Par la rédaction avec AFP

 

Cette installation « alliera géothermie profonde, pompes à chaleur et réseaux de chaleur modernisés », pour remplacer, à terme, « 84% des besoins énergétiques aujourd’hui alimentés par des chaudières gaz, par une énergie bas-carbone, locale et renouvelable », ont indiqué les partenaires du projet. Avec ce projet, Safran « devient le premier acteur industriel, en Île-de-France » à se doter d’une centrale de géothermie profonde sur son site de Villaroche. Un site « qui devient ainsi un véritable pionnier dans la lutte contre le réchauffement climatique grâce à la géothermie avec 6500 tonnes de CO2 évitées chaque année » a souligné la présidente de Dalkia, Sylvie Jehano sur Linkedin.

Mise en service prévue en 2026

Les forages, de 1.650 mètres de profondeur, là où la température de l’eau atteint près de 75°C, « seront réalisés sur le site, en fin d’année 2025″, selon le groupe, qui espère une mise en service de la centrale géothermique pour « fin 2026 », précise-t-il dans un communiqué.   6.500 tonnes de CO2 évitées par an, c’est une « une réduction de 75% des émissions carbone liées au chauffage du site » précise Safran. « Ce projet s’inscrit en complément d’autres initiatives majeures de Safran telles que l’installation de parcs photovoltaïques sur une quinzaine de sites du Groupe en France et à l’international » souligne Delphine Berilloux, Directrice des Responsabilités Humaines et Sociétales, en charge des établissements Safran Aircraft Engines. La géothermie est une technologie complexe qui consiste à forer le sol et à y puiser de l’énergie calorique pour le chauffage ou la production d’électricité.

 

De nombreux projets en Ile de 

 En Île-de-France, la géothermie est très présente, tant en géothermie de surface soit une profondeur de forage inférieure à 200 mètres qu’en géothermie profonde, pouvant aller jusqu’à 2 000 m. Plus de 5 700 installations en fonctionnement en géothermie de surface, dont 80 opérations en résidentiel collectif et 340 dans le tertiaire et l’industrie sont actuellement en service selon l’Agence de la transition écologique ( Ademe) pour une production de chaleur renouvelable d’environ 0,2 TWh en 2023. Du côté de la géothermie profonde, on compte 57 installations pour une production de 1,9 TWh. Une trentaine de projets serait en cours d’étude. «  Nous sommes convaincus que les ressources du sous-sol, et en particulier la géothermie, sont des leviers essentiels pour réussir la transition énergétique et répondre aux défis de décarbonation de l’industrie »  souligne de son côté, Pierre Brossollet, Fondateur et Président, directeur général d’Arverne Group.

 

Une « opportunité majeure » selon l’AIE

C’est une énergie à « haut potentiel, estime l’AIE, largement inexploitée », qui pourrait offrir un « avenir radieux » dans un monde où les besoins en électricité vont augmenter massivementv. Les progrès technologiques ouvrent de « nouveaux horizons à la géothermie » soulignait en décembre, l’Agence internationale de l’énergie ( AIE). Si pour l’instant la géothermie répond à moins de 1 % de la demande mondiale d’énergie avec une utilisation qui reste concentrée dans quelques pays disposant de ressources « facilement accessibles », notamment les États-Unis, l’Islande, l’Indonésie, la Turquie, le Kenya et l’Italie, la géothermie pourrait satisfaire jusqu’à 15 % de la croissance de la demande mondiale d’électricité d’ici à 2050 « grâce à l’amélioration continue des technologies et à la réduction des coûts des projets ». Concrètement, cela signifierait le déploiement rentable de pas moins de 800 GW de capacité d’énergie géothermique dans le monde, produisant près de 6 000 térawattheures par an, soit « l’équivalent de la demande actuelle d’électricité des États-Unis et de l’Inde réunis ». La géothermie est une « opportunité majeure de tirer parti de la technologie et de l’expertise de l’industrie pétrolière et gazière » souligne Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE qui estime « que la croissance de la géothermie pourrait générer des investissements d’une valeur de 1 000 milliards de dollars d’ici à 2035 ».

   En France néanmoins, les projets de ce type ont connu ces derniers mois des fortunes diverses. Le géant automobile Stellantis a inauguré à la mi-décembre une centrale géothermique dans son usine de Caen (Calvados), alors que Renault, qui portait un projet similaire pour son usine de Douai (Nord), a jeté l’éponge, faute d’atteindre les performances escomptées.