La géothermie « stratégique » et « à haut potentiel » selon l’AIE

Le secteur de la géothermie fournit environ 145 000 emplois aujourd'hui et pourrait sextupler pour atteindre 1 million d'emplois d'ici la fin de la décennie indique l'AIE qui relève comme beaucoup de filière énergétique aujourd'hui  "un risque de pénurie de main-d'œuvre qualifiée." ©Shutterstock

Publié le 17/12/2024

4 min

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« La demande mondiale d'électricité est appelée à croître fortement dans les années à venir » indique depuis plusieurs mois l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Et la géothermie pourrait permettre de répondre à une partie de cette croissance estime l’AIE dans un nouveau rapport publié le 13 décembre, puisque l'énergie géothermique pourrait répondre à « 15 % de la croissance de la demande mondiale d'électricité d'ici à 2050 ». Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui   C’est une énergie à « haut potentiel, estime l’AIE, largement inexploitée », qui pourrait offrir un « avenir radieux » dans un monde où les besoins en électricité vont augmenter massivement. La consommation d’électricité a augmenté deux fois plus vite que la demande globale d’énergie au cours de la dernière décennie, les deux tiers de l’augmentation mondiale de la demande d’électricité au cours des 10 dernières années provenant de la Chine, indiquait l’agence dans son « World Energy Outlook » publié en octobre. Un « avenir radieux » Les progrès technologiques ouvrent de « nouveaux horizons à la géothermie ». Si pour l'instant la géothermie répond à moins de 1 % de la demande mondiale d'énergie avec une utilisation qui reste concentrée dans quelques pays disposant de ressources « facilement accessibles », notamment les États-Unis, l'Islande, l'Indonésie, la Turquie, le Kenya et l'Italie, la géothermie pourrait satisfaire jusqu'à 15 % de la croissance de la demande mondiale d'électricité d'ici à 2050 « grâce à l'amélioration continue des technologies et à la réduction des coûts des projets ». Concrètement, cela signifierait le déploiement rentable de pas moins de 800 GW de capacité d'énergie géothermique dans le monde, produisant près de 6 000 térawattheures par an, soit « l'équivalent de la demande actuelle d'électricité des États-Unis et de l'Inde réunis ». La géothermie est une « opportunité majeure de tirer parti de la technologie et de l'expertise de l'industrie pétrolière et gazière » souligne Fatih Birol, directeur exécutif de l'AIE qui estime « que la croissance de la géothermie pourrait générer des investissements d'une valeur de 1 000 milliards de dollars d'ici à 2035 ». Un potentiel important La géothermie conventionnelle reste aujourd'hui une technologie développée dans quelques pays seulement. Environ une trentaine d'États, dont la France, ont développé des politiques spécifiques liées à l'essor de la géothermie alors que plus d’une centaine ont développé une stratégie pour le solaire. « La géothermie n’est pas une option » estime l’AIE, elle s’inscrit dans une vraie dynamique de décarbonation de nos usages. En moyenne, la capacité géothermique mondiale avait un taux d'utilisation supérieur à 75 % en 2023 contre moins de 30 % pour l'énergie éolienne et moins de 15 % pour l'énergie solaire photovoltaïque. Les centrales géothermiques peuvent fonctionner de manière flexible, ce qui contribue à la stabilité des réseaux électriques, en garantissant que la demande peut être satisfaite à tout moment et en soutenant l'intégration des énergies renouvelables variables telles que l'énergie solaire photovoltaïque et l'énergie éolienne. « Le potentiel technique total des systèmes géothermiques de nouvelle génération pour la production d'électricité est le deuxième plus important parmi les technologies renouvelables, après le solaire photovoltaïque » précise l’AIE. L'utilisation des ressources thermiques « à des profondeurs inférieures à 8 km peut fournir près de 600 TW de capacité géothermique avec une durée de vie de 25 ans » indique le rapport. Un potentiel qui augmente à mesure que les technologies se développent, que les forages à des profondeurs supérieures à 3 km s’ouvrent. Le potentiel géothermique mondial des aquifères sédimentaires à des profondeurs allant jusqu'à 3 km et à des températures supérieures à 90 °C « est estimé à environ 320 TW ». Le potentiel technique de la géothermie « serait plus que suffisant pour répondre à l'ensemble de la demande d'électricité et de chaleur en Afrique, en Chine, en Europe, en Asie du Sud-Est et aux États-Unis » indique l’AIE qui estime que cette énergie est particulièrement « prometteuse » sur les marchés où « la demande d'électricité augmente rapidement », car elle complète la production d'autres technologies à faibles émissions. La géothermie, une opportunité selon l’AIE qui soulève néanmoins la question de la réduction des coûts. Avec des soutiens « adéquats », les coûts de la géothermie de nouvelle génération « pourraient chuter de 80 % d'ici 2035 » estime l’agence, évoquant à cet horizon des projets qui « pourraient fournir de l'électricité pour environ 50 dollars par mégawattheure », soit l'une des sources d'électricité à faibles émissions les moins chères, au même niveau ou en dessous de l'hydroélectricité, du nucléaire et de la bioénergie.

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