Pollution de l’air : les négligences de l’UE

Publié le 12/09/2018

3 min

Publié le 12/09/2018

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Selon un nouveau rapport spécial de la Cour des comptes européenne présenté hier, l’action engagée par l’Union européenne pour protéger la santé humaine contre la pollution atmosphérique n’a pas produit les effets escomptés. La pollution atmosphérique provoque chaque année quelque 400 000 décès prématurés au sein de l’Union, avec un coût sanitaire externe qui se chiffre en centaines de milliards d’euros par an.

Par Laura Icart
 
« La pollution atmosphérique est le principal facteur environnemental de risque pour la santé dans l’Union européenne » a déclaré Janusz Wojciechowski, membre de la Cour des comptes européenne et responsable du rapport. Et pourtant ce lourd coût humain et économique n’aurait pas, selon les auditeurs du rapport, encore suscité d’action appropriée à l’échelle de l’Union. 
 

Un bilan sanitaire énorme

« Au cours des dernières décennies, les politiques de l’UE ont contribué à faire diminuer les émissions, mais la qualité de l’air ne s’est pas améliorée au même
rythme, et les effets sur la santé publique restent considérables », poursuit Janusz Wojciechowski. Les particules fines, le dioxyde d’azote et l’ozone troposphérique sont responsables de la plupart de ces décès prématurés. Particulièrement exposés, les habitants des zones urbaines sont les premiers concernés. Un constat valable partout dans le monde.
 
Lors de l’audit, les rapporteurs ont étudié et évalué les actions menées par l’UE pour protéger la santé des Européens. Pierre angulaire de la politique de l’UE en matière de qualité de l’air, la directive sur la qualité de l’air ambiant adoptée en 2008 a été passée au crible. Les auditeurs ont examiné la conception de cette directive en cherchant à savoir si les États membres l’avaient mise en œuvre efficacement et si la Commission a joué son rôle en contrôlant sa stricte application. Autre point étudié : la prise en compte de la qualité de l’air dans les autres politiques de l’UE, « si celle-ci y a consacré suffisamment de fonds, et si le public a été bien informé au sujet de la qualité de l’air ».
 

Des normes peu respectées par les États

Les conclusions dressées par les auditeurs sont peu flatteuses pour l’UE. S’ils reconnaissent que des efforts ont été faits et que les émissions de polluants atmosphériques sont en recul, ils regrettent que les normes de qualité de l’air de l’UE,  fixées il y a près de vingt ans, soient à la fois « nettement moins strictes que les lignes directrices de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) » et « trop peu contraignantes au regard des dernières données scientifiques ». Autre regret : les auditeurs constatent que la plupart des États membres ne respectent toujours pas les normes de qualité de l’air de l’UE et n’agissent pas avec une efficacité suffisante pour améliorer la qualité de l’air.
 
Au vu du rapport, l’UE semble encore avoir de nombreux points à améliorer pour permettre à ses citoyens de respirer un air plus sain.