Méthanisation : l’Île-de-France va multiplier par cinq ses capacités de valorisation des biodéchets d’ici 2025

L’unité de méthanisation O’terres Énergies à Ussy sur Marne (77) incorpore un part de biodéchets dans son digesteur.

Publié le 30/06/2021

4 min

Publié le 30/06/2021

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Au 1er janvier 2024, le tri des biodéchets pour les particuliers comme pour les professionnels sera obligatoire pour tous. En Île-de-France, région la plus peuplée de France, le potentiel de valorisation des biodéchets est très important. Il représente selon l’Ademe près d’un quart (avec les boues d’épuration) du potentiel de gisement méthanisable. Le 29 juin, la branche francilienne de GRDF, le Groupement national des indépendants hôtellerie-restauration (GNI) et l’entreprise Moulinot, pionnière dans le traitement des biodéchets, ont présenté leurs ambitions pour faire émerger une filière francilienne de valorisation de ces biodéchets en gaz vert.

Par Laura Icart 

 

Avec le compostage, la méthanisation est l’une des voies de valorisation des biodéchets. L’instauration de la loi Agec rendra d’ici moins de trois ans obligatoire pour tous le tri à la source des déchets organiques. Pour rappel, elle ne concernait jusque-là que les producteurs de plus de 10 tonnes de déchets organiques par an. En moyenne, l’Ademe estime qu’un habitant produit 83 kg de biodéchets par an, ce qui équivaut à environ 30 % de nos ordures ménagères.

Seulement 13 % de biodéchets collectés en Île-de-France

À l’heure actuelle, sur les 500 000 tonnes de biodéchets alimentaires mobilisables en région francilienne, seuls 13 % sont collectés et sont pour la très grande majorité (89 %) issus d’activités professionnelles déjà soumises à cette obligation de tri. Cependant, près des deux tiers du gisement serait encore à capter rien que pour les activités professionnelles. Pour Stephan Martinez, le fondateur de Moulinot – entreprise de référence dans la valorisation des biodéchets professionnels, principalement dans le secteur de la restauration -, « les restaurateurs sont des acteurs majeurs de cette filière, ils doivent être mieux accompagnés et plus incités à valoriser leurs biodéchets », ajoutant qu’il faut « redonner du sens au reste alimentaire ». Son entreprise collecte des biodéchets, principalement en grande couronne parisienne, pour les valoriser via le compostage et la méthanisation. Si le chemin est encore long à parcourir pour les professionnels du secteur, il le semble encore plus pour les particuliers où seulement 2 % du potentiel méthanisable serait aujourd’hui collecté malgré quelques expérimentations menées à un échelon local, comme à Romainville ou à Viroflay. Pour Guillaume Gomes, ancien chef des cuisines de l’Élysée devenu depuis ambassadeur de la gastronomie, de l’alimentation et des arts culinaires, qui travaille avec Moulinot depuis 2014, le tri et la valorisation des biodéchets sont « avant tout du bon sens » qu’il faut davantage « mettre en avant » et faire « plus de pédagogie » auprès du public et particulièrement des jeunes qui sont les consommateurs de demain.

18 méthaniseurs valoriseront des biodéchets d’ici 2025

Dans la région francilienne, près de 21 méthaniseurs injectent dans les réseaux gaziers du biométhane, principalement d’origine agricole. Actuellement, quatre méthaniseurs situés en Seine-et-Marne, dont l’unité de méthanisation O’terres Énergies, intègrent dans leurs unités une part de biodéchets collectés par l’entreprise Moulinot. Elle effectue notamment l’hygiénisation des déchets alimentaires pour éliminer les éléments pathogènes sur son site de Stains, en Seine-Saint-Denis, et permettre un retour au sol d’un fertilisant de qualité pour les agriculteurs. Les capacités de méthanisation des biodéchets en Île-de-France sont estimées à 40 000 tonnes par an. « Elles vont être multipliées par cinqd’ici 2025 » indique Véronique Bel, directrice adjointe client chez GRDF en Île-de-France, passant à 200 000 tonnes par an. Pour y parvenir, sur les 80 méthaniseurs qui seront en service en 2025, 18 unités intégreront des biodéchets, dont « neuf seront exclusivement dédiées au traitement de ces biodéchets » précise-t-elle à Gaz d’aujourd’hui. Parmi ces unités dédiées, deux rentreront en service d’ici la fin de l’année : l’unité territoriale Equimeth, située à Moret-Loing-et-Orvanne valorisera près de 25 000 tonnes de matières organiques et le projet Modul’O Yvelines, développé par la start-up Tryon et pensé pour traiter les biodéchets en milieu urbain (8 000 tonnes par an) entrera en service à Carrières-sous-Poissy en septembre. Deux autres unités, avec des capacités très importantes (entre 35 000 et 50 000 tonnes par an) entreront en service entre 2023 et 2025, dont le projet de biométhanisation conduit par le Syctom et le Sigeif dans le port fluvial de Gennevilliers.

Crédit : Laura Icart.