Trifyl : l’innovation au coeur du territoire

Publié le 02/11/2019

4 min

Publié le 02/11/2019

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Lancé en 2014, le projet « Trifyl Horizon 2020 » doit permettre une approche plus innovante de la gestion et de la valorisation des déchets d’un territoire de plus de 480 000 habitants au cœur de la région Occitanie, avec en ligne de mire l’injection de biométhane dans le réseau de Teréga d’ici trois ans.

Par Laura Icart

 

C’est en 1999 que Jean-Marc Pastor, ancien sénateur du Tarn alors président de l’Association des maires et des élus locaux du Tarn, ainsi que les élus décident de créer Trifyl, syndicat mixte départemental de valorisation des déchets ménagers et assimilés (14 collectivités adhérentes, soit 363 communes et un peu plus 327 000 habitants du Tarn, d’une partie de l’Hérault et de la Haute-Garonne).

L’esprit Trifyl

Depuis, le syndicat gère 35 déchèteries, 2 centres de tri, 1 bioréacteur, un ensemble d’équipements de valorisation énergétique, 2 plateformes de compostage, 2 plateformes bois-énergie et 4 chaufferies et réseaux de chaleur bois-énergie. « À Trifyl, les élus ont fait le choix de l’innovation depuis le début. Aujourd’hui nous travaillons sur tous les sujets capables de doper la production de gaz renouvelables » explique Alex de Nardi, ingénieur R&D chez Trifyl.

Douze ans au service de la valorisation énergétique des déchets

Trifyl, qui chaque année collecte et traite par enfouissement 180 000 tonnes de déchets ménagers et assimilés, a anticipé la future réglementation en installant dès 2007 un bioréacteur sur le site d’enfouissement de Labessière-Candeil. La dégradation accélérée des déchets résiduels annuels produit entre autres du biogaz que Trifyl valorise à plus de 90 % sous forme d’électricité et de chaleur via trois moteurs de cogénération, et sous forme de biométhane carburant permettant l’alimentation en bioGNV d’une flotte de 13 véhicules légers et trois poids lourds. Également à l’étude depuis 2006, le projet hydrogène « Vabhyogaz » consistant à transformer du biogaz en hydrogène se concrétise en 2013 avec l’installation d’un site pilote qui permet l’alimentation quotidienne d’un véhicule. « Nous allons installer d’ici deux ans une unité 10 fois plus importante afin de passer à une échelle plus industrielle », précise Alex de Nardi. Trifyl a également installé en 2010 un circuit pédagogique autour des énergies renouvelables pour rendre accessibles au grand public les équipements de valorisation de nos déchets.

Une nécessité réglementaire d’évoluer

La loi sur la transition énergétique de 2015, qui impose entre autres une réduction des déchets résiduels de 10 % d’ici à 2020 et une baisse de l’enfouissement de 30 % en 2020 et de 50 % avant 2025, a conduit Trifyl a repenser son modèle global. Le bioréacteur de Trifyl est de fait fortement impacté puisqu’étant considéré comme un site de stockage, il ne sera autorisé à traiter qu’à hauteur de 112 000 tonnes de déchets par an en 2020 et 80 000 en 2025. « La LTECV nous a obligés à revoir notre modèle » souligne Alex de Nardi, et à en mettre en place un nouveau, fruit « de plusieurs années de réflexions, ponctuées de visites à l’international pour trouver l’outil le plus adapté aux besoins et aux contraintes du territoire ». Pour répondre au premier objectif, Trifyl mise sur la réduction des déchets avec notamment le développement du tri à la source des biodéchets et de nouvelles collectes pour améliorer la valorisation matière (extension de consignes de tri des plastiques et collecte de biodéchets).

Traiter et réinjecter

Trier et maximiser : ce sont les objectifs de la nouvelle unité de traitement des déchets voulue par Trifyl qui verra la mise en service en 2022 d’une usine de tri et en lieu et place du bioréacteur d’une usine de déchets résiduels-biodéchets. Capable de valoriser des combustibles solides de récupération (CSR) non méthanisable et de maximiser le potentiel du biogaz par l’injection de biométhane dans le réseau, cette usine, dont l’investissement est estimé à 65 millions d’euros et d’une capacité de traitement de 110 000 tonnes, permettra de traiter séparément les biodéchets du reste de la poubelle et des encombrants. Reconnu comme le principal débouché du projet, le biogaz un fois épuré sera réinjecté sur le réseau de transport de gaz de ​Teréga et permettra l’alimentation en gaz vert d’environ 10 % de la population tarnaise. Une fois le biométhane injecté, les recyclables et CSR valorisés, il ne restera plus que 20 % de refus à stocker. Trifyl s’assure en outre des revenus fixes pendant 15 ans grâce à la vente de son biométhane.

Actuellement, aucune unité de méthanisation n’injecte sur le réseau de Teréga en Occitanie. Le projet Trifyl et ses 670 mètres​ ​cubes par heure (775 à pleine capacité) pourrait faire figure de pionnier.

Crédit : Trifyl.