Lima, la gazière

Arrivée du gaz naturel en novembre 2017 dans la ville de Canete

Publié le 09/12/2017

4 min

Publié le 09/12/2017

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Si avec Camisea le pays possède de vastes ressources en gaz naturel, la majeure partie de la population dépend toujours principalement des produits pétroliers pour subvenir à ses besoins énergétiques. Une réalité qui ne se vérifie pas dans les provinces de Lima et Callao, qui ont vu se construire en quelques années un réseau de distribution de gaz naturel des plus performants. Explications.

Par Laura Icart, envoyée spéciale au Pérou

 

En novembre 2017, le gaz naturel arrive à Cañete, au sud de Lima.

Pour concevoir, construire et exploiter le système de distribution du gaz naturel dans la région de Lima et la province constitutionnelle Callao, deux régions qui regroupent plus d’un tiers de la population du pays, le ministère de l’Énergie et des mines (MEM) et Osinergmin ont mandaté la société Cálidda pour une période de trente-trois ans renouvelable. Cette société péruvienne, créée en 2004 et dont les principaux actionnaires sont le Grupo Energía de Bogotá et Promigas, deux sociétés colombiennes spécialisées dans le secteur énergétique et dans le développement des infrastructures gaz, a fortement contribué à l’essor du gaz naturel au Pérou.

 

Cálidda l’ambitieuse

Le système de distribution de Cálidda se compose d’un réseau de 515 km de tuyaux en acier (haute pression) pour desservir les stations de véhicules GNV et les clients industriels et d’un réseau de 7 393 km de tuyaux en polyéthylène (basse pression). Le réseau Cálidda, réparti entre Lima et Callao, opère sur environ 35 % du territoire péruvien et gère également une cinquantaine de stations de régulation et de comptage de la pression du gaz autour de la ville, chargées d’abaisser la pression du gaz pour entrer en toute sécurité dans les zones urbaines. Parmi ses clients, la société compte des centrales électriques, des industriels, des gestionnaires de stations-service GNV et des clients résidentiels et tertiaires.

Un potentiel de croissance important

« L’année 2017 a été une année record pour nous » a déclaré en décembre Jorge Olazábal, président de Cálidda, soulignant que son entreprise a atteint 120 000 raccordements résidentiels supplémentaires et près de 1 520 pour le secteur tertiaire, portant son portefeuille de clients résidentiels tertiaires à plus de 500 000.

Le développement de réseaux physiques de distribution de gaz naturel permettra selon Cálidda à ce que, d’ici cinq ans, près d’un demi million de foyers supplémentaires aient un approvisionnement continu en gaz naturel dans leurs maisons. Actuellement, la capacité du système Cálidda (environ 420 tcf3) est suffisante pour répondre à la demande (autour de  300 tcf3). La société a prolongé son contrat d’approvisionnement en gaz naturel avec le consortium Camisea jusqu’en 2021.

Des programmes gouvernementaux incitatifs

Au cœur de sa stratégie de « masificación », le gouvernement péruvien développe de nombreux programmes pour promouvoir l’usage du gaz naturel parmi sa population. Le plus connu d’entre eux se nomme BonoGas : son objectif est de permettre à davantage de familles péruviennes d’accéder au gaz naturel en finançant une installation domestique. L’État subventionne intégralement l’installation aux familles appartenant au secteur socio-économique les plus défavorisés et jusqu’à 50 % pour des familles aux revenus moyens. Grâce à ce programme, le gouvernement espère équiper 500 000 foyers d’ici quatre ans.

En quelques années, le Pérou s’est construit dans ses trois principales villes un système de distribution de gaz efficace et performant. Au cours de la période 2007-2016, rien qu’à Lima, l’usage du gaz naturel a généré des économies équivalant à 1,59 % du PIB annuel national. Si le pays vise 1 million de raccordements domestiques d’ici à la fin de la mandature du président Pedro Pablo Kuczynski en 2021, il reste quand même loin derrière son voisin colombien qui dessert plus de la moitié de sa population en gaz naturel alors que ses réserves prouvées représentent la moitié de celles du Pérou. Une situation qui peut s’expliquer selon certains experts par le choix du Pérou d’avoir privilégié une politique d’exportation plutôt que développer l’usage du gaz naturel sur son sol. Mais une situation qui change progressivement.