La filière des gaz renouvelables prête à faire « sa part »

Au 31 décembre 2023, quasi 1 900 installations produisent et valorisent du biogaz. Plus d'un millier d'entre-elles sont des cogénérations et plus de 650 injectent dans les réseaux gaziers. ©Frederic Berthet-GRDF

Publié le 03/02/2024

5 min

Publié le 03/02/2024

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Quelques semaines après la publication de la stratégie française énergie et climat (SFEC), comment la filière française des gaz renouvelables et bas carbone appelle-t-elle le gouvernement à prendre davantage en compte la place des filières renouvelables non électriques dans la stratégie énergétique de la France, et particulièrement celle des gaz renouvelables, l’une des seules à avoir atteint les objectifs fixés dans l’actuelle programmation pluriannuelle de l’énergie ? Éléments de réponse.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

Après avoir été longtemps oublié par les politiques publiques, le potentiel du biogaz, l’une des seules énergies renouvelables à avoir dépassé les objectifs de la précédente PPE, voit son objectif de production quintupler dans la SFEC, pour arriver à 50 TWh en 2030, dont 44 en injection correspondant à 15 % de la consommation nationale de gaz contre environ 3 % aujourd’hui. Un volume en deçà des ambitions portées par la filière mais qui nécessite dès à présent d’accélérer pour décarboner les usages du gaz et d’accompagner la transition énergétique des territoires.

Mettre le pied sur l’accélérateur

Dans une tribune publiée le 26 janvier dans La Tribune, Olivier Dauger et Jacques-Pierre Quaak, co-présidents de France gaz renouvelables, qui sont également agriculteurs, reviennent sur l’importance de s’appuyer sur l’ensemble des énergies renouvelables pour sortir des énergies fossiles et proposer dès aujourd’hui des solutions aux territoires. « Accélérer le développement des gaz renouvelables est impératif » assurent-ils alors que le biométhane produit localement représente aujourd’hui 3 % de la consommation française mais que, dans certains départements français, ils dépassent déjà les 10 %. « L’État avait l’opportunité, au travers du projet de loi relatif à la souveraineté énergétique, de faire des gaz renouvelables une des pierres angulaires de notre avenir énergétique, pour atteindre une défossilisation totale du gaz consommé en 2050 » regrettent-ils alors que l’on ne sait toujours pas si une loi programmatique sera bien discutée au Parlement. « Si le biométhane souffre d’une méconnaissance auprès du public, son efficacité se démontre concrètement tous les jours dans les territoires » soulignent-ils, mettant en avant la dynamique de sa production, plus de 9 TWh injectés en 2023, 12 TWh de puissances installés et une croissance parmi les plus importantes d’Europe. C’est aussi et surtout cette synergie avec le monde agricole, « si importante pour la souveraineté du pays », qui est soulignée par les auteurs de la tribune, à l’heure où la colère agricole gronde, en lien direct avec la souveraineté alimentaire mais aussi l’évolution des pratiques culturales, la productions d’engrais et la création de revenus supplémentaires pour les agriculteurs. « C’est un formidable vecteur d’économie circulaire dans les territoires, puisqu’il permet à partir de déchets non exploités la production d’un gaz renouvelable local, au service des collectivités, de l’industrie française, des transports publics et du logement. » C’est un sujet « transversal » et « éminemment  politique » soulignent les deux co-présidents de France gaz renouvelables qui estiment que l’accélération doit être portée par « une ambition politique forte ».

Quelles sont les attentes ?

La méthanisation est une « solution pertinente pour lutter contre le changement climatique » avec un facteur d’émission du biométhane de 23,4 à 44 g CO₂eq/kWh, cinq à dix fois plus faible que celui du gaz fossile rappelait en octobre l’Agence de transition écologique. Pour accélérer son développement, plusieurs leviers sont nécessaires estime la filière, et notamment « des investissements massifs dans la recherche, le développement et le déploiement des technologies liées aux gaz renouvelables ». « Les tarifs d’achat réglementés restent un soutien indispensable pour la sécurisation des projets de petite taille. » Sur le plan réglementaire, la filière est toujours en attente de la publication du décret fixant la trajectoire d’obligation d’incorporation du biométhane dans le cadre du mécanisme des certificats de production de biogaz, « un dispositif essentiel » selon France gaz pour massifier la production de biométhane en France. Fin septembre, le Conseil supérieur de l’énergie avait validé une trajectoire dépassant les 10 TWh en 2028, avec des paliers intermédiaires en 2026 (1,2 TWh PCS) et 2027 (5 TWh PCS). Les trajectoires intermédiaires devraient être revues « légèrement à la baisse mais l’ambition pour 2028 est maintenue » » nous indique un acteur du secteur, espérant une publication rapide du décret.

Dans sa réponse à la consultation publique sur la stratégie française énergie climat publiée fin janvier, l’association France gaz souligne, au-delà de l’importance d’avoir une trajectoire ambitieuse pour 2030 et 2035, la nécessité de mieux « identifier le plein potentiel des gisements de biomasse et renforcer la mobilisation des nouvelles sources de production énergétique décarbonée » que sont la pyrogazéification, la gazéification hydrothermale et la méthanation, alors que le volume de production identifié aujourd’hui par le gouvernement repose principalement sur la méthanisation.