Innovations : Cap Ecologia, futur hub énergétique dans les Pyrénées-Atlantiques

Publié le 23/09/2021

6 min

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D’ici fin 2023, une unité de méthanisation sera installée sur le site Cap Ecologia de Lescar, dans les Pyrénées-Atlantiques. Une unité pionnière et innovante voulue par l’agglomération Pau Béarn Pyrénées associée à un groupement d’acteurs, dont le groupe Suez, qui doit permettre la production d’une dizaine d’énergies et de ressources produites à partir des eaux usées et du CO2 issus des boues d’épuration d’une vingtaine de communes environnantes.  

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

En 2023, la communauté d’agglomération Pau Béarn Pyrénées pourra se targuer d’accueillir sur son sol une « biofactory » unique au monde, véritable vitrine technologique au service de l’économie circulaire. « Après la mise en service du Fébus, la construction en cours d’un important réseau de chaleur urbain alimenté à partir de l’unité de valorisation énergétique des déchets et la création de plusieurs centrales photovoltaïques, les installations de biométhanisation et de méthanation sur l’unité de dépollution des eaux usées de Lescar contribueront aux objectifs ambitieux de production d’énergies renouvelables du territoire » souligne François Bayrou, président de la communauté d’agglomération Pau Béarn Pyrénées. « Les eaux usées constituent un élément majeur dans la dynamique écologique de ce territoire » ajoute Maximilien Pellegrini, directeur général délégué eau France chez Suez.

1 200 foyers seront chauffés grâce au gaz vert produit sur le site

À Cap Ecologia, ce sont deux premières technologiques mondiales qui seront testées et combinées : « l’ultra-déshydratation » par carbonisation hydrothermale des boues d’épuration, propriété du groupe Suez et la méthanation catalytique du CO2 émis. Deux procédés qui, selon le groupement d’industriels et d’énergéticiens composés de Storengy (filiale d’Engie), Egis, Sogea/Vinci et Camborde Architectes permettront « d’augmenter considérablement la quantité de biométhane produit par la nouvelle unité de méthanisation » qui sera ensuite injecté dans le réseau de GRDF. Le biométhane produit par l’unité sera donc, quand le site aura atteint sa puissance maximum, équivalent 13 000 MWh par an, soit l’énergie équivalente au chauffage de 1 200 foyers.

Deux technologies à la pointe de l’innovation

Ce site sera l’occasion d’expérimenter à l’échelle industrielle ces deux nouvelles technologies de pointe. En premier lieu, « l’ultra-déshydratation » par carbonisation hydrothermale Suez, une nouvelle technologie qui permet de « diviser  par quatre le volume de boues d’épuration en consommant trois à quatre fois moins d’énergie qu’un sécheur thermique conventionnel, tout en réduisant les nuisances potentielles associées au séchage » selon Suez. Une « véritable rupture technologique en termes de traitement des boues » nous indique Christelle Metral, chef de marché, transition énergétique et économie circulaire chez Suez. Cette technologie « est issue de l’expertise du groupe Suez depuis plus de 40 ans dans les procédés thermiques » précise-t-elle. C’est en Chine que le premier démonstrateur a été installé en 2019. Suez avait d’ailleurs reçu le prix d’innovation France-Chine. Et c’est donc sur le site de Lescar que ce procédé « éprouvé et testé en Chine » où il existe, du reste, de forts enjeux de réduction des boues d’épuration, sera mis en œuvre pour la première fois à l’échelle d’une collectivité. Outre une production plus importante de biométhane, cette technologie produira également du biochar, un engrais valorisable par retour à la terre ou par combustion pour la production d’énergie. En deuxième lieu, la méthanation catalytique qui, en permettant le recyclage de 100 % du CO2 émis par le site en méthane de synthèse, aussi appelé e-méthane, fera du site de Lescar un site à énergie positive. Cette brique méthanation catalytique sera prochainement expérimentée par Storengy à travers le projet Méthycentre, premier démonstrateur d’e-méthane dans l’Hexagone à être couplé à une unité de méthanisation agricole en Indre-et-Loire. Sur le site de Cap Ecologia, l’énergéticien testera cette technologie innovante à un stade industriel. Elle va permettre selon les partenaires du projet la production supplémentaire à terme de 4 400 MWh par an de gaz vert (inclus dans les 13 000 MWh par an) et « un bilan carbone sans équivalent ». Une expérimentation dont GRDF est également partenaire puisque l’usine de dépollution de Lescar est lauréate de l’appel à projets lancé l’année dernière par le gestionnaire de distribution visant à soutenir le développement de démonstrateurs power to gas raccordés au réseau de distribution de gaz. À noter que l’hydrogène vert nécessaire au processus de méthanation sera produit in situ grâce à l’électrolyse de l’eau alimentée par de l’électricité photovoltaïque issu des 12 000 m² de panneaux photovoltaïques que l’agglomération Pau Béarn Pyrénées prévoit d’implanter à proximité immédiate du site Cap Ecologia. L’excédent sera réutilisé sur l’usine de dépollution des eaux usées.

De nouvelles ressources à exploiter

Outre la production optimisée et augmentée de biométhane et d’e-méthane, plusieurs autres ressources contribueront à faire de Cap Ecologia un véritable hub énergétique. À commencer par le biochar qui sera valorisé par l’unité de valorisation énergétique (UVE) des ordures ménagères Valor Béarn et le réseau de chaleur urbain. L’UVE qui en retour fournira la vapeur d’eau nécessaire au procédé de carbonation, illustrant cette synergie et cette boucle vertueuse voulues par l’agglomération paloise. Plusieurs autres pistes sont actuellement à l’étude, comme la production d’un engrais azoté à partir de sulfate d’ammonium. Des discussions seraient d’ailleurs en cours avec des producteurs d’engrais. « Avec 320 m3 de sulfate d’ammonium, ce sont 570 hectares de cultures de maïs qui peuvent être fertilisés annuellement » indique le groupe Suez dans son communiqué. La valorisation de la chaleur excédentaire et de l’eau pourrait également alimenter demain des cultures maraîchères ou des fermes d’aquaponie.