Hydrogène : le gouvernement installe un conseil dédié à la mise en œuvre de sa stratégie

Barbara Pompili, Bruno Lemaire et Philippe Boucly lors de la présentation de la stratégie hydrogène française, le 8 septembre.

Publié le 19/01/2021

5 min

Publié le 19/01/2021

Temps de lecture : 5 min 5 min

Depuis l’annonce par le gouvernement de la stratégie nationale pour le développement de l’hydrogène décarboné, le 8 septembre, de nombreuses actions ont été annoncées pour massifier le développement d’une filière française de l’hydrogène. Dernière en date, la création et l’installation le 11 janvier du Conseil national de l’hydrogène (CNH), qui aura pour principale mission de coordonner la mise en œuvre de la stratégie française.

Par Laura Icart

 

Près de 7 milliards d’euros seront investis d’ici 10 ans pour construire une filière française de l’hydrogène, dont 2 milliards dans les deux prochaines années, principalement pour décarboner l’industrie, développer la mobilité lourde et soutenir la recherche française, à la pointe dans le domaine de l’hydrogène. La création du CNH annoncé par plusieurs membres du gouvernement dont la ministre de la Transition écologique et le ministre de l’Économie, des finances et de la relance, doit permettre une industrialisation progressive de la filière avec deux enjeux principaux : la rendre rapidement compétitive et attractive sur le marché international et favoriser l’émergence de projets sur nos territoires.

État, industriels et élus locaux

Créé dans le cadre du Conseil national de l’industrie « pour assurer une mise en œuvre efficace de la stratégie nationale pour le développement de l’hydrogène décarboné », ce conseil, qui doit tenir sa première session ce mois-ci, réunit de grands groupes énergétiques et industriels français comme Air liquide, Engie, Total, EDF, Airbus, Faurecia et différentes instances comme les représentants de plusieurs comités stratégiques, des acteurs du monde la recherche comme le CEA et bien évidement France Hydrogène. Un conseil auquel seront étroitement associées les régions de France, sans pour autant préciser quel sera le rôle de cet organe réunissant l’ensemble de nos régions. Pour Philippe Boucly, président de France Hydrogène, c’est « une étape importante » qui installe l’hydrogène en tant qu’« industrie stratégique en France ». « Au-delà de l’enjeu climatique, il nous faut également gagner la bataille de la réindustrialisation » souligne-t-il. Changer d’échelle, c’est aussi le souhait du député (LR) de l’Aube Gérard Menuel et co-président du groupe d’études hydrogène à l’Assemblée nationale, joint par Gaz d’aujourd’hui, qui salue le choix gouvernemental de créer un conseil dédié à l’hydrogène, « un effet starter », tout en insistant sur « la nécessité de massifier les offres territoriales en soutenant et accompagnant davantage les intercommunalités afin de favoriser une montée en puissance d’un écosystème hydrogène » particulièrement « dans [nos] territoires ruraux » souligne l’élu champenois. Les grands dirigeants de groupes industriels français se sont réjouis sur Twitter de la création de cet organe, qui va permettre d’accompagner et de suivre sur les territoires la structuration d’une chaîne de valeurs de l’hydrogène et de favoriser un dialogue régulier entre l’État, les industriels et les territoires. L’enjeu pour tous est clairement affiché : permettre une mise à l’échelle rapide pour instaurer une baisse significative des coûts de production, comme l’évoquait déjà il a quelques mois dans les colonnes de Gaz d’aujourd’hui Fabio Ferrari, président de Symbio et vice-président de France Hydrogène. « L’hydrogène c’est l’une des briques de la nouvelle économie » déclare de son côté Michel Delpon, député (LREM) de Dordogne, également co-président du groupe d’étude dédié à ce vecteur énergétique à l’Assemblée nationale, qui souligne volontiers « le rôle décisif que peut jouer l’hydrogène pour décarboner les transports et l’industrie à court terme mais aussi le logement à plus long terme » et « les efforts financiers sans précédents engagés par le gouvernement dans cette filière » qui permet à la France d’être à « la hauteur de ses voisins européens ». L’industrie de l’hydrogène « c’est également un vivier d’emplois, synonyme de réindustrialisation dans les territoires » précise-t-il.

Faire émerger une filière française compétitive

Plusieurs actions ont déjà été engagées depuis le mois de septembre : le lancement, le 14 octobre dernier, des deux appels à projets « briques technologiques et démonstrateurs » et « écosystèmes territoriaux », dotés respectivement de 350 et 275 millions d’euros, l’installation d’un programme prioritaire de recherche (PPR) « applications de l’hydrogène » piloté par le CEA et le CNRS « pour soutenir la recherche en amont et préparer la future génération des technologies de l’hydrogène ». Tous deux bénéficient des moyens financiers institués dans le cadre du programme investissements d’avenir (PIA). Le 17 décembre, la France, au même titre que 22 des 27 États membres, a signé un manifeste pour le développement d’une chaîne de valeur de l’hydrogène. « Il s’agit du point de départ d’un nouveau projet important d’intérêt européen commun (PIIEC) qui sera mis en œuvre sur l’année 2021 » indique le ministère de la Transition écologique dans son communiqué. Le CNH qui, lors de sa première réunion, fera un point d’étape des actions menées depuis quelques mois et dont le secrétariat sera assuré par le coordinateur interministériel « prochainement nommé ».

Crédit : France Hydrogène.