Hydrogène : bâtir une filière française de l’excellence

Publié le 27/07/2020

5 min

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L’Association française pour l’hydrogène et les piles à combustible (Afhypac) a présenté le 23 juillet son « plan national hydrogène » pour construire une industrie française de l’hydrogène compétitive qui permettrait, selon elle, de créer ou maintenir 120 000 à 250 000 emplois directs et indirects sur notre territoire et d’éviter l’émission de plus de 21 millions de tonnes de CO2 d’ici 10 ans.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

L’hydrogène, c’est définitivement maintenant ! Et si ce vecteur énergétique a plus que jamais le vent en poupe dans le monde, avec des annonces qui se sont multipliées ces dernières semaines, la France, qui « a les capacités d’y contribuer largement et de prendre sa part pour bâtir, elle aussi, une industrie de l’hydrogène compétitive, créatrice de valeur et d’emplois sur les territoires, bien positionnée dans la compétition mondiale », souligne l’Afhypac, doit se donner les moyens de construire cet écosystème industriel avec « plan ambitieux et cohérent ».

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Avec son plan, l’Afhypac demande à l’État davantage de soutien et de se positionner en facilitateur à plusieurs échelons : au niveau de la demande pour amorcer le marché, à la production d’hydrogène, pour les infrastructures hydrogène et pour le développement d’une offre technologique française. La capacité de décarbonation de l’hydrogène dans des secteurs industriels clés tels que la chimie ou la sidérurgie, les transports intensifs et lourds, la production d’électricité et de chaleur pour les bâtiments, doit être vue comme « une opportunité » pour répondre à nos objectifs climatiques, pour dynamiser nos territoires mais aussi pour notre compétitivité.

700 000 tonnes d’hydrogène vert ou bas carbone en 2030

L’Afhypac fixe une trajectoire de déploiement des solutions hydrogène avec une cible à 2030 de près de 700 000 tonnes d’hydrogène renouvelable ou bas carbone pour un marché global estimé à cette date à environ 1,35 million de tonnes. Une production qui nécessitera la mise en exploitation, sur la période 2020-2030, de 7 GW d’électrolyseurs (570 000 tonnes par an), ainsi que d’unités de captage, stockage et valorisation (CCUS) du CO2 associées aux vaporeformeurs (130 000 tonnes par an). Pour parvenir à ces objectifs, fixés du reste dans la la PPE, les acteurs industriels et de la recherche doivent investir près de 24 milliards d’euros sur la période 2020-2030. L’Afhypac, qui représente près de 190 acteurs de la filière, estime que l’État doit apporter « un soutien à l’investissement de 6,7 milliards d’euros » et « un soutien de 3,6 milliards d’euros à la production d’hydrogène renouvelable ou bas carbone ». Si cette trajectoire était respectée, l’association estime que la filière pourrait générer « entre 120 000 et 250 000 emplois directs et indirects en France, soit sous la forme de création d’emplois nets, soit sous la forme de requalification d’emplois existants à plus haute technicité » et permettrait de réduire « les émissions de 4 millions de tonnes de CO2 pour l’année 2030 et éviter plus de 20 millions de tonnes de CO2 cumulées » sur la prochaine décennie.

Viser la mobilité et l’industrie

La mobilité et l’industrie sont les principaux secteurs où des solutions hydrogène vont se déployer dans les prochaines années. En 2023, plus de 5 000 véhicules utilitaires légers, 700 poids lourds, 5 trains et 16 bateaux qui pourraient être déployés sur nos routes et nos fleuves alors que notre pays comptabilise aujourd’hui quelques 350 véhicules roulant à l’hydrogène et un réseau d’une trentaine de stations. Dans le secteur industriel, l’Afhypac table sur une production de 113 000 tonnes d’hydrogène renouvelable ou bas carbone, produit par 870 MW d’électrolyseurs (92 000 tonnes) et par une unité de CCUS (pour 21 000 tonnes). Une trajectoire qui permettrait d’éviter 1,7 million de tonnes de CO2 sur la période 2020-2023 mais qui nécessiterait, selon l’association, « un investissement de l’ordre de 2,5 milliards d’euros, dont 380 millions d’euros en R&D, 1,5 milliard d’euros de la part des industriels et porteurs de projets et 650 millions d’euros pour l’achat des véhicules ». L’association représentante de la filière estime que l’État doit prendre part à hauteur de 1,18 milliard d’euros, soit quasi 50 % de l’enveloppe globale, et accorder une subvention à la production d’hydrogène de 580 millions d’euros sur les trois prochaines années.

La filière hydrogène devrait figurer en bonne place dans le plan de relance, elle qui figurait déjà dans les 10 filières d’innovations prioritaires inscrites dans le pacte productif. Reste à savoir si les moyens qui lui seront alloués seront suffisants pour développer son potentiel.

 

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