Engie veut développer sa production de biométhane en Europe

Avec le rachat de trois unités de production de biométhane au Royaume-Uni, Engie dispose d'une capacité de production annuelle de 830 GWh et vise 1 TWh en 2024. ©Pascal Leopold

Publié le 22/09/2023

5 min

Publié le 22/09/2023

Temps de lecture : 5 min 5 min

L’énergéticien Engie a annoncé le 21 septembre l’acquisition du britannique Ixora Energy, un des leaders du marché du biométhane au Royaume-Uni. Le groupe français qui compte investir 3 milliards d’euros d’ici 2030 pour développer sa production de biométhane en Europe ambitionne de produire 10 TWh de gaz renouvelables à la fin de la décennie et réaffirme l’importance des gaz renouvelables dans le mix énergétique.

Par Laura Icart

 

Engie croit au potentiel des gaz renouvelables pour décarboner le mix gazier français et européen et veut accélérer sur toutes les technologies de production de gaz renouvelables. L’énergéticien avait annoncé en février dernier, lors de la présentation de ses résultats annuels, un objectif de production de biométhane de 10 TWh en Europe, dont 4 en France. L’annonce de ce matin, avec le rachat d’Ixora Energy, va lui permettre de se déployer sur le marché britannique, elle qui vise, outre la France et le Royaume-Uni, six autres marchés ciblés : l’Italie, l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Espagne, la Belgique et la Pologne.  

Une première acquisition sur le sol européen

Si Engie exploite déjà en France, via sa filiale Engie Bioz, 22 unités de méthanisation pour une puissance installée équivalente à 670 GWh par an, ce sont les premières unités de méthanisation en injection qui seront exploitées par Engie hors du territoire français. Avec l’acquisition d’Ixora Energy, Engie, déjà très implanté sur le sol britannique via ses activités de stockage et de commercialisation de gaz naturel, sera également producteur de biométhane. Le groupe, qui a investi 65 millions de livres dans cette transaction, compte désormais dans son portefeuille d’actifs trois nouvelles unités de production. Situées dans le Devon et le Somerset, elles représentent un volume de production 160 GWh de biométhane. Une expansion stratégique alors que le Parlement européen a inscrit un objectif contraignant de 35 milliards de m³ d’ici à 2030, soit quasi 340 TWh de production annuelle en février dernier et que l’exécutif européen, longtemps « frileux » sur la question des gaz renouvelables, avait également annoncé dans le cadre de RepowerUE mobiliser jusqu’à 37 milliards d’euros d’ici la fin de la décennie pour permettre de massifier la production en Europe.

Un marché européen dynamique

La filière des gaz renouvelables est en plein essor en Europe, portée par une dynamique croissante. Le nombre d’unités de méthanisation en injection a plus que triplé en cinq ans et dépasse aujourd’hui les 40 TWh de production annuelle. Une dynamique qui devrait encore s’accentuer avec des politiques de décarbonation de plus en plus incitatives, notamment via des obligations d’incorporation dans le secteur des transports et du chauffage conformément à plusieurs textes majeurs du paquet « Fit for 55 » et le marché européen des quotas d’émissions carbone. Le groupe français a identifié plusieurs pays cibles en Europe « où des discussions sont actuellement en cours » précise Cécile Prévieu, DGA adjointe en charge des infrastructures, notamment en Allemagne où l’on à convertir une partie du parc de méthanisation actuellement en cogénération. « Le prochain pays où nous serons producteurs de biométhane seront les Pays-Bas » souligne Camille Bonenfant-Jeanneney, directrice générale gaz renouvelables Europe. Et si le groupe souhaite accélérer sa production de biométhane en développant sa production simultanément sur plusieurs marchés en Europe, c’est parce qu’il anticipe une demande de gaz renouvelable croissante de ses clients, notamment du côté du monde industriel. « Nous avons des demandes pour tout type de volumes » indique Cécile Prévieu. Engie ambitionne de commercialiser 30 TWh par an de biométhane dans le monde en 2030, dont 10 qui seront issus de sa  production propre. Bien entendu, pour répondre à ce besoin,  l’entreprise ne s’appuiera pas sur le seul marché de la méthanisation mais sur l’ensemble des filières de production de gaz renouvelables : pyrogazéfication, méthanation et gazéification hydrothermale.

Des outils nouveaux pour massifier la production

Le groupe français, qui devrait dépasser le 1 TWh de biométhane produit en Europe en 2024, souhaite également développer plusieurs leviers pour maximiser la production. En France, les textes réglementaires (un décret et un arrêté) fixant les modalités d’application et les trajectoires de production des certificats de production de biométhane (CPB) à horizon 2026, 2027 et 2028, seront examinés au Conseil supérieur de l’énergie, mardi prochain. Si les trajectoires fixées à ce jour sont en deçà des attentes de la filière, l’énergéticien n’a pas souhaité réagir mais s’est dit « satisfait » que le fléchage de ce volume supplémentaire de biométhane aille vers le bâtiment. En France, comme à l’international, le groupe français veut aussi développer les contrats de gré à gré, aussi appelés les « biomethane purchase agreement », sur le même modèle que celui qu’il a signé en janvier dernier avec l’entreprise chimique Arkema.