Engie signe avec Arkema un contrat de fourniture de biométhane sur les 10 prochaines années

Le gaz sera "totalement décarboné d’ici 2050 et jouera un rôle clé" dans la transition énergétique souligne Engie qui estime qu'en France, le biométhane jouera un "rôle prépondérant et représentera 2/3 de la demande en 2050". (c)Pascal Leopold/CBMTB (c)Pascal Leopold

Publié le 20/01/2023

4 min

Publié le 20/01/2023

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Le groupe Engie a annoncé avoir signé « l’un des plus importants contrats privés d’achat de biométhane en Europe » avec l’entreprise chimique Arkema, spécialisée dans la fabrication de matériaux de performance. À la clé, la fourniture annuelle de 300 gigawattheures (GWh) de biométhane pendant 10 ans, qui permettront à Arkema de verdir ses process de production en réduisant ses émissions de gaz à effet de serre.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui 

 

« Nous sommes convaincus que le biométhane jouera un rôle essentiel dans le mix énergétique européen et sera un moteur clé de la décarbonation des usages énergétiques de nos clients » a déclaré Paulo Almirante, directeur général adjoint d’Engie en charge des activités renouvelables, de gestion d’énergie et nucléaire lors de l’annonce de ce contrat, le premier du genre signé en France directement entre un producteur de biométhane et son client industriel. À l’heure de la décarbonation et alors que les industriels français les plus émissifs vont être soumis à des normes de plus en plus restrictives en termes d’émissions sur le marché européen du carbone, l’utilisation du biométhane pour se substituer au gaz naturel dans les process industriels apparaît comme une solution vertueuse pour le climat. La crise énergétique que traverse l’Europe depuis plus d’un an nous rappelle la nécessité d’être davantage souverain dans nos productions énergétiques.

3 TWh de biométhane fournis sur 10 ans 

Engie, qui exploite via sa filiale Engie Bioz une vingtaine d’unités de méthanisation en France (injection et cogénération comprises), possède une capacité installée de 580 GWh par an. L’énergéticien ambitionne de porter cette capacité de production annuelle à 4 TWh par an en 2030. Alors que la filière française de la méthanisation affiche une croissance soutenue depuis 2017, plusieurs dispositions réglementaires, à commencer par la baisse des tarifs d’achat de biométhane et de biogaz combinée à un contexte inflationniste, ont considérablement ralenti depuis le début de l’année l’émergence de nouveaux projets. La possibilité d’établir des contrats directs entre producteurs et consommations dans le cadre de contrat de gré à gré est une des pistes qui pourraient permettre de soutenir la production de biométhane, sans monopoliser les finances publiques, tout en donnant au producteur une visibilité sur du long terme. La question de pouvoir faire bénéficier au biométhane du même type de contrat qui existe déjà pour l’électricité d’origine renouvelable sous forme de Power Purchase Agreement (PPA) a d’ailleurs été inscrite dans le projet de loi d’accélération des énergies renouvelables, à propos de laquelle la commission mixte paritaire devrait se réunir mardi prochain. Le contrat entre Engie Global Energy Management & Sales (Engie GEMS) et Arkema inaugure une nouvelle voie selon Engie pour « soutenir l’accélération de la filière biométhane en France ». Le volume de biométhane vendu à Arkema sera issu de 17 unités de méthanisation du groupe et certifié via le système des garanties d’origine. Un type de contrat de long terme qui se développe progressivement pour le biométhane et qui « permet de bien gérer les risques », pour l’achat sur plusieurs années d’une énergie dont la valeur peut fluctuer, a expliqué à l »AFP Marc Pannier, vice-président d’Engie GEMS.

Réduire l’empreinte carbone des industriels

La fourniture de biométhane à Arkema doit permettre selon le communiqué des deux entreprises « de réduire très significativement » l’empreinte carbone de ses polyamides biosourcés de haute performance. Ce contrat constitue « une avancée majeure dans l’industrie chimique à haute intensité énergétique » note Paulo Almirante, quand le directeur général polymères haute performance d’Arkema, Erwoan Pezron, se réjouit de son côté de pouvoir offrir à ses clients des produits « avec une empreinte carbone plus faible ». « En dépit de son coût de production plus élevé que le gaz d’origine fossile, le biométhane est une solution qui émerge » pour les industriels, indique toujours à l’AFP Marc Pannier. Le décret publié le 8 décembre 2022 relatif aux garanties d’origine de biogaz injecté dans les réseaux de gaz naturel instaure notamment la possibilité pour les industriels français de pouvoir intégrer dans le calcul de l’ETS des garanties d’origine biométhane venant d’installations ne bénéficiant pas de tarifs d’achat. Une nouvelle réglementation, un besoin de visibilité pour les producteurs et une obligation de décarboner pour les industriels devraient amener ce type de contrat à se multiplier dans les années à venir.

Crédit :  Pascal Léopold.