Engie vise une capacité de 80 GW de renouvelables en 2030

Publié le 23/02/2023

6 min

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Le 21 février, le groupe Engie a présenté ses résultats financiers et ses ambitions pour accélérer la transition énergétique et la croissance « durable » de l’entreprise. En 2022, marquée par une crise énergétique inédite, la major énergétique française a enregistré un bénéfice net de 200 millions d’euros et a annoncé sa volonté de doubler ses investissements dans les énergies renouvelables sur les deux prochaines années. L’énergéticien vise 50 gigawatts (GW) de capacités renouvelables installées en 2025 et 80 GW en 2030, dont 10 TWh de biométhane. 

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

« Au cours des deux dernières années, Engie a conduit un recentrage stratégique majeur et renforcé son assise industrielle » souligne Catherine MacGregor, directrice générale du groupe, qui rappelle que l’énergéticien entre dans la deuxième étape de son plan stratégique et augmentera de 50 % ses investissements dans les énergies renouvelables électriques et gazières et « dans les solutions de décarbonation ». Une annonce rendue possible par les cessions d’actifs enclenchées comme la finalisation de la vente de son activité de multi-services Equans à Bouygues et un chiffre d’affaires qui a explosé l’année dernière, porté par des « circonstances exceptionnelles » a toutefois insisté Engie.

Le gaz  joue et continuera de jouer « un rôle clé »

« Nous croyons en un mix énergétique équilibré, au cœur duquel le gaz joue et continuera de jouer un rôle clé en garantissant de la flexibilité au système, démontrant la pertinence de note modèle intégré » a souligné la directrice générale d’Engie. Le groupe reste le premier opérateur d’infrastructures gazières en Europe avec un portefeuille comprenant réseaux de transport, réseaux de distribution, stockage et terminaux GNL. L’activité gaz représente toujours une part importante des revenus opérationnels du groupe et en 2022 les ventes de gaz ont encore accru cette performance opérationnelle. L’année dernière, Engie a été au four et au moulin, en diversifiant rapidement ses sources d’approvisionnement et en multipliant les nouveaux contrats, notamment aux États-Unis alors que son portefeuille d’approvisionnement comptait près de 20 % de gaz russe avant le début de la guerre en Ukraine, il y a un an. Le groupe français, qui possède également à travers ses filiales les trois quarts des capacités de stockage françaises et l’un des plus importants parc de terminaux méthaniers d’Europe, a vu des flux records de GNL entrer en Europe, faisant de la France une véritable plaque tournante du gaz pour l’Europe. En 2022, les entrées de GNL ont été beaucoup plus importantes (370 TWh) avec une hausse de 102 %, mais surtout elles représentent 57 % des entrées de gaz qui ont transité par le territoire français, indiquait il y a quelques jours GRTgaz. Le groupe français met en avant le « rôle crucial » joué par le gaz dans la sécurité d’approvisionnement de la France et de l’Europe, tout comme il met en avant la capacité de la filière gaz à se « verdir ».

  • 80 GW de renouvelables installés en 2030

Pour accélérer la transition de ses activités, Engie prévoit de mobiliser « 22 à 25 milliards d’euros » d’investissements de croissance sur les deux prochaines années, soit « une augmentation de 50 % » par rapport aux deux dernières années. Le groupe confirme avoir un potentiel de 80 GW de renouvelables dans son portefeuille de projets et table sur une croissance annuelle de 4 GW (3,9 GW installés en 2022) jusqu’en 2025 puis 6 GW entre 2026 et 2030. Pour y parvenir Engie, qui compte aujourd’hui une capacité installée de 38 GW dans le monde dont 8 en France, investira massivement dans les énergie renouvelables en doublant notamment ses investissements dans le solaire et l’éolien à hauteur de 13 milliards d’euros. Le groupe annonce une « capacité additionnelle de 8 GW des infrastructures d’énergie décentralisées d’ici 2025 » par rapport à 2020 et réaffirme son ambition d’atteindre 50 GW de renouvelables en 2025. Il table, entre autres, sur une montée en puissance des capacités flexibles et des gaz renouvelables en annonçant environ « 10 GW de capacités de batteries, 10 TWh de production de biométhane par an et 4 GW de capacités de production d’hydrogène ».

Objectif : 10 TWh par an de biométhane en 2030

L’énergéticien croit beaucoup au potentiel des gaz renouvelables pour décarboner le mix gazier français et européen et veut accélérer sur toutes les technologies de production de gaz renouvelables. Près de 95 % des unités de méthanisation en France sont raccordées aux réseaux de GRDF et de GRTgaz. Le groupe exploite en France, via sa filiale Engie Bioz, 26 unités de méthanisation pour une puissance installée équivalente à 580 GWh. La dernière, la centrale biogaz de Lugère dans le Loiret, est entrée en service au début du mois, permettant d’alimenter en gaz vert près de 2 000 foyers. Autre moyen de massifier la production de biométhane : la signature de contrat de gré à gré. Engie a annoncé avoir signé « l’un des plus importants contrats privés d’achat de biométhane en Europe » avec l’entreprise chimique Arkema, spécialisée dans la fabrication de matériaux de performance. À la clé, la fourniture annuelle de 300 gigawattheures (GWh) de biométhane pendant 10 ans, qui permettront à Arkema de verdir ses process de production en réduisant ses émissions de gaz à effet de serre. Mais Engie ne mise pas seulement sur la méthanisation. Le groupe investit également dans la pyrogazéfication, notamment sur le projet Salamandre, une transposition à grande échelle de 10 années de recherche et développement menées dans le cadre du projet Gaya, qui devrait produire 11 000 tonnes par an de biométhane en valorisant 70 000 tonnes de déchets. Engie table en 2030 sur une production de biométhane de 10 TWh en Europe dont 4 en France. Outre les gaz renouvelables et le développement de la mobilité bioGNV, Engie ambitionne également de développer 4 GW de capacités de production d’hydrogène. L’hydrogène est également le cœur de cible de la stratégie de l’énergéticien français qui espère développer d’ici 2030 700 kilomètre de réseaux d’hydrogène et vise via sa filiale Storengy de stocker, d’ici 2030, 1 TWh d’hydrogène en Europe, dont 50 % en France, soulignait à Gaz d’aujourd’hui en fin d’année son directeur France, Pierre Chambon. Le groupe annonce également 30 TWh d’hydrogène dans le portefeuille de gestion centralisée d’énergie d’ici 2030 et plus de 100 stations d’alimentation de véhicules en hydrogène à cette même date.