Élisabeth Borne, Amélie de Montchalin et Agnès Pannier-Runacher : le trinôme en charge de la planification écologique et énergétique de la France

Publié le 21/05/2022

7 min

Publié le 21/05/2022

Temps de lecture : 7 min 7 min

Après la nomination d’Élisabeth Borne en tant que Première ministre chargée de la planification écologique et énergétique le 16 mai, c’est Amélie de Montchalin et Agnès Pannier-Runacher, déjà ministre sous le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, qui héritent du portefeuille de la Transition écologique et de la cohésion des territoires et de la Planification énergétique.

Par Laura Icart, avec AFP

 

Ce sont donc trois femmes, trois ministres déjà en poste, « trois femmes d’action » diront ceux qui les connaissent et les ont côtoyées, pour un défi immense, celui de mettre notre pays sur la voie de la neutralité carbone et celui de réussir toutes les transitions : écologique, énergétique, agricole et alimentaire. Amélie de Montchalin et Agnès Pannier-Runacher étaient respectivement ministre de la Transformation et de la fonction publique et ministre déléguée à l’Industrie dans le gouvernement sortant de Jean Castex. Le duo forme la structure proposée par Emmanuel Macron entre les deux tours de la présidentielle : une ministre chargée de la Planification énergétique avec pour mission de « faire de la France la première grande nation à sortir du pétrole, du gaz et du charbon ». Et une deuxième pour la Planification écologique territoriale dans le domaine des transports, du logement, de la biodiversité et de l’aménagement du territoire.

« Faire de l’écologie notre projet national »

La nouvelle ministre de la Transition écologique et de la cohésion des territoires Amélie de Montchalin a d’ailleurs appelé à la « mobilisation générale » pour « faire de l’écologie notre projet national ». « Le message d’avril des Français, et en particulier de notre jeunesse, est sans équivoque : sur la transition écologique, nous devons aller plus vite, plus fort, plus loin« , a-t-elle relevé à son arrivée à l’hôtel de Roquelaure, qui abrite le ministère de l’Écologie, lors d’une passation de pouvoirs avec Barbara Pompili. Sa boussole, a-t-elle précisé : « La transition écologique et la cohésion des territoires, sans jamais les opposer ». Après des études à HEC et Harvard, Amélie de Montchalin, 37 ans, a exercé dans le secteur bancaire (BNP Paribas), puis de l’assurance (Axa) avant de se faire élire députée de l’Essonne en 2017 et d’entrer au gouvernement en 2019 comme secrétaire d’État aux affaires européennes (2019-2020). Elle est particulièrement ravie d’arriver dans ce « magnifique » ministère de la Transition écologique, qu’elle n’a pas hésité à qualifier « de ministère de tous les possibles ». « Je le sais, sur l’écologie il y a parmi les Français ceux qui pensent que ça ne va pas assez vite et puis il y a ceux qui pensent que nous allons trop vite » a déclaré la nouvelle ministre qui a indiqué son envie « de réconcilier ces Français entre eux ». « Il n’y a pas pour moi d’un côté des néo-ruraux et de l’autre des gilets jaunes. Il y a d’abord des Français qui aspirent tous à vivre mieux le bien-vivre, le mieux vivre en bonne santé partout. C’est au fond le sens profond de ce ministère » a-t-elle ajouté.

« Trois défis majeurs à relever »

« C’est un immense honneur aujourd’hui de devenir la ministre de la Transition énergétique de notre pays » a déclaré Agnès Pannier-Runacher, « un portefeuille qui répond à l’urgence du siècle » a-t-elle ajouté. Énarque, inspectrice des finances, rompue au secteur public comme privé, Agnès Pannier-Runacher, 47 ans, est un soutien de la première heure d’Emmanuel Macron. Entrée au gouvernement en octobre 2018 comme secrétaire d’État à l’Économie, elle a ensuite été chargée de l’Industrie, installant les prémices d’une réindustrialisation affichée verte et décarbonée avec l’aide du plan de relance. « La lutte contre le dérèglement climatique doit être au cœur de toutes les politiques. Le dernier rapport du Giec est sans appel ! Il n’y a donc pas une minute à perdre pour atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050 ». Agnès Pannier-Runacher a fixé trois « défis majeurs » pour son mandat.  « Protéger notre planète », d’abord, en suivant les lignes du discours de Belfort d’Emmanuel Macron en matière de sobriété énergétique, de développement des énergies renouvelables et du programme nucléaire. Autre défi : « renforcer la souveraineté énergétique et industrielle » de la France. Elle souhaite pour cela revoir les règles européennes. « Mais contrairement à ceux qui prônent la désobéissance européenne, j’aimerais rappeler que c’est grâce à l’Union européenne que nous n’avons pas connu à cette date de coupure ou de rationnement électrique ». « Il faudra également conforter nos filières d’excellence et les défendre mais aussi développer les filières de demain » a déclaré Agnès Pannier-Runacher qui a rappelé, comme elle l’avait déjà fait en novembre dernier lors de la signature du contrat stratégique de filière «  nouveaux systèmes énergétiques », que « produire des énergies décarbonées c’est bien, le faire avec des équipements français et européens et des emplois qui vont avec c’est encore mieux ! » Enfin, elle sera en charge de « protéger le pouvoir d’achat des Français et la compétitivité des entreprises », avec pour objectif de contenir la hausse des prix de l’énergie et de permettre aux Français de s’équiper pour faire la transition. « Notre défi est double, nous devons répondre à l’urgence : contenir la hausse des prix de l’énergie et en même temps permettre aux Français de s’équiper pour pouvoir se passer des énergies fossiles et faire baisser leur facture » a souligné la nouvelle ministre, résumant sa future action en trois point : « Agir pour notre planète, agir pour renforcer notre souveraineté, agir pour protéger les Français ». Sa nomination a été saluée immédiatement par les industriels tant du nucléaire que des énergies renouvelables, rassurés par la continuité.

Quelques minutes plus tôt, non sans émotion, Barbara Pompili remettait les clefs de l’hôtel de Roquelaure, en rappelant avoir défendu « une certaine idée de l’écologie politique, « une écologie du réel, du quotidien » et salué les avancées « majeures » obtenues sous ce quinquennat et évoqué « son militantisme de toujours pour mettre l’écologie au cœur de l’action publique ». « Le coût de l’inaction climatique est bien connu. Notre devoir collectif, et en premier lieu celui de l’État, c’est d’agir face à ces menaces » a conclu Barbara Pompili. La Première ministre Élisabeth Borne a par ailleurs annoncé un secrétariat général à la planification écologique, placé auprès d’elle et « chargé de coordonner l’élaboration des stratégies nationales en matière de climat, d’énergie, de biodiversité et d’économie circulaire« . Il sera dirigé par Antoine Pellion, également conseiller au cabinet d’Élisabeth Borne. « Il veillera à la bonne exécution des engagements pris par tous les ministères en matière d’environnement », est-il précisé dans un communiqué.

Crédit : P. Bagein, Shutterstock.