Nouveaux systèmes énergétiques : l’État et la filière signent un nouveau contrat

Développer une industrie européenne compétitive de l'hydrogène renouvelable et bas carbone fait figure de priorité dans le nouveau CSF signé ce matin à Bercy.

Publié le 04/11/2021

6 min

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Ce 4 novembre, Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique et Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée chargée de l’Industrie ont réuni les acteurs de la filière énergétique française pour signer le contrat stratégique de filière « Nouveaux systèmes énergétiques » pour les années 2021-2023. Un nouveau contrat qui donne une place plus importante aux réseaux énergétiques, à l’Europe et au stockage de CO2.

Par Laura Icart

 

C’est une signature qui tombe à « point nommé » a déclaré Barbara Pompili, alors que l’énergie occupe une place prépondérante dans le débat public et que la décarbonation des usages énergétiques, notamment ceux du transport et de l’industrie, s’avère une condition sine qua none à l’atteinte de la neutralité carbone en 2050. « Il faut réinvestir massivement dans notre système énergétique » a souligné Barbara Pompili qui n’hésite pas à parler de « révolution » alors que deux tiers de notre mix énergétique sont toujours composés d’énergies fossiles. De son côté, Agnès Pannier-Runacher a rappelé que la souveraineté énergétique de la France passait par une « véritable reconquête industrielle » avec des écosystèmes dédiés sur les territoires « à forte valeur ajoutée française ou essentiellement française », insistant sur l’importance de l’Union européenne pour « avancer plus vite et plus efficacement ».

15 000 entreprises et 210 000 emplois directs et indirects

« Transformer la transition énergétique en opportunité de réindustrialiser la France » soulignait il y a quelques mois dans les colonnes de Gaz d’aujourd’hui Aurélie Picart, déléguée générale du CSF NSE. Il faut dire que cette filière, qui rassemble l’ensemble des industriels de la transition énergétique (énergies renouvelables, hydrogène bas carbone et renouvelable, efficacité énergétique, réseaux et stockage énergétiques), réunit dans notre pays 15 000 entreprises et représente plus de 40 milliards d’euros de chiffre d’affaires et près de 210 000 emplois directs et indirects. Depuis 2019, ce sont près de 600 contributeurs et 18 groupes de travail qui ont œuvré sur l’ensemble de la chaîne de valeur de la filière pour bâtir une offre industrielle solide, favoriser l’innovation, accélérer l’efficacité énergétique, réduire les coûts des technologies ou encore développer les compétences et les formations qui seront demain essentielles à la transition du secteur industriel.

70 % des actions mises en œuvre

« Nous avons réussi à mettre en œuvre plus de 70 % des actions prévues dans le premier contrat » s’est réjouie Claire Waysand, présidente du CSF NSE et directrice générale adjointe d’Engie. « Nous allons poursuivre cette dynamique et l’amplifier car nous sommes convaincus que cette filière a un rôle crucial à jouer pour une transition énergétique abordable et résiliente pour les territoires, les entreprises et les Français » souligne-t-elle, avec de grandes priorités. Des priorités qui bénéficieront, en plus des stratégies d’accélération, des investissements d’avenir et des crédits de France relance octroyés en septembre 2020, de nouveaux crédits dans le cadre de France 2030. Faire émerger une offre industrielle compétitive des batteries électriques en France, structurer un écosystème de l’hydrogène bas carbone en massifiant notamment les usages, rendre le biogaz compétitif en stimulant l’innovation, développer en France à l’horizon 2030 au moins deux projets de taille industrielle de captage et de stockage de CO2 (CCUS) sont parmi les principaux enjeux du nouveau CSF, avec en toile de fond une plus grande synergie avec l’Europe, notamment dans le cadre des IPCEI (système de soutien à des projets jugés essentiels pour la compétitivité de l’Europe) mais aussi la question de l’emploi et des compétences qui constitue pour Aurélie Picart « une composante essentielle à organiser et à structurer sur nos territoires ».

Rendre notre industrie « soutenable »

« Pompe à chaleur, chaudière biomasse, technologies de l’hydrogène, méthaniseurs » : pour Barbara Pompili, toutes ces technologies contribuent « à développer une offre d’énergie renouvelable compétitive et décarbonée ». La ministre souhaite d’ailleurs que les crédits du programme d’investissement d’avenir (PIA) soit utilisés en meilleure adéquation avec les priorités définies dans le nouveau CSF. Elle a annoncé à cette occasion la publication prochaine d’une stratégie d’accélération « Technologies avancées pour les systèmes énergétiques » qui ciblera principalement le photovoltaïque, l’éolien flottant et les réseaux énergétiques. Et la France continuera « à investir dans la recherche ». En 2020, les dépenses publiques françaises de recherche et développement (R&D) en énergie atteignent 1 525 millions d’euros, en progression de 11 % par rapport à 2019. Également annoncé par Agnès Pannier-Runacher : le lancement d’une plateforme de mise en relation qui recensera l’ensemble des acteurs (offre et demande) de la décarbonation en France. « Il faut normaliser, standardiser des offres technologiques » insiste la ministre, qui « contribueront à renforcer l’industrie française des énergies renouvelables, réduire le coût des technologies et rendre les investissements soutenables dans la durée ». La soutenabilité de la filière passera également par sa capacité à assurer la transition à de nouveaux métiers et l’adaptation à de nouvelles compétences. À ce titre, la formation sera au cœur du nouveau CSF avec notamment la création avec l’État de la démarche d’ « engagement de développement de l’emploi et des compétences » (Edec). Une démarche déjà en place pour la filière électrique depuis l’année dernière, qui a d’ailleurs permis d’identifier parmi plus de 100 métiers, 23 en tension au regard des besoins de la transition énergétique et numérique avec une offre de formation professionnelle continue qui ne correspond pas toujours aux besoins des entreprises. La filière gazière vient d’ailleurs juste de lancer son Edec. Il sera piloté par l’Association française du gaz.