Biodéchets : l’unité de méthanisation de Gennevilliers sera mise en service en 2025

À l’heure actuelle, sur les 500 000 tonnes de biodéchets alimentaires mobilisables en région francilienne, seuls 13 % sont collectés selon l'Ademe.

Publié le 29/03/2022

4 min

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Il y a un an, le Syctom, syndicat chargé de la gestion des déchets ménagers en Île-de-France, et le Sigeif annonçaient la mise en service en 2025 d’une unité de méthanisation dédiée exclusivement au traitement des biodéchets franciliens sur le port de Gennevilliers. Le 21 mars, les deux syndicats ont déclaré avoir choisi le groupe Paprec, numéro trois français des déchets et de la valorisation énergétique, pour construire cette unité qui permettra de valoriser sous forme de biométhane injecté jusqu’à 50 000 tonnes de biodéchets chaque année.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

Au 1er  janvier 2024, le tri à la source des déchets alimentaires devra être une réalité en France. Selon l’Ademe, chaque Français produit en moyenne 590 kg de déchets ménagers et assimilés par an. Une quantité qui a doublé en 40 ans mais qui recule légèrement depuis 10 ans, avec une amélioration de la collecte. Pourtant, moins de 10 % de la population française est concernée par une collecte sélective de ces déchets, dont seulement 40 % est valorisé en compostage ou en méthanisation. Les biodéchets représentent encore aujourd’hui un tiers de nos ordures ménagères résiduelles, nos fameuses poubelles grises, soit environ 10 millions de tonnes annuelles. Des biodéchets qui finissent la plupart du temps enfouis ou incinérés. Une aberration environnementale lorsqu’on sait qu’ils sont composés à plus de 80 % d’eau. En Île-de-France, ce gisement sera particulièrement important, la région francilienne étant la plus importante de France en densité par habitant. L’enjeu de sa valorisation l’est tout autant, et les sites de méthanisation incorporant des biodéchets « sont appelés à se multiplier » rappelait il y a quelques mois GRDF. Pour le président du Syctom, Éric Cesari, ce projet « participe ainsi à la résilience du Grand Paris et à la stratégie de décarbonation de la métropole »

Jusqu’à 50 000 tonnes de biodéchets traités

À l’heure actuelle, sur les 500 000 tonnes de biodéchets alimentaires mobilisables en région francilienne, seules 13 % sont collectées. Cette nouvelle unité, dont la mise en service est prévue en 2025, est dimensionnée pour traiter jusqu’à 50 000 tonnes de biodéchets. C’est le groupe Paprec qui a été choisi par le Syctom et le Sigeif pour concevoir, construire et exploiter l’unité de méthanisation qui sera installée au cœur du plus important port fluvial d’Europe et à quelques encablures de la plus grande station française exclusivement dédiée au gaz naturel véhicule (GNV et bioGNV) inaugurée il y a un an. « Cette usine sera une innovation majeure en Europe pour la transition écologique en permettant la valorisation énergétique et organique des biodéchets », signale ainsi le président fondateur de Paprec, Jean-Luc Petithuguenin. « Elle transformera des déchets jusqu’alors enfouis ou incinérés en gaz vert et fertilisants organiques. Elle permettra ainsi de préserver les ressources naturelles et d’avancer dans l’indépendance énergétique du territoire. » Cette unité, qui représente un investissement de 52 millions d’euros, sera financée pour moitié par le numéro trois français des déchets pour une durée de 19 ans. À pleine capacité, elle pourra produire près de 36 GWh par an qui seront réinjectés dans le réseau de GRDF, permettant d’alimenter « près de 5 400 foyers » indique le communiqué. Le groupe Paprec a déjà précisé que la montée en puissance de l’unité serait « progressive » et s’étalera sur plusieurs années, le temps de la montée en puissance de la collecte en Île-de-France. « Paprec apportera le complément de biodéchets nécessaires à la saturation de l’outil de production, qui sera obtenue dès 2027 » explique le directeur général de Paprec Énergies Stéphane Leterrier.

Une technologie innovante 

Si Paprec a été retenu, c’est aussi parce que le groupe propose une technologie innovante : un traitement en phase liquide. « Les déchets sont mis en suspension dans un hydro-pulpeur dédié, ce qui permet de mieux séparer les indésirables (plastiques, textiles…) et de donner un fertilisant et du biogaz de qualité optimale » explique le groupe dans son communiqué. « Nous avons voulu là encore que cette usine soit un modèle environnemental sur le territoire. Avant tout, avec un fertilisant dont la qualité est garantie, et zéro émission, nos technologies de traitement vont bien au-delà des réglementations […] L’alimentation en énergie viendra ainsi du biogaz généré par l’usine » précise Stéphane Leterrier. Près de 43 000 tonnes d’engrais liquide (du digestat) seront disponibles pour être épandus sur les terres agricoles franciliennes et évacués par voie fluviale.

Crédit : Shutterstock.