Un collectif d’acteurs lance un groupe de travail dédié à la gazéification hydrothermale

Publié le 16/03/2021

4 min

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Lundi 15 mars, GRTgaz a annoncé avec 26 partenaires la création d’un groupe de travail dédié à la gazéification hydrothermale. Une technologie prometteuse qui transforme déchets et résidus de biomasses humides ou liquides en gaz renouvelable directement injectable dans les réseaux gaziers.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

L’agence de l’eau Loire Bretagne, l’Association française du gaz (AFG), Amorce, Arol Energy, Banzo, Carene, le Cerema Ouest, CEA Liten, Engie, Greenmac, GRDF, GRTgaz, Ineris, Leroux et Lotz Technologies, Naldeo, Naskeo, Nevezus, Prodeval, S3D, Saur, Suez, le Syndicat des énergies renouvelables (SER), Top industrie, TreaTech, Veolia, Vinci Environnement, WeNext composent ce nouveau collectif multi-partenarials et multi-secteurs qui doit accompagner la structuration et la consolidation de la filière de gazéification hydrothermale à l’échelle française et européenne d’ici 2023. Un accompagnement qui passe, selon le communiqué de GRTgaz, par « un ancrage territorial de la technologie » mais aussi la réussite de son passage à l’échelle industrielle pour en faire une filière stratégique et compétitive, contribuant à la décarbonation du mix énergétique.

Entre 58 TWh et 138 TWh par an à l’horizon 2050

Technologie complémentaire ou alternative à la méthanisation ou à la pyrogazéification, la gazéification hydrothermale transforme les biomasses humides en gaz synthétiques, méthane, hydrogène et carbone, tout en traitant et isolant des déchets riches en matières organiques. Le procédé thermochimique à haute pression (250 à 300 bars) et haute température (400 à 700 °C) permet d’isoler la partie minérale des autres éléments. À la sortie du gazéifieur, le gaz de synthèse est séparé des résidus aqueux et épuré pour obtenir un gaz renouvelable à haute pression injectable dans le réseau de gaz. Une étude de GRTgaz réalisée avec Enea Consulting, publiée en octobre 2019, estime le potentiel des gisements de biomasses liquides générées en France à 340 millions de tonnes par an, dont environ 100 millions de tonnes par an mobilisables immédiatement. Les boues de stations d’épuration générées à partir des eaux usées urbaines ou industrielles (Step), les digestats de la méthanisation, les effluents d’élevage liquides, solides et agricoles, les résidus des industries agroalimentaires, les effluents et résidus industriels ainsi que les déchets organiques urbains composent la quarantaine d’intrants identifiés pour alimenter le procédé. Selon les hypothèses de mobilisation des gisements, le potentiel de gaz renouvelable issu de cette technologie pourrait représenter entre 58 TWh et 138 TWh par an à l’horizon 2050  » et satisfaire jusqu’à un tiers de la consommation française de gaz à cet horizon «  nous indiquait il y a quelques mois Robert Muhlke, en charge de la filière gazéification hydrothermale chez GRTgaz. Les boues de Step municipales et industrielles « juste épaissies ou digérées à travers des installations de méthanisation sont aujourd’hui les premiers intrants ciblés pour alimenter le procédé de gazéification hydrothermale » nous précisait-il. Si le potentiel semble bien réel, pour pouvoir l’exploiter, la structuration de la filière française de la gazéification hydrothermale s’avère indispensable. Qu’il s’agisse  du développement de la technologie elle-même que de la création des conditions réglementaires et économiques propices à sa mise en place et sa compétitivité.

Fédérer les acteurs sur l’ensemble de la chaîne de valeur

Le GT « gazéification hydrothermale », qui sera lancé officiellement le 24 mars au salon Bio360 Expo, entend  » fédérer les acteurs de la filière sur l’intégralité de sa chaîne de valeur « , de l’amont à l’aval, des producteurs de gaz renouvelables aux collectivités locales et devenir un interlocuteur privilégié auprès des pouvoirs publics et de l’ensemble des acteurs du tissu économique local. Le groupe de travail a d’ores et déjà défini plusieurs axes de travail et prévoit de lancer des travaux spécifiques tels que la qualification de matières et flux valorisables, le développement de modèles d’affaires ou encore asseoir un solide retour d’expérience sur les pilotes et démonstrateurs existants. En Europe, une dizaine d’acteurs développent ou exploitent actuellement des pilotes avec des stades de maturité différents, les plus avancés étant la Suisse et les Pays-Bas. « Le groupe de travail est ouvert à tous les partenaires qui souhaitent le rejoindre pour contribuer au développement de la filière gazéification hydrothermale en France » conclut le communiqué.