Transport de marchandises : livrer écolo, c’est possible !

Publié le 20/02/2017

4 min

Publié le 20/02/2017

Temps de lecture : 4 min 4 min

 

Rouler et livrer au gaz naturel : si l’idée pouvait sembler encore farfelue il y a dix ans, force est de constater qu’elle a depuis fait son chemin. Suivant l’exemple des collectivités, certaines entreprises ont franchi le pas ces dernières années. Lyreco, Ikea, Carrefour, Monoprix, Conforama, Casino, Biocoop ou encore Castorama ont expérimenté avec succès la mobilité gaz et ont permis au gaz carburant d’occuper une place de premier choix dans la transition énergétique du transport routier de marchandises. Nous avons rencontré certains d’entre eux.

Trois questions à : Philippe Enguix, Groupe Casino

En juillet 2016, Casino a affiché son ambition : déployer une importante flotte de 400 camions roulant au GNC et GNL en France. L’objectif du groupe est de déployer 200 véhicules GNV dès le début de cette année, puis 200 supplémentaires à l’horizon 2020. Le groupe prévoit également l’ouverture de 8 stations GNV dès 2017.

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  • Qu’est-ce qui pousse aujourd’hui une entreprise comme Casino à faire le choix du GNV ?

Le groupe Casino est un acteur engagé pour la réduction des gaz à effet de serre. La direction transport s’est lancée dans une démarche soutenue depuis 2008 pour améliorer son bilan carbone. Plusieurs leviers sont utilisés : optimisation du remplissage des véhicules, optimisation du nombre de kilomètres parcourus, transport alternatif et multimodal (train, barge). Au-delà de ces solutions, un axe majeur est la mise en place de moteurs moins polluants. Le parc véhicule a été modernisé avec plus de 95 % de la flotte répondant aux normes véhicules Euro 5 et supérieur. Le principal levier permettant d’atteindre l’objectif du groupe de réduction des gaz à effet de serre de 20 % d’ici 2020 (base 2012) réside dans la bascule des motorisations gasoil vers le gaz naturel pour véhicule (GNV). Aujourd’hui, pour le transport de marchandises, le GNV est la seule alternative au gasoil, concrète, disponible sur le marché et économiquement viable. Le choix de rouler au gaz permet également d’anticiper le durcissement de la législation et de préparer les livraisons de demain : de plus en plus de villes projettent de restreindre l’accès de leur centre-ville aux véhicules polluants, une démarche accélérée depuis la COP21 et la loi de transition énergétique pour la croissance verte.

  • Quels sont les obstacles qui restent à lever pour pérenniser l’usage du GNV au sein de votre entreprise ?

Parlons plutôt de l’existence de certains freins au déploiement. Côté constructeur, même si la technologie est mature, le marché souffre d’une gamme véhicules trop faible et avec un tarif trop déconnecté du marché gasoil. Coté fournisseurs de gaz, nous sommes liés par des volumes importants pour accéder un prix complétif vis-à-vis du gasoil : cela nous freine dans le déploiement de notre démarche, notamment dans les zones où nous n’avons pas suffisamment de véhicules pour séduire les fournisseurs. Par ailleurs, l’évolution de la fiscalité est une variable que nous suivons de près. Voici l’ensemble des éléments à prendre en compte pour être à même de déployer 100 % de la flotte.

  • Les transporteurs s’associent-ils facilement à votre démarche ?

Même si nous accompagnons financièrement nos transporteurs dans la durée, certains d’entre eux demandent encore à être convaincus sur la pertinence de la technologie et le retour sur investissement qu’ils peuvent en tirer. La majorité des transporteurs restent séduits par le projet et la démarche et sont sensibles au fait que cette initiative valorise la filière transport et sa capacité d’évolution et d’innovation.

Propos recueillis par Laura Icart