En France, la précarité énergétique touche 12 millions de personnes. Cette année, la deuxième édition de la journée de lutte contre la précarité énergétique se tient dans un contexte inflationniste particulièrement important qui fait craindre que beaucoup de Français ne puissent utiliser leur chauffage, faute de pouvoir payer les factures.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

Selon l’Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE), avant même le début de la crise énergétique près de 20 % des ménages en France étaient déjà considérés comme des précaires énergétiques. Et les associations se disent très inquiètes pour l’hiver à venir. Le Secours catholique estime que de plus en plus de Français qui se présentent à eux ne peuvent plus payer leurs facture d’énergie, avec un risque accru de voir basculer des milliers de personnes supplémentaires dans la pauvreté. « Quand l’équilibre du budget tient a 10 euros près, aucune marge n’existe » note l’association dans son rapport statistique annuel « État de la pauvreté en France 2022 » publié le 17 novembre.

La France a davantage froid qu’il y a 10 ans

La précarité énergétique est un défi de société majeur. Elle touche 12 millions de Français et plusieurs dizaine de millions d’Européens. En 2021, 5,6 millions de ménages étaient en situation de précarité énergétique en France, soit près d’un foyer sur 10, selon les données de l’ONPE. Pour rappel, ils étaient 3,5 millions en 2019. « La précarité énergétique, c’est d’abord une réalité humaine » souligne le Secours catholique qui estimait en 2020 que sur les 1,5 million de personnes qu’elle accompagne, 38,2 % des impayés concernent les factures d’énergie. C’était le deuxième poste d’aide financière octroyée par l’association en 2020. Au cours de l’hiver 2020-2021, 20 % déclaraient avoir souffert du froid au moins 24h et pour 36 % d’entre eux restreindre le chauffage était déjà une question financière. L’hiver dernier, ce pourcentage a encore augmenté (22 %). La flambée des prix de l’énergie depuis un an et l’inflation qui renchérit considérablement le coût de la vie laissent présager que la précarité énergétique va continuer d’augmenter.

69 % des Français se restreignent sur le chauffage

Si tous les Français ne sont pas concernés par la précarité énergétique, les factures d’énergie représentent aujourd’hui une part importante dans le budget de 8 ménages sur 10. « Le taux est passé de 71 % des ménages en 2020 à 82 % en 2022, soit une hausse de 11 % » indique le médiateur. Près de 22 % des consommateurs ont souffert du froid l’hiver dernier, soit 2 % de plus que l’année dernière (+ 8 % vs 2020) avec un taux plus élevé chez les locataires et les moins de 35 ans. La part des consommateurs qui restreint le chauffage pour ne pas avoir de factures trop élevées a augmenté de 16 % en trois ans, pour atteindre 69 % en 2022.

De grandes inquiétudes pour cet hiver

Un ménage est en situation de précarité énergétique s’il « éprouve dans son logement des difficultés particulières à disposer de la fourniture d’énergie nécessaire à la satisfaction de ses besoins élémentaires en raison de l’inadaptation de ses ressources ou de ses conditions d’habitat » indique la loi du 10 juillet 2010, dite « loi Grenelle 2 ». Si ce ne n’est pas le seul facteur, la performance énergétique des logements en est souvent la cause. Et les chiffres communiqués par l’Observatoire national de la rénovation énergétique (ONRE) ne sont pas bons. La France compte 5,2 millions de « passoires énergétiques » sur un parc de 30 millions de résidences principales, soit une hausse de 8 % par rapport à 2018. L’hiver qui arrive inquiète déjà car si les aides gouvernementales et le bouclier tarifaire ont permis jusque-là de réduire les effets de la crise, en tout cas pour les ménages qui sont indexés au tarifs réglementés, la facture des particuliers qui augmentera quoi qu’il arrive d’au moins 15 % devrait encore contribuer à la paupérisation des plus vulnérables.

Crédit : Shutterstock.