La hausse des prix de l’électricité et du gaz sera contenue à 15 % en 2023

Publié le 15/09/2022

6 min

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Face à la flambée des prix de l’énergie et à l’inquiétude grandissante des Français, la Première ministre a annoncé le 14 septembre une série de mesures destinées à accompagner ménages et entreprises dans un contexte fortement inflationniste. Elle a notamment annoncé le prolongement en 2023 du bouclier tarifaire avec un plafond d’augmentation maximum fixé à 15 % pour le gaz comme pour l’électricité, et le versement d’un chèque énergie exceptionnel.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

 

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« Nous devons continuer à répondre aux inquiétudes tout en veillant à ne pas creuser davantage notre dette et à cibler au mieux nos dispositifs » a souligné d’emblée la Première ministre. « Le quoi qu’il en coûte est derrière nous » a ajouté le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, donnant le ton d’une conférence de presse qui avait pour vocation de rassurer les Français à l’approche de l’hiver. Quelques heures avant, les gestionnaires de réseaux de transport de gaz et d’électricité avaient présenté leurs perspectives et souligné que la France était prête à affronter l’hiver avec des risques de tension « maîtrisables » et une mobilisation générale en faveur de la sobriété.

Sobriété et solidarité européenne

Y aura-t-il assez de gaz et d’électricité cet hiver ? Oui selon Élisabeth Borne qui s’appuie sur les prévisions des gestionnaires de réseaux dont elle a tiré deux enseignements : « Le premier, c’est que dans les scénarios les plus probables, si chacun prend ses responsabilités et fait preuve de la sobriété nécessaire, il n’y aura pas de coupure », sous-entendu pas d’activation de dispositif de rationnement, notamment pour les énergo-intensifs. Le deuxième, selon la Première ministre, c’est que « seules la sobriété et la solidarité européenne nous permettront d’éviter des coupures et des rationnements dans les cas de figure les plus pessimistes, comme un hiver particulièrement froid cumulé à des difficultés d’approvisionnement ». Des scénarios qui confortent selon elle la politique gouvernementale qui avait anticipé cette situation notamment pour le gaz, via le remplissage accéléré des stockages de gaz ou l’importation supplémentaire de GNL et une stratégie de sobriété avec un plan national et sectoriel qui sera dévoilé au début du mois d’octobre. La solidarité européenne est « cruciale dans des économies interconnectées comme les nôtres » a rappelé la Première ministre, expliquant que la France y participerait en livrant du gaz à ses voisins qui pourraient de leur côté lui livrer de l’électricité – un accord a d’ailleurs déjà été prévu avec l’Allemagne. 

Stopper l’escalade des prix

« Notre objectif, aujourd’hui, c’est de stopper l’explosion des cours de l’énergie à l’échelle européenne et de les ramener à plus de modération » a indiqué Élisabeth Borne, alors que les cours du gaz et d’électricité en Europe ont atteint des sommets à la fin du mois d’août, poussés par la guerre en Ukraine et les diminutions successives de gaz orchestrées par le Kremlin. Des prix de marché qui sont considérablement plus élevés que les coûts de production et qui paraissent hors de contrôle. Sur l’électricité, les prix anticipés par les marchés en 2023 sont 10 fois supérieurs à ceux de 2021. Et si cette situation résulte d’une « crainte excessive de pénurie », des actions sont menées en France et en Europe pour « rassurer les marchés sur les risques de pénuries » et agir « contre la spéculation sur les prix de l’énergie ». « Nous ne laisserons pas de situations de rente s’installer » a insisté la Première ministre, rappelant que la Commission européenne travaillait sur un mécanisme similaire à celui qui existe en France (sur le nucléaire et le renouvelable) et qui permet récupérer les marges exceptionnelles.

 

Une hausse des factures de 15 % maximum

Il y a quelques jours les membres du gouvernement annonçaient que le bouclier tarifaire pour les ménages, les copropriétés, les logements sociaux, les petites entreprises et les plus petites communes bénéficiaires de tarifs réglementés en gaz et en électricité allait être prolongé. La Première ministre a confirmé son prolongement et la nouvelle limite de plafonnement des prix à 15 % pour le gaz (les prix étaient gelés depuis octobre 2021) en janvier 2023 et à 15 % pour l’électricité en février 2023 (la hausse était limitée à 4 %). Un mécanisme qui a coûté près de 24 milliards net à l’État mais qui a permis selon Élisabeth Borne de maintenir « stable » la facture moyenne des ménages qui se chauffent au gaz « alors qu’elle a augmenté de moitié en Belgique et a été multipliée par trois aux Pays-Bas et en Allemagne » idem pour la facture électrique. « 15% au lieu de 120%, c’est l’engagement que nous prenons » a-t-elle insisté, quand Bruno Le Maire ajoute que « l’écart ne sera pas reporté sur les factures des consommateurs » mais « pris en charge par l’État ». Un dispositif prolongé dont le coût est évalué à 16 milliards net (45 milliards brut) par Bercy, dont 11 milliards pour le gaz et 5 milliards pour l’électricité.

Un chèque énergie exceptionnel pour 40 % des ménages français

La cheffe du gouvernement a annoncé le versement d’un chèque énergie supplémentaire. Une aide exceptionnelle allant de 100 à 200 euros selon les revenus qui sera versé d’ici la fin de l’année à 12 millions de foyers. Une nouvelle mesure estimée à 1,8 milliard d’euros, « déjà budgétée » selon Bercy.

Le plan de sobriété qui sera présenté début octobre et le projet de loi pour accélérer le déploiement des énergies renouvelables sont également des leviers pour « détendre les marchés et aller vers davantage de souveraineté » a rappelé la ministre de la Transition énergétique, Agnès PaNnier-Runacher, qui a rappelé que l’objectif de réduire de 10 % la consommation énergétique d’ici deux ans « était une première marche » vers celui de « réduire notre consommation énergétique de 40 % par an à usage égal pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 ».

Crédit : Gaz d’aujourd’hui.