« Nous avons actionné tous les leviers pour passer l’hiver » souligne la ministre de la Transition énergétique

Publié le 03/09/2022

6 min

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Temps de lecture : 6 min 6 min

Sobriété, solidarité, diversification : l’exécutif a appelé vendredi à la sobriété et à la solidarité européenne à l’issue d’un conseil de défense consacré à l’énergie afin de faire le point sur l’approvisionnement en gaz et en électricité avant la saison hivernale.

Par Laura Icart

 

Dans un format inédit, ce premier conseil de défense consacré à la crise énergétique affichait un objectif : préparer tous les scénarios possibles pour l’automne et l’hiver. Les prix de gros sur les marchés ont atteint des sommets fin août avant de se stabiliser en fin de semaine. Dans le même temps, la Russie a encore réduit ses livraisons via Nord Stream, quand les flux gaziers entre la France et la Russie sont « au plus bas » a indiqué la ministre de la Transition énergétique lors d’un point presse.

« Pas d’inquiétude » à l’approche de l’hiver  

Ce conseil de défense « stratégique » selon l’Élysée, qui a permis de réunir les ministres compétents sur la question énergétique, a été l’occasion de poursuivre les travaux engagés avant l’été, notamment le plan de sobriété et d’établir avec des experts les orientations et les scénarios dont se saisira l’exécutif dans les prochaines semaines pour assurer la sécurité énergétique du pays. Et sur ce sujet, le gouvernement se montre rassurant, expliquant que cette situation de rupture d’approvisionnement avec la Russie avait été « anticipée ». Cette réunion s’est déclinée en quatre volets : un consacré à l’approvisionnement, un volet sur la solidarité européenne, un autre sur « une sobriété choisie pour éviter les coupures subies » a souligné Agnès Pannier-Runacher, et un dernier pour évoquer la méthode et le calendrier.

Les stockages sont quasi pleins

Les flux de gaz russe envers la France sont « au plus bas » mais ils ne sont pas coupés. Pas d’inquiétude du côté de l’exécutif puisque les terminaux méthaniers tournent « à plein régime ». Avec quatre terminaux méthaniers et une politique d’approvisionnement particulièrement diversifiée (cinq fournisseurs en 2020 dont la Norvège pour 36 %) et un important recours au gaz naturel liquéfié (43 % des importations françaises en 2020), « nous avons sécurisé nos stocks de gaz, ils sont aujourd’hui remplis à 92 %, nous pouvons donc dire que nous sommes désormais quasiment à notre objectif avec deux mois d’avance et nous avons renforcé et diversifié nos approvisionnements en gaz en provenance d’autres pays » souligne la ministre, évoquant « un bon rythme » de remplissage chez nos voisins européens. « Nous avons débloqué les projets les plus avancés de gaz bas carbone » rappelle-t-elle en soulignant l’importance du plan de sobriété qui sera dévoilé à la fin du mois dont l’objectif est de réduire de 10 % notre consommation d’énergie. « Ces décisions nous permettent d’aborder cette période dans les meilleures conditions possibles. » Côté électricité, 32 réacteurs sont à l’arrêt dont certains pour corrosion sous contrainte et d’autres pour les maintenances habituelles. EDF s’est engagé à redémarrer tous les réacteurs pour cet hiver. « Nous suivons la situation au plus près avec des points hebdomadaires et nous sommes particulièrement vigilants à ce que ce calendrier soit tenu » précise la ministre.

Renforcer la solidarité avec l’Allemagne et l’Espagne

« Cette situation à laquelle nous faisons face, tous les autres pays européens la connaisse » rappelle la ministre, et c’est « grâce à cette solidarité que nos voisins européens ont également pu remplir leurs stocks de gaz ». Mais le conseil a particulièrement examiné les relations avec l’Allemagne et l’Espagne parce que « nous avons avec ces deux pays d’importants échanges de gaz et d’électricité et nous avons conclu que cette solidarité réciproque devra être renforcée dès cet hiver » a souligné Agnès Pannier-Runacher. « Nous travaillerons avec les Allemands pour renforcer nos échanges en gaz et en électricité » précise-t-elle en évoquant le prochain conseil extraordinaire des ministres européens de l’énergie (le 9 septembre) : « Nous serons force de proposition autant sur les mesures de sobriété que sur les réformes à mener, à commencer par le marché de l’électricité. » En effet, sur ce dernier point la Commission semble enfin prête à entamer une réforme après une décennie de libéralisation. « Mi-septembre les gestionnaires de réseaux préciseront leur scénario pour cet hiver. » Agnès Pannier-Runacher précise que des points réguliers seront mis en place dès le début du mois d’octobre.

Sonner « la mobilisation générale »

Pour éviter des mesures contraignantes, le gouvernement appelle à la « mobilisation générale » . « Nous avons déjà mobilisé l’État, les collectivités locales et les entreprises, certains ont d’ores et déjà fait des propositions de grande qualité. » Chaque acteur a vocation à construire sa feuille de route pour contribuer réussite du plan de sobriété. La ministre évoque « des efforts collectifs, proportionnés et raisonnables avec une attention particulière portée au chauffage et à l’éclairage ». Des efforts qui doivent se matérialiser par une consommation plus raisonnée du gaz et de l’électricité, notamment en baissant le chauffage dans les bâtiments publics ou en éteignant les bâtiments la nuit. Un degré de différence peut correspondre à 7 % de consommation d’énergie en moins précise l’Ademe. « Les mesures de rationnement seront utilisées en tout dernier recours » souligne la ministre. Dès la semaine prochaine, « nous allons poursuivre le travail sur le plan de sobriété en partageant les recommandations remontées par les différents secteur ». La date limite de dépôt était fixée au 31 août. « Nous faisons appel à la responsabilité collective » pour « continuer de sécuriser tous les leviers, y compris des mesures plus contraignantes en concertation avec les acteurs concernés » a conclu Agnès Pannier-Runacher.