Ma prime rénov’ : recentrage des aides et baisse de 500 millions d’euros du budget de l’Anah en 2026

Rénovation énergétique
14/10/2025
4 min
Moins de crédits pour l’Anah dans le PLF 2026 : le gouvernement mise sur les CEE pour maintenir le rythme des rénovations énergétiques. ©Shutterstock



Le gouvernement confirme un tour de vis budgétaire sur la rénovation énergétique. Le projet de loi de finances (PLF) pour 2026 prévoit une réduction de 500 millions d’euros de la dotation à l’Agence nationale de l’habitat (Anah), principal opérateur public de Ma prime rénov’. Les aides seront désormais concentrées sur les rénovations les plus performantes et les logements les plus énergivores.

Par la rédaction, avec AFP


« Le dispositif Ma prime rénov’ fait l’objet d’un recentrage sur les logements prioritaires en ce qui concerne les rénovations d’ampleur, tandis que les aides versées au titre des rénovations dites « par gestes » cibleront en priorité la décarbonation », indique le projet de loi de finances présenté mardi. Cette réorientation stratégique s’accompagne d’une contraction des crédits : la dotation de l’Anah passera de 2 milliards d’euros en 2025 à 1,5 milliard en 2026, selon une annexe budgétaire consultée par l’AFP. Une baisse nette de 500 millions d’euros, justifiée par une plus forte mobilisation des certificats d’économie d’énergie (CEE), financés par les énergéticiens.

Objectif ambitieux, moyens réduits

Le gouvernement maintient son cap d’un parc de 700 000 logements rénovés chaque année à l’horizon 2030. Mais ce choix de recentrage interroge les experts sur la capacité réelle à tenir cet objectif.

« C’est une grande baisse de budget. On voit difficilement comment il serait possible de baisser la dotation financière tout en augmentant le nombre de rénovations énergétiques », souligne Maxime Ledez, chercheur à l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE). Selon lui, « la question est de savoir si les CEE seront suffisants pour compenser cette baisse des crédits ». Le volume des CEE pour 2026 n’a pas encore été défini par l’État, laissant planer une incertitude sur le financement global de la rénovation énergétique.

Des critères d’éligibilité resserrés


L’aide Ma prime rénov’ dédiée aux rénovations « d’ampleur » — qui combinent plusieurs types de travaux pour améliorer significativement la performance énergétique d’un logement — a été mise en pause cet été face à un afflux de demandes. Le guichet a rouvert le 30 septembre avec des critères plus stricts. Désormais, seuls les logements classés E, F ou G au diagnostic de performance énergétique (DPE) sont éligibles. Les ménages modestes et très modestes sont prioritaires et un quota maximal de dossiers a été fixé. Les plafonds de travaux ont également été abaissés afin d’éviter les effets d’aubaine.

Vers une décarbonation ciblée


Pour les rénovations « par geste », comme le remplacement d’une chaudière ou l’isolation d’un élément spécifique, le gouvernement veut concentrer les aides sur les actions les plus efficaces en matière de décarbonation. L’isolation des murs et l’installation de chaudières biomasse (bois et granulés) devraient être exclues de la liste des travaux éligibles. Le texte budgétaire ne précise pas encore les contours exacts de cette priorité décarbonation, mais elle s’inscrit dans la volonté affichée de réduire les émissions du secteur résidentiel tout en maîtrisant la dépense publique.

En 2025, le budget de Ma prime rénov’ s’élevait à 3,6 milliards d’euros, dont 2,5 milliards étaient consacrés aux rénovations d’ampleur et à l’accompagnement des ménages. Une enveloppe qui pourrait être revue à la baisse l’an prochain, même si le gouvernement n’a pas encore détaillé le montant exact dédié au dispositif. La réduction des crédits alloués à l’Anah marque un tournant dans la politique de rénovation énergétique : moins de moyens, mais une volonté de mieux cibler. Reste à savoir si cette stratégie permettra d’atteindre les objectifs climatiques fixés à moyen terme.

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