Marseille : l’unité de méthanisation de Sormiou alimente 2 500 foyers en gaz vert

L'unité de méthanisation de Sormiou est l'une des plus grandes unités de France et la plus importante de la région Sud.

Publié le 08/04/2022

5 min

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En 2021, l’unité de méthanisation de Sormiou (Bouches-du-Rhône) a permis d’alimenter 2500 foyers environnant en biométhane produit à partir des boues d’épuration issues du traitement des eaux usées du territoire métropolitain. Cette unité, exploitée par le service d’assainissement Marseille métropole (Seramm), filiale de Suez pour le compte de la métropole Aix-Marseille-Provence, est dimensionnée pour alimenter jusqu’à 3 800 foyers.

Par Laura Icart

 

Implantée depuis 1987 dans la calanque du même nom, la station de Sormiou traite les boues issues de la station d’épuration des eaux usées de Géolide située, pour la petite histoire, sous le stade Orange Vélodrome. La station de Sormiou a trouvé un nouveau souffle en 2019 quand les premières molécules de biométhane ont été injectées dans le réseau de GRDF. Une nouvelle valorisation énergétique beaucoup plus performante avec un impact moindre sur l’environnement puisqu’elle évite notamment le torchage du biogaz. L’unité produit désormais trois fois plus d’énergie qu’elle n’en consomme annuellement pour ses propres besoins de fonctionnement et valorise la moitié de son biogaz en biométhane. À Sormiou, « faire du déchet du territoire une ressource pour ce même territoire trouve tout son sens en formant une boucle vertueuse » rappelle le directeur du Seramm, Manuel Nivet.

2 500 foyers alimentés en gaz vert

Ce sont près de 2 500 foyers du quartier de la Soude, soit environ 10 % de la population du 9e arrondissement de la cité phocéenne, qui sont alimentés avec un gaz vert produit localement. Du biométhane qui est en fait directement issu du traitement des eaux usées domestiques et industrielles des habitants de Marseille et de 16 communes environnantes.

3 800 foyers dans un futur proche ?

L’année dernière, l’unité de méthanisation de Sormiou a produit 27 GWh (environ 300 normaux mètres cubes) de biométhane soit l’équivalent de sa puissance installée. L’unité, qui a déjà été dimensionnée pour produire jusqu’à 40 GWh, se verrait bien grandir, la quantité de boues à traiter ne manquant pas dans la deuxième ville la plus peuplée de France. « Une augmentation de capacité de production est à l’étude » nous indique Manuel Nivet, mais la décision finale revient à la métropole qui devra étudier avec les partenaires du projet, notamment Suez et l’Agence de l’eau, le meilleur équilibre économique alors que les tarifs d’achats ont évolué en 2020 et que la réglementation pour des sites de cette puissance pourrait également évoluer. Si cette augmentation de capacité et par là-même de production était décidée, elle permettrait d’alimenter 3 800 foyers en gaz vert.

Méthanisation : 900 GWh par an en région sud en 2030 ?

En région sud, la méthanisation est peu développée. Une vingtaine d’unités sont en service dont 5 injectent directement dans les réseaux gaziers. Contrairement au reste de la France, la méthanisation agricole en injection y est très peu représentée. Actuellement, les unités qui injectent dans le réseau représentent une capacité de production d’environ 67 GWh par an. En plus de l’unité de Sormiou, trois autres unités injectent également du biométhane issu des boues d’épuration. Premièrement la station d’épuration du Reyran, sur la commune de Frejus, qui traite chaque année 10 millions de m3 d’eaux usées. D’une capacité de production évaluée à 9,4 GWh par an, elle permet d’alimenter en biométhane environ 4 000 foyers. Depuis deux ans, elle alimente également en bioGNV la station de Puget-sur-Argens. Même configuration à Cagnes-sur-Mer, où une unité de méthanisation a été installée en janvier 2021 sur la station d’épuration Aeris avec une production de biométhane répond à la consommation de 5 500 foyers. Tout récemment, en mars, c’est sur la station d’épuration du grand Avignon qu’une unité a été mise en service. En septembre 2020, c’est l’industriel spécialisé dans la transformation de fruits Aptunion, à Apt (Vaucluse), qui a inauguré avec Veolia un méthaniseur d’une capacité de 12,5 GWh par an, entre son usine et sa station d’épuration, lui permettant de répondre à une problématique spécifique à son activité et de faire des économies sur la gestion de ses rejets tout en produisant de l’énergie. Selon Olivier Bresson, directeur territoire sud-est chez GRDF, le potentiel régional de la méthanisation est estimé « à environ 900 GWh par an » en 2030, ce qui équivaudrait à multiplier par neuf la production actuelle et représenterait environ 8 % de la consommation en gaz fossile de la région Sud, estimée aujourd’hui à 13 TWh. Mais c’est sans compter « sur le potentiel de production de gaz renouvelables de deuxième génération » insiste Olivier Bresson, et notamment la pyrogazéification des résidus solides, en évoquant le projet Green Gas Provence. Situé près Istres, ce projet a été lauréat en juillet dernier de l’appel à projets de GRDF consacré à la pyrogazéification et doit venir traiter jusqu’à 16 000 tonnes de déchets de bois, principalement sous forme de méthane de synthèse, soit un potentiel évalué à 70 GWh par an.

Crédit : Laura Icart