L’UE a atteint son objectif de 90 % de stockage de gaz avant l’hiver

Publié le 21/08/2023

4 min

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L’Union européenne a atteint son objectif de remplissage des stockages de gaz à 90 % de leur capacité, environ deux mois et demi avant la date limite du 1er novembre, selon les nouveaux chiffres publiés par Gas Infrastructure Europe. L’année dernière, l’objectif de 90 % avait été atteint le 10 octobre.

 

Par Laura Icart

 

Selon Gas infrastructure Europe (GIE), l’Union européenne vient de passer le cap des 90 % de taux de remplissage de ses stockages gaziers souterrains, soit plus de 1 000 TWh, 1 030 exactement selon les chiffres actualisés du 18 août. « Nous avons répondu à nos besoins de stockage de gaz bien avant la date prévue, ce qui  montre que l’UE est bien préparée pour l’hiver et qui contribuera à stabiliser davantage les marchés dans les mois à venir » a souligné la commissaire chargée de l’énergie, Kadri Simson.

 

Le cap des 90 % est dépassé

Remplir les installations de stockage à 90 % pour le 1er novembre de chaque année, c’est l’une des clés essentielles à la sécurité d’approvisionnement de l’Europe. Instauré en juin 2022, dans un contexte géopolitique particulièrement incertain pour la sécurité énergétique du Vieux Continent, le règlement sur le stockage du gaz vise à optimiser la préparation de l’UE pour l’hiver en fixant un objectif contraignant pour l’Union. Une donnée loin d’être anodine lorsque l’on sait que la capacité des stockages de gaz en UE peut couvrir jusqu’à un tiers de la demande de gaz en hiver.  

Selon les données agrégées du GIE, les niveaux de stockage de gaz ont atteint 1 030 TWh, soit 90,71 % de la capacité de stockage, ce qui équivaut à plus de 93 milliards de mètres cubes de gaz naturel. La situation est très hétérogène en Europe. Neuf pays (Chypre, l’Estonie, la Finlande, la Grèce, l’Irlande, la Lituanie, le Luxembourg, Malte et la Slovénie) ne possèdent pas de stockage souterrain de gaz alors que cinq pays (Italie , l’Allemagne, la France, l’Autriche et la Hongrie) se partagent plus de 66 % des capacités de stockage de gaz de l’UE. Les niveaux varient entre les pays mais tous sont largement en avance par rapport à la même période de l’année dernière où l’objectif de remplissage était d’ailleurs fixé à 80%. Onze pays ont déjà passé le cap des 90 %. Parmi eux, l’Allemagne (92 %), les Pays-Bas (93 %), l’Italie (91 %) ou encore la Croatie (96 %). À noter qu’en Espagne, les stockages sont déjà remplis à 100%. La France, qui possède parmi les capacités de stockage souterraines les plus importantes de l’UE, est sur une bonne dynamique avec 85 % de ses stockages remplis pour une capacité de plus de 116 TWh.

Un marché du gaz qui reste « sensible »

Si Kadri Simson estime que le marché européen de l’énergie est dans « une position beaucoup plus stable qu’il ne l’était l’année dernière à la même époque », notamment grâce aux différentes mesures prises par la Commission dans le cadre de REPowerEU, elle souligne cependant que le marché du gaz reste « sensible » et que les pays de l’UE doivent continuer d’investir massivement dans l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables. Outre le règlement sur les stockages de gaz, plusieurs autres mesures ont été déployées au cours des derniers mois. Le règlement relatif à la réduction de la demande de gaz  instauré en août 2022 a stimulé une baisse de 18 % de la consommation de gaz entre août 2022 et mai 2023, et a été prolongé d’une année supplémentaire. Mais un « rebond » est toujours « possible » soulignait en  juin dans les colonnes de Gaz d’aujourd’hui, Anouk Honoré, chercheuse associée à l’Oxford Institute for Energy Studies (OIES). Plusieurs pays ont également investi pour augmenté leur capacité d’importation de gaz naturel liquéfié (GNL). C’est le cas notamment de l’Allemagne et de la Grèce. La Commission a également diversifié et augmenté son portefeuille d’approvisionnement de GNL, notamment avec les États-Unis mais aussi d’autres pays comme l’Azerbaïdjan. Au premier trimestre 2023, la Russie représentait 15 % des importations de gaz de l’UE, soit 50 % de moins qu’à la même période l’année dernière. Enfin, deux appels pour des achats conjoints de gaz ont déjà été organisés, l’un en juin, l’autre en juillet, et un troisième appel devrait être lancé « au cours de la deuxième quinzaine de septembre » précise la Commission.