L’UE reste dépendante des importations de technologies vertes

Produits énergétiques
10/10/2025
4 min
La filière éolienne européenne a enregistré une hausse de 41 % en valeur et de 28 % en poids par rapport à 2023, avec 17 180 unités exportées, soit 7 434 de plus qu’un an plus tôt. ©Shutterstock

En 2024, l’Union européenne (UE) a importé pour 14,6 milliards d’euros pour se fournir en panneaux solaires, éoliennes, biocarburants. Une somme nettement moins conséquente qu’en 2023 (23 milliards d’euros) davantage liée à des baisses conjoncturelles de prix qu’à une réduction de nos importations qui restent nettement supérieures à nos exportations. Troisième plus gros consommateur d’énergie au monde, le Vieux Continent a nettement plus de besoins en produits énergétiques dits « durables » pour assurer sa transition qu’il n’est en mesure de produire.  

Par la rédaction, avec AFP

En 2024, l’UE a importé pour 11,1 milliards d’euros de panneaux solaires, 2,9 milliards d’euros de biocarburants liquides et 0,5 milliard d’euros d’éoliennes en provenance de pays tiers, soit un total de près de 14,6 milliards d’euros d’importations de produits liés à l’énergie verte. La valeur des panneaux solaires importés a diminué de 43 % par rapport à 2023 en raison d’une baisse des prix, tandis que le poids total de ces importations a augmenté de 2 %. Les importations de biocarburants liquides ont également enregistré une baisse de 25 % en valeur. En revanche, les importations d’éoliennes ont non seulement augmenté de 102 % en valeur, mais ont également enregistré une hausse de 113 % en poids. À titre d’illustration, en 2024, l’UE a importé 32 373 éoliennes, soit 9 072 de plus qu’en 2023.

L’éolien européen en plein essor à l’export, le solaire et les biocarburants en recul

En 2024, les exportations européennes dans le secteur des énergies renouvelables ont montré des dynamiques contrastées selon les filières. Si l’Union européenne a exporté pour 2,8 milliards d’euros d’éoliennes, ces dernières se distinguent nettement des autres technologies par leur excédent commercial : « Contrairement aux panneaux solaires et aux biocarburants liquides, les exportations d’éoliennes ont largement dépassé la valeur des importations », souligne le rapport. La filière éolienne a enregistré une hausse de 41 % en valeur et de 28 % en poids par rapport à 2023, avec 17 180 unités exportées, soit 7 434 de plus qu’un an plus tôt. À l’inverse, les panneaux solaires ont connu une baisse de 22 % en valeur, malgré une hausse de 24 % en poids, traduisant une pression sur les prix. Quant aux biocarburants liquides, ils ont vu leurs exportations reculer tant en valeur (- 18 %) qu’en poids (- 7 %), marquant un ralentissement global de la demande extérieure.

Le bon élève européen à l’export : l’éolien

En 2024, la Chine s’est confirmée comme un acteur central du commerce mondial des technologies vertes, occupant à la fois la place de principal fournisseur et de concurrent majeur de l’Union européenne. Dans les importations extra-UE, la Chine a représenté 98 % des panneaux solaires importés et 43 % des éoliennes – en nette hausse par rapport à 2023 (+ 12 points), tandis que l’Inde, autre fournisseur majeur d’éoliennes, a vu sa part reculer de 58 à 48 %. Pour les biocarburants liquides, la Chine est restée en tête des pays fournisseurs (24 %), bien que cette part ait diminué par rapport à l’année précédente (36 %). « Bien que cette part soit restée la même qu’en 2023, la valeur totale de ces importations est passée de 19,0 milliards à 10,9 milliards d’euros en 2024 », souligne Eurostat à propos du marché du solaire. Une baisse qui témoigne d’un ralentissement des achats, malgré une dépendance persistante à l’égard de la Chine.

Côté exportations, le Royaume-Uni s’est imposé comme la principale destination extra-UE pour les éoliennes (22 %), devant les États-Unis (14 %), le Japon (12 %) et la Turquie (11 %). Pour les panneaux solaires, la Suisse (31 %) et le Royaume-Uni (25 %) étaient les principaux débouchés européens. Cette configuration souligne la dynamique commerciale de l’UE, mais aussi son recul structurel dans la production de certaines technologies clefs : la part de la Chine dans la fabrication mondiale de panneaux solaires est ainsi passée de 6 % en 2005 à 70 % en 2021, tandis que celle de l’UE chutait de 28 % à moins de 3 %.

L’Union européenne représente 9,1 % de la consommation énergétique primaire mondiale, contre 27,6 % pour la Chine et 15,2 % pour les États-Unis et c’est le secteur des transports qui est le plus gros consommateur. Si le mix énergétique européen reste majoritairement fossile, la part d’énergies renouvelables ne cesse d’augmenter, impliquant un besoin accru de produits industriels qui ne sont plus fabriqués en Europe depuis longtemps.

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