Les Français placent les catastrophes naturelles au cœur de leurs inquiétudes

Opinions
09/09/2025
5 min
En France « en moyenne depuis 1989, 1 763 communes font chaque année l’objet d’au moins un arrêté de reconnaissance pour le péril sécheresse », tandis que 3 009 communes par an font l’objet d’au moins un arrêté de reconnaissance au titre des inondations indique un rapport de la Caisse centrale de réassurance (CCR). ©Shutterstock

Le réchauffement climatique reste une préoccupation majeure des Français, mais les inondations, sécheresses et canicules récentes renforcent la place des catastrophes naturelles comme principale source d’inquiétude environnementale dans l’opinion publique selon une enquête bisannuelle publiée par le service statistique du ministère de la transition écologique (SDES) début septembre.

Par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

La lutte contre le changement climatique arrive en tête (55 %) des attentes des Français vis-à-vis de l’État, suivie de la prévention des risques naturels et de la lutte contre la pollution de l’eau. Les différences générationnelles sont marquées : les moins de 25 ans privilégient la biodiversité (19 % contre 6 % chez les plus de 65 ans), tandis que les seniors mettent en avant les risques naturels (24 % contre 10 %). Une enquête qui montre par ailleurs de fortes attentes vis-à-vis des pouvoirs publics, tandis que les inégalités sociales et générationnelles façonnent la sensibilité environnementale.

Un basculement dans les préoccupations

En 2024, les Français désignent en premier lieu les catastrophes naturelles comme source d’inquiétude environnementale. Selon le baromètre du SDES, la part des personnes les mentionnant comme première préoccupation a presque doublé en deux ans (+ 12 %). À l’inverse, la part des Français citant directement le réchauffement climatique recule d’autant (- 12 points). En 2024, les catastrophes naturelles ont coûté 2 milliards d’euros à la France et près de 140 milliards d’euros au niveau mondial. Une année marquée par de nombreuses inondations, le cyclone Chido à Mayotte, ainsi que par un très grand nombre de « petits sinistres ». « L’année 2024 a connu une forte sinistralité, bien supérieure à la moyenne de la période 1982-2023 » indiquait la Caisse centrale de réassurance (CCR) dans son rapport publié en juin. La hiérarchie des préoccupations a donc évolué depuis 2010 : la pollution de l’air, qui occupait alors la première place, chute en troisième position (- 13 points entre 2016 et 2024). Elle reste cependant plus fréquemment citée dans les grandes agglomérations (28 %). La pollution de l’eau et la disparition d’espèces animales ou végétales apparaissent rarement comme la principale inquiétude (11 % et 9 %), mais davantage comme second choix (17 % et 15 %).

Des fractures générationnelles et sociales

Les moins de 40 ans accordent davantage d’importance à la biodiversité (29 %, soit +12 points par rapport aux plus de 70 ans) et à la pollution de l’eau (34 % contre 23 %). Les seniors, eux, se déclarent plus inquiets du changement climatique (59 %, +10 points) et des catastrophes naturelles (51 % contre 38 % chez les plus jeunes). Les écarts sociaux sont également notables : 61 % des cadres supérieurs citent le climat comme préoccupation majeure, contre 42 % des ouvriers.

Les risques naturels, une menace plus tangible

Près d’un quart des Français déclarent ne subir aucun désagrément lié à l’environnement dans leur lieu de vie. Pour les autres, le manque de transports en commun, le bruit et la pollution de l’air restent les principaux motifs de mécontentement. En 2024, 13 % citent les risques naturels en premier choix, mais ce chiffre grimpe à 23 % lorsqu’on prend en compte les deux principaux problèmes évoqués. Les nuisances sonores reculent pour la troisième année consécutive (– 6 points). Les épisodes météorologiques récents – crues en Ardèche et dans la Loire à l’automne 2024 – renforcent la perception « d’un risque accru » indique le SDES. Les vagues de chaleur restent le phénomène le plus fréquemment cité, mais leur part recule (– 5 %), tandis que les inondations progressent (+ 4 %). Néanmoins, 23 % des Français estiment ne pas être exposés à des risques naturels, un chiffre en hausse de 4 %. Les habitants de l’agglomération parisienne sont plus nombreux à se sentir épargnés (30 % contre 18 % ailleurs). Les jeunes de moins de 40 ans se disent paradoxalement plus exposés aux inondations (19 %, soit +7 % par rapport aux seniors).

Les pouvoirs publics en première ligne

Interrogés sur la responsabilité de l’action environnementale, 50 % des Français désignent les pouvoirs publics, proportion stable depuis 10 ans. Les entreprises arrivent en deuxième position (26 %, – 3 points), suivies des ménages (15 %, – 7 points par rapport à 2020). Les plus jeunes se tournent davantage vers le secteur privé (32 % contre 21 % chez les plus âgés), tandis que les seniors citent plus souvent la responsabilité individuelle des ménages (17 % contre 11 % des moins de 40 ans).

Autre information importante de l’enquête : les Français souhaitent avant tout être mieux informés sur les conséquences sanitaires de la pollution. En 2024, 19 % attendent des données pratiques sur les gestes les plus efficaces pour protéger l’environnement, 12 % veulent des informations sur les catastrophes à venir et 13 % sur l’épuisement des ressources naturelles.

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