Catastrophes naturelles : un coût estimé à 2 milliards d’euros en France en 2024

Sinistre
18/06/2025
5 min
En décembre 2024, le cyclone Chido a dévasté Mayotte, un cyclone d’une ampleur inédite depuis plus de quatre-vingt-dix ans pour Mayotte selon Météo France dont les dommages assurés sont estimés entre 650 et 800 millions d’euros selon la CCR. ©Shutterstock

Les catastrophes naturelles ont coûté cher à la France l’an dernier. Selon une estimation publiée ce mercredi par la Caisse centrale de réassurance (CCR), les dommages assurés en 2024 s’élèvent à environ 2 milliards d’euros. « L’année 2024 a connu une forte sinistralité, bien supérieure à la moyenne de la période 1982-2023 » indique le CCR dans son rapport. Une année marquée notamment par le cyclone Chido qui a dévasté Mayotte en décembre dernier.

Par la rédaction, avec AFP

« C’est un montant bien qu’élevé qui reste en deçà de certaines années records » indique le président de la CCR Édouard Vieillefond, car contrairement à d’autres années, notamment 2022 où la facture avait grimpé à 3,9 milliards d’euros, et 2023, la sécheresse a été moins présente en 2024. L’un des faits marquants de ce rapport, c’est la multiplication des « petits sinistres » – moins spectaculaires, mais nombreux. « Leur coût cumulé est sans précédent depuis la création du régime des catastrophes naturelles en 1982 », souligne le rapport de la CCR. « En moyenne depuis 1989, 1  763 communes font chaque année l’objet d’au moins un arrêté de reconnaissance pour le péril sécheresse », tandis que 3 009 communes par an font l’objet d’au moins un arrêté de reconnaissance au titre des inondations.

Inondations, tempêtes et cyclone Chido

Si l’année 2024 a été moins marquée par la sécheresse, elle a en revanche était touchée par de nombreux épisodes d’inondations, notamment dans le Nord et le Centre-Ouest, et par des tempêtes violentes en automne. En janvier, les Hauts-de-France se sont retrouvé les pieds dans l’eau, tandis que le cyclone Belal frappait durement la Réunion. Le printemps n’a pas offert de répit. Bien au contraire. Des pluies persistantes ont provoqué de nouvelles inondations et coulées de boue, notamment dans le Centre-Ouest. Les terres détrempées ont glissé, charriant avec elles routes, clôtures et cultures. Et l’été a été particulièrement instable quand l’automne a été saturé de pluie. Les mois de septembre et octobre ont connu un excédent de précipitations de respectivement + 60 % et + 40 % par rapport aux normales saisonnières, selon Météo France. Des pluies sans trêve, liées notamment aux tempêtes Kirk et Leslie, ont causé des inondations localisées, des glissements de terrain et des dégâts différenciés selon les régions. L’année s’est conclue par le passage dévastateur du cyclone Chido sur Mayotte en décembre, causant à lui seul entre 650 et 800 millions d’euros de dommages.

Un régime renforcé mais sous pression

Ces dernières années, le régime « cat nat » (catastrophes naturelles) a dû faire face à des déficits chroniques, en lien avec la multiplication des événements climatiques. Mais grâce à une hausse de la surprime sur les contrats d’assurance multirisque habitation (MRH) et automobile, entrée en vigueur le 1er janvier 2024, la situation financière du régime s’est améliorée. « Aujourd’hui, nos réserves sont à 2 milliards d’euros, ce qui nous permet de redevenir un absorbeur de choc », a déclaré Édouard Vieillefond. Il prévient cependant : d’autres hausses tarifaires seront probablement nécessaires à moyen terme, « tous les trois, quatre ou cinq ans ». En moyenne, sur la période 1995-2024, la sinistralité des particuliers « représente 79 % de la sinistralité totale, contre 21 % pour les risques professionnels ». Le poids de la sinistralité des risques de particuliers « reste supérieur à celui des risques professionnels, même en se limitant à la sinistralité hors sécheresse ». Dans ce dernier cas, la part des sinistres affectant les risques de particuliers est de 64  % contre 36  % pour les risques professionnels.

Outre-mer : forte exposition, faible contribution

Les territoires d’outre-mer, bien qu’ils ne représentent que 1,8 % des cotisations, concentrent 10 % de la sinistralité totale depuis 2000. En cause : la fréquence et l’intensité des cyclones dans ces zones. À titre d’exemple, les ouragans Irma et Maria en 2017 ont à eux seuls généré 61 % des sinistres ultramarins cette année-là.

À la fin de 2024, les inondations avaient généré un coût assuré compris entre 1,2 et 1,35 milliard d’euros. Les vents cycloniques et inondations consécutives ont alourdi la facture de 670 à 925 millions d’euros supplémentaires, tandis que la sécheresse, plus discrète cette année, a causé 20 millions d’euros de dommages assurés. Au total, la charge financière augmentera considérablement dans les années à venir pour les assureurs, les collectivités… et les citoyens.

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