Les États du monde doivent fixer des objectifs « contraignants » d’énergies renouvelables

Publié le 18/04/2022

4 min

Publié le 18/04/2022

Temps de lecture : 4 min 4 min

Les États du monde doivent fixer des objectifs contraignants de déploiement des énergies renouvelables pour renforcer la sécurité énergétique et limiter le réchauffement de la planète, ont plaidé jeudi 14 avril les réseaux REN21 et Climate Action Network (CAN). Selon le dernier rapport des experts climat de l’ONU (Giec) publié le 6 avril, le monde a trois ans pour faire plafonner les émissions de gaz à effet de serre et espérer un avenir « vivable« . Premier enjeu : sortir de nos dépendances aux énergies fossiles, principales responsables du réchauffement climatique. Pour cela, les États doivent considérablement accélérer sur le développement des énergies renouvelables, « la seule solution » rappelait le 29 mars l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena) à l’occasion du dialogue sur la transition énergétique de Berlin.

Par la rédaction, avec AFP

 

À la lumière de cette mise en garde et de la guerre en Ukraine qui souligne cette dépendance aux énergies fossiles, les gouvernements doivent se fixer « de façon urgente des objectifs nationaux sur les renouvelables, objectifs contraignants et soumis à des mécanismes de surveillance nationaux et internationaux« , ont réclamé jeudi dans un communiqué les experts en renouvelables du REN21 et les centaines d’ONG du CAN. « Les engagements des États sont devenus des promesses creuses conduisant à des cascades de catastrophes. Les contributions volontaires n’ont pas réussi à protéger les populations et la planète« , a commenté Tasneem Essop, directrice exécutive du CAN, qualifiant les renouvelables de « seule solution efficace et rentable à notre dépendance aux fossiles ». « La transition énergétique est la seule clé pour faire face à la crise mondiale de l’énergie et du climat », estime Francesco La Camera, le directeur général de l’Irena qui souligne d’emblée que « le rythme et l’ampleur » de la transition vers les énergies renouvelables sont « insuffisants ».

Vers un système contraignant ?

Dans le cadre de l’accord de Paris, qui vise à limiter le réchauffement bien en-dessous de + 2 °C par rapport à l’ère pré-industrielle, si possible + 1,5 °C, chaque pays s’est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Mais selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), même si les engagements pour 2030 étaient respectés, le réchauffement pourrait atteindre + 2,8 °C, multipliant encore les catastrophes. Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a lui aussi récemment dénoncé les « promesses creuses » de certains gouvernements qu’il a accusé de mentir. « Nous appelons à des objectifs d’énergies renouvelables légalement contraignants, créant un système où il faut rendre des comptes à tous les niveaux de prise de décision », a insisté Rana Adib, directrice exécutive de REN21, regrettant le fait que les énergies fossiles représentaient toujours en 2019 plus de 80 % du total de la consommation énergétique mondiale. Les renouvelables, notamment le solaire et l’éolien, ont largement augmenté ces dernières années, mais principalement dans la production d’électricité.

40 % de renouvelables en 2030

« Il est grand temps d’agir » souligne le patron de l’Irena. Les événements récents démontrent clairement que « la hausse du prix des combustibles fossiles peut conduire à la précarité énergétique et à une perte de compétitivité industrielle » estime l’organisme. Si 80 % de la population mondiale vit dans des pays qui sont des importateurs nets de combustibles fossiles, l’ensemble de ces pays ont, selon l’Irena, les moyens de briser cette dépendance en investissant de manière plus significative dans leur capacité à produire des énergies renouvelables. « Les énergies renouvelables devraient augmenter massivement dans tous les secteurs, pour passer des 14 % de l’énergie totale qu’elles représentent aujourd’hui à environ 40 % en 2030 » souligne l’Irena, qui rappelle les recommandations du Giec, soit le triplement des ajouts annuels mondiaux d’énergies renouvelables d’ici à 2030. Dans le même temps, il faudrait radicalement remplacer l’électricité produite à partir du charbon, éliminer progressivement les actifs liés aux combustibles fossiles et moderniser les infrastructures. Comment faire ? Dans son analyse, l’Irena estime que les investissements nécessaires seront de « 5 700 milliards de dollars par an jusqu’en 2030 et qu’il sera impératif de réorienter 700 milliards par an des fonds destinés aux combustibles fossiles pour éviter les actifs irrécupérables ». En 2020, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) relève que 308 milliards de dollars ont été investis dans les énergies renouvelables dans le monde. L’écart à franchir semble énorme, même si le rythme d’investissement dans les énergies renouvelables croît chaque année.