Les engagements volontaires « insuffisants » selon l’AIE

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Publié le 11/12/2023

3 min

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Les engagements volontaires pris par une centaine d’États et par des compagnies pétrolières et gazières à la COP28 sont « loin de remettre le monde sur la  bonne trajectoire » estime, le 10 décembre, l’Agence internationale de l’énergie (AIE), alors que la probabilité d’intégrer une sortie des énergies fossiles semble de plus en plus compromise.

Par Laura Icart, avec AFP

 

Dans une analyse publiée deux jours avant la fin prévue de la COP28, l’AIE revient sur les premières annonces et engagements pris lors de cette COP  à Dubaï. À ce stade, les engagements pris pour 2030, même respectés, représentent une réduction des émissions de « seulement 30 % » de l’écart à combler pour mettre le monde sur une voie compatible avec la limitation du réchauffement climatique à 1,5 °C. Clairement « insuffisant » pour l’agence.

Une réduction potentielle des émissions de 4 milliards de tonnes en 2030

L’agence estimait avant cette COP28 que les émissions liées à l’énergie seraient de l’ordre de 38 milliards de tonnes de gaz à effet de serre en 2030. Lors de la COP28, des engagements ont été pris dans trois domaines clés par plus d’une centaine de pays sur les énergies renouvelables et sur l’efficacité énergétique, et par un nombre important d’entreprises sur le méthane. « Ce sont trois des cinq domaines cruciaux que nous avons souhaité mettre en avant » rappelle l’AIE. Même si ces engagements volontaires étaient pleinement appliqués, ils ne réduiraient les émissions que de 4 milliards de tonnes sur la base du scénario des politiques établies dans le World Energy Outlook 2023 de l’AIE, soit seulement 30% de ce qu’il faudrait accomplir d’ici 2030. « Bien que les engagements soient une étape positive pour s’attaquer aux émissions de gaz à effet de serre du secteur énergétique, ils seront loin de suffire pour permettre de tenir les objectifs climatiques internationaux, en particulier le but de limiter le réchauffement à 1,5 °C », écrit l’AIE dans son  analyse publiée dimanche.

Cinq piliers à développer « simultanément » 

Le  8 décembre, quelque 130 pays avaient signé l’engagement de tripler la capacité mondiale de production d’énergie renouvelable d’ici à 2030 et de doubler le taux annuel d’amélioration de l’efficacité énergétique chaque année jusqu’en 2030. « Ensemble, ces pays représentent 40 % des émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO₂) provenant de la combustion de combustibles fossiles, 37 % de la demande mondiale totale d’énergie et 56 % du PIB mondial » rappelle l’étude. L’agence rappelle, comme elle l’avait déjà fait dans son World Energy Outlook 2023 publié en octobre, que pour maintenir la barre des 1,5 °C, ce qu’elle juge toujours possible, il faut agir sur cinq leviers majeurs : tripler la capacité mondiale de production d’énergie renouvelable, doubler le taux d’amélioration de l’efficacité énergétique, réduire de 75 % les émissions de méthane liées aux activités des compagnies pétrolière et gazières, mettre en place des mécanismes de financement à grande échelle pour tripler les investissements dans les énergies propres dans les économies émergentes et en développement et s’engager à prendre des mesures qui garantissent un déclin ordonné de l’utilisation des combustibles fossiles. Une dernière mesure « fondamentale » pour l’ONU mais qui pour l’instant bute sur le refus catégorique des pays producteurs de pétrole réunis au sein de l’Opep.