« Les déchets pourraient produire plus d’énergie » plaide la Fnade

Publié le 11/10/2022

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Le traitement des déchets pourrait plus que doubler son apport actuel à l’approvisionnement énergétique de la France, sous réserve d’adaptations réglementaires a souligné la Fédération des activités de la dépollution et de l’environnement (Fnade) qui regrette de pas avoir été consultée dans le cadre du projet de loi d’accélération des énergies renouvelables qui sera étudié dès la fin du mois au Sénat.

Par la rédaction, avec AFP

 

« Le monde des déchets doit se faire entendre car les urgences actuelles nous concernent : les déchets sont des ressources, locales et de grande valeur, qui peuvent générer de l’énergie », a souligné mardi devant la presse Antoine Bousseau, président de la Fnade. Alors que nous traversons une importante crise énergétique et des tensions sur les ressources  « considérer les déchets produits au sein de nos territoires comme des ressources locales disponibles » contribuant à notre autonomie est à la fois « nécessaire » et « urgent » rappelle la Fnade.

Amender le projet de loi sur les énergie renouvelables 

« A horizon 2028, ce sont plus de 30 TWh d’énergie thermique et de gaz qui pourront être produits à partir de déchets non recyclables, soit plus du double de ce qui est produit aujourd’hui » insiste la fédération qui représente les principaux acteurs du monde des déchets. Ce projet qui « n’intègre pas la chaleur produite par la valorisation énergétique des déchets non recyclables »  et qui fait fi de son potentiel est difficilement «  compréhensible » pour son président qui espère que celui-ci sera amendé. « C’est une des solutions de substitution aux énergies fossiles importées » rappelle la Fnade qui se dit prête « à accélérer » sur le sujet. 

45 % de la chaleur urbaine issue du gaz d’incinération

À ce jour, la valorisation énergétique des déchets génère environ 4 % de la chaleur produite en France. Le gaz issu des incinérateurs fournit ainsi 45 % de l’énergie alimentant les réseaux de chaleur urbains, soit 15 térawattheures (TWh). Alors que le pays entend fortement renforcer la capacité de ses réseaux, les entreprises de gestion des déchets estiment qu’elles pourraient passer à 25 TWh. En France, sur les 127 installations d’incinération de déchets ménagers, 97 % sont en capacité de produire de l’énergie et pourraient être davantage optimisées, notamment via des chaudières dédiées en remplacement des chaudières fonctionnant aux énergies fossiles pour alimenter réseaux de chaleur urbain et industries, mais ce développement est soumis à des « soutiens publics adaptés »  afin que « ces unités puissent produire de la chaleur mais aussi de l’électricité et ainsi être plus rentables » précise la Fnade. Pour être rentables, ces unités doivent fonctionner en «continu » souligne l’Agence de transition écologique (Ademe). Autre voie de valorisation des combustibles solides de récupération (CSR), la pyrogazéficiation, qui convertit ces déchets solides en gaz renouvelables, injectables dans les réseaux. Une filière en plein développement dans notre pays qui permet de traiter des refus de tris non recyclables, aussi appelés CSR, des déchets résiduels secs non fermentescibles souvent destinés à l’enfouissement ou l’incinération. Elle représente aussi une manne d’emplois porteuse sur nos territoires, avec la création à horizon 2050 de près de 10 000 emplois, entraînant dans son sillage un réseau de jeunes entreprises innovantes et de PME qui viennent prêter main forte aux grands acteurs du monde des déchets. Le potentiel est « avéré » selon l’Association française du gaz (AFG) qui estime que cette filière représentera à terme près de 30 % du gaz renouvelable produit dans notre pays.

Plus de biométhane et de fertilisants 

Le secteur insiste aussi sur le rôle du biogaz produit naturellement par les centres d’enfouissement. Aujourd’hui, la loi impose de capturer et traiter ce gaz, mais « il faudrait plutôt le réinjecter dans les réseaux », souligne la Fnade, qui y voit un potentiel de 3 TWh d’ici 2030, à l’image de la société iséroise Waga Energy qui en a fait sa spécialité et qui a inauguré le 5 octobre sa quatorzième unité Wagabox en France, la troisième avec Veolia, sur la plateforme de tri et de traitement du Ham (Manche). La fédération a également évoqué le rôle important et en devenir des biodéchets, dont la collecte, la tri et la valorisation à la source vont devenir obligatoires pour tous début 2024, et qui pourraient représenter selon la Fnade « un gisement supplémentaire de 3 TWh supplémentaires d’ici 2030 ». La valorisation  énergétique des déchets c’est aussi la production souveraine de fertilisants organiques via le compostage et le digestat issu de la méthanisation de l’ensemble des déchets organiques (biodéchets, déchets verts…). Des fertilisant organiques produit localement qui permettent d’amender les sols agricoles. « Entre 70 000 à 95 000 tonnes d’azote supplémentaires pourraient être produites localement en France par an dès 2022-2023 » indique la Fnade, soit environ  » 5 000 exploitations agricoles, soit 350 000 hectares de sols agricoles français » avec des « chiffres équivalents pour la production de phosphore » conclut-elle. 

Crédit : Shutterstock.