Thoiry : premier zoo de France à injecter du biométhane dans le réseau de gaz

Publié le 24/09/2018

4 min

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C’est sous une bruine légère, devant un parterre d’élus et en présence de Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, qu’a été inaugurée samedi 22 septembre l’unité de méthanisation de Thoiry Bioénergie qui injecte du biométhane dans le réseau de distribution de gaz naturel de GRDF. Un projet inédit dans notre pays qui permettra de valoriser localement les déchets organiques du zoo de Thoiry et des activités voisines.

Par Laura Icart 

Fruit de plusieurs années de travail, c’est non sans une certaine émotion que Colomba de La Panouse, directrice générale déléguée du parc zoologique de Thoiry et initiatrice du projet, a remercié l’ensemble des acteurs qui ont contribué à la concrétisation d’un projet qu’elle veut dans « l’esprit de Thoiry, au service de l’innovation et du respect de la nature ». C’est dans cet esprit qu’il y a cinquante ans, son père, le comte Paul de La Panouse, fonda le fameux safari du domaine.

 

Un projet inédit en France

Chaque année, ce sont quelque 10 950 tonnes de déchets (déchets verts, fumier des animaux, fruits et légumes avariés) qui alimenteront l’unité de méthanisation située au cœur de la réserve, ainsi que des déchets agricoles et du fumier équin provenant d’exploitations voisines et autres déchets verts des entreprises des alentours. Le biométhane alimentera en chauffage le château du parc, l’orangerie ainsi que les maisons des ours, des éléphants et des girafes. le biométhane injecté dans le réseau doit aussi alimenter les communes environnantes (Thoiry, Marcq, Beynes, Rennemoulin, Thiverval, Grignon, Les Clayes-sous-Bois, Plaisir et Villepreux) grâce à une extension, en service depuis mai, du réseau de gaz naturel opéré par GRDF sur près de 2 km pour raccorder l’unité de méthanisation au réseau existant. La production de biométhane devrait représenter plus de 20 % de la consommation globale de gaz de ces neuf communes en période estivale.

C’est d’ailleurs le caractère vertueux de cette unité de méthanisation qui a convaincu la région Île-de-France et l’Ademe Île-de-France. Elles ont respectivement subventionné le projet à hauteur de 25 % (1 160 000 euros) et de 20 %, comme l’a rappelé lors de son discours Valérie Pécresse qui, tout en soulignant « le côté innovant du projet », a insisté sur la nécessité de faire de l’Île-de-France « un territoire décarboné ». Un avis partagé par Michel Gioria, directeur régional de l’Ademe Île-de-France, qui souligne  que « c’est la première unité de méthanisation soutenue financièrement par l’Ademe dans la région qui rentre en service ». Deux à trois unités ayant bénéficié d’une subvention de l’Ademe devraient être mise en service en 2019.

Un process innovant

C’est un procédé en voie sèche continue, entièrement automatisé et en milieu fermé qui a été choisi par Thoiry Bioénergie pour son unité de méthanisation. L’unité de méthanisation aura une capacité d’injection pouvant aller jusqu’à 250 Nm3/h même si le débit sera plutôt de l’ordre de 100 à 130 Nm3/h les premières années. Chaque année c’est l’équivalent de 9,6 GWh de biométhane qui sera produit par l’unité et  9 500 tonnes de digestat. Ce dernier sera utilisé comme engrais naturel et épandu sur les jardins historiques du parc et les exploitations agricoles voisines.

La mobilité gaz : un axe fort pour l’Île-de-France

Lors de son discours, Valérie Pecresse a annoncé que la région Île-de-France allait acheter des bus qui rouleront au GNV, dans le cadre de son programme « 1 000 bus » annoncé en janvier 2018, afin de créer encore plus de débouchés pour le biométhane issu des unités  d’Île-de-France. « Mon ambition est de doter la région de 100 % de véhicules propres en 2025 pour la zone dense (Paris, villes de petite couronne et grandes agglomérations régionales). C’est un enjeu de santé publique et un enjeu industriel majeur en ligne avec notre volonté de faire de l’Île-de-France une métropole attractive et écologique » avait déclaré alors Valérie Pécresse. Dans la zone dite « dense », les bus au gaz représenteront un tiers de la flotte, le reste étant électrique. Un ratio qui devrait s’inverser pour la grande couronne, selon les informations que la région a fourni à Gaz d’aujourd’hui, puisqu’en 2029 ce sont deux tiers des bus qui rouleront au GNV dans la grande couronne.