La vallée de la chimie, candidate au label « zone industrielle bas carbone »

La vallée de la chimie représente environ 10 000 emplois dans le secteur de la chimie, de l'environnement et de l'énergie dont 25% consacrés à la Recherche & Développement. © Thierry Fournier

Publié le 20/09/2023

4 min

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Après Dunkerque, Fos-Marseille, Le Havre et le port de Nantes-Saint-Nazaire, la vallée de la chimie, au sud de Lyon, cinquième site le plus émetteur de CO2 en France, est candidate au label « zone industrielle bas carbone », permettant des aides d’État pour la décarbonation, ont annoncé le 19 septembre les partenaires publics et privés du projet.

Par la rédaction avec AFP

 

Le dossier a été défendu la semaine passée devant l’Agence de l’environnement et de maîtrise de l’énergie (Ademe) par huit des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre du site, dont Arkema, Kem One ou TotalEnergies, a indiqué le président écologiste de la métropole de Lyon, Bruno Bernard, « optimiste » sur l’obtention de ce label d’ici « la fin de l’année« . Actuellement, quatre zones sont déjà lauréates : les zones industrialo-portuaires de Dunkerque (Nord), Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône ), du Havre Rouen Port-Jérôme (Seine-Maritime) et Loire Estuaire (Loire-Atlantique) .

Késako « Zibac » ?

Le 8 novembre 2022, le président de la République annonçait son objectif de réduction de 55 % des émissions industrielles françaises en 2030 devant les 50 sites les plus émetteurs de France. Cet appel à projets lancé en fin d’année dans le cadre de France 2030 s’inscrit dans le cadre de la stratégie d’accélération de la décarbonation de l’industrie dont l’un des objectifs vise à favoriser le développement de « zones industrielles bas carbone » (Zibac). « Les projets doivent avoir pour objectif d’accélérer la décarbonation de leur zone industrielle, en mettant en œuvre un ensemble d’investissements, d’expérimentations, de synergies et d’innovations » note le ministère de l’Économie et de la souveraineté industrielle. À Dunkerque, c’est le programme «DKarbonation » situé dans la zone industrialo-portuaire de Dunkerque qui bénéficiera d’une aide globale de l’État de 13,6 millions d’euros pour réaliser une série d’études sur la période 2023-2024 sur plusieurs projets : autoroute de la chaleur, construction et intégration d’infrastructures CO2, électrification de la zone et production d’hydrogène bas carbone… Objectif : consolider les 17 emplois existants et créer environ 10 000 emplois directs et indirects. Dernier lauréat en date : le Grand port maritime de Nantes-Saint-Nazaire. Une zone qui représente 8 % des émissions industrielles françaises et qui recevra une subvention de 4 millions d’euros de l’État pour financer les études de la première phase du projet. Ces études permettront de définir une stratégie de décarbonation, d’identifier les synergies territoriales et d’évaluer le potentiel de développement de technologies et de réseaux adaptés à cette transition. La vallée de la chimie entend à son tour être retenue dans ce dispositif Zibac permettant le financement d’études qui visent à identifier les moyens que pourraient mutualiECOMONDO The green technology expo 7-10 novembre 2023ser les industriels.

 

Favoriser le dialogue entre collectivités et industriels

À travers sa structure « Mission Vallée de la chimie », la métropole souhaite favoriser le dialogue collectivités-industriels, notamment sur les questions environnementales, alors que 25 % des émissions de gaz à effet de serre de son territoire proviennent de ce site déployé sur 14 communes et employant directement 15 000 personnes, dont 2 500 chercheurs. La chimie « consomme environ 33 % du gaz et 20 % de l’électricité utilisée dans l’industrie en France » et « l’approvisionnement en énergie représente un très gros enjeu en termes de compétitivité« , a également rappelé devant la presse, à l’occasion du 170e anniversaire de la première implantation d’une usine chimique le long du Rhône, Caroline Prieur, cheffe de projet à la mission.  « Si l’on veut être exigeant avec les industriels, il faut trouver des modèles économiques viables sur la durée, ce qui passe notamment par le maintien des terrains productifs, sans céder à la pression de les transformer en logements ou bureaux« , a aussi insisté M. Bernard. Sur cette problématique du foncier, il a annoncé la création à Feyzin d’un « village de l’économie circulaire« , dont « le premier lot devrait sortir fin 2026« , destiné à accueillir notamment 18 entreprises du recyclage, pour 750 à 1 000 emplois. Le site avait été initialement retenu par le groupe Safran pour une usine de freins carbone.

La métropole a cependant reconnu qu’elle n’avait pas de « pouvoir de police environnementale« , comme le dit sa vice-présidente Emeline Baume qui veut croire à la « redevabilité » des industriels. « On préfère produire les objets du quotidien ici avec nos normes sociales et environnementales plutôt que de les importer de pays sans traçabilité.«